Il n'y a pas qu'aux consommateurs indélicats que la loi Chatel ouvre une
brèche, mais aussi aux e-marchands du même acabit, adeptes du "pricing out".
Cette pratique, heureusement plus répandue outre-Atlantique qu'en France,
consiste à menacer la position d'un concurrent en faisant artificiellement
augmenter ses coûts.
Imaginons qu'un acteur décide de passer "x" commandes tous les mois à son
concurrent, et de se rétracter ensuite systématiquement, lui imposant alors
autant de remboursements de frais de livraison ? Ou alors de passer "y" coups
de téléphone tous les jours à son service client ? En fonction de
sa taille et de l'ampleur de l'attaque subie, une cible concurrente peut
finir par être déséquilibrée.
Il est peu probable que ce genre de pratiques se développe à l'encontre
d'acteurs clés du marché, difficile à déstabiliser de part leur assise. Mais rien
n'est moins sûr en ce qui concerne des acteurs de niche ou de petite taille.
A l'échelle d'un secteur, la théorie du "pricing out" peut également
s'appliquer. Elle consiste par exemple à en augmenter le coût du travail,
via une campagne de lobbying pour l'amélioration de sa convention collective.
Dès lors, certains vont jusqu'à se demander si le secteur de l'e-commerce
n'a pas été victime d'une démarche de "pricing out" via la loi Chatel,
adoptée sans concertation avec les professionnels et en un temps relativement
court.
La question reste ouverte, alors que le baromètre publié mardi
par l'Acsel (Association pour le commerce et les services en ligne) fait état
d'une progression de 31 % du chiffre d'affaires de l'e-commerce au premier
trimestre 2008 par rapport à 2007.