La vente en ligne de médicaments bientôt légale en France ?


Roselyne Bachelot réfléchit à légaliser l'e-commerce de médicaments non remboursables et délivrés sans ordonnance. Les syndicats de pharmaciens lui opposent les dangers de la contrefaçon.

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a réuni hier les syndicats d'officines, l'Ordre des pharmaciens, le syndicat des laboratoires pharmaceutiques, l'Afssaps et la DGCCRF, afin de réfléchir à une légalisation de la vente en ligne de médicaments non remboursables et délivrés sans prescription. Pour se mettre en conformité avec la jurisprudence européenne autorisant l'e-commerce de médicaments vendus sans ordonnance, le ministère imagine une loi destinée à sécuriser ces achats et qui concernerait uniquement les médicaments non remboursables, commercialisés sans prescription médicale obligatoire.

Peu tranquilisés par la précaution, les syndicats de pharmaciens voient dans le projet une "porte ouverte à la contrefaçon et aux sites de faux pharmaciens", selon l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France remarque pour sa part que "la vente sur Internet est incompatible avec la politique de santé publique de proximité, qui prévoit par exemple l'inscription des médicaments dans le dossier pharmaceutique des patients". La Fédération voit d'ailleurs un autre problème, dans le droit de retractation obligatoire dans la vente à distance. "Que faire d'un médicament qui serait renvoyé par un patient, alors que la sécurisation de la chaîne de dispensation doit être absolue ?"

L'achat de médicaments sur Internet se pratique déjà couramment aux Etats-Unis et de plus en plus en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse et au Royaume-Uni. La France n'est pour l'instant un marché que pour les sites basés à l'étranger commercialisant Viagra et Cialis (nécessitant théoriquement une ordonnance), anabolisants et médicaments amincissants.