Ces start-up qui se lancent au Royaume-Uni Les avantages d'un marché mature

Le marché britannique, premier pays européen en matière de e-commerce (il compte 200 000 sites marchands, contre 50 000 en France ), premier marché publicitaire européen, a réputation d'être difficile à percer. Mais la maturité du secteur constitue également un avantage pour ceux qui veulent le pénétrer.

"La bonne surprise du marché britannique, c'est le panier moyen élevé"

C'est notamment le constat qu'en tire Alain Lévy, heureux d'avoir pu bénéficier d'un ticket d'entrée bien inférieur à ce qu'il aurait été il y a seulement deux ans. "Pour notre activité, se développer à l'international est difficile : cela exige de développer un réseau de sites locaux pour récolter des données. Auparavant, il nous aurait fallu un partenaire majeur et pour cela monter une structure sur place, ce qui aurait constitué un risque. Mais aujourd'hui, nous pouvons nous appuyer sur plusieurs partenaires locaux. Nous n'avons donc plus besoin de réaliser des investissements lourds." Jusqu'ici, le coût de l'opération reste donc léger : Weborama n'a pas eu à réaliser d'acquisition ou à mobiliser des équipes uniquement pour le lancement de son offre au Royaume-Uni. "Si dans deux ans nous renoncions, cela ne nous aurait pas coûté très cher", ajoute-t-il.

Oxatis peut également piloter son activité au Royaume-Uni depuis la France, "comme les Américains pilotent depuis une seule ville tous les Etats-Unis", et Vente-privee.com n'installera des bureaux à Londres, à Chelsea Harbor, qu'au mois de juin.

Depuis son lancement outre-Manche en septembre dernier, Vente-privee.com a pour sa part bénéficié d'une composante très intéressante de la maturité des consommateurs en matière de e-commerce. "La bonne surprise du marché britannique, c'est le panier moyen élevé, note son directeur commercial Michaël Benabou. Par exemple, nous ne constatons plus aucun phénomène de prudence vis-à-vis des modes de paiement électronique." Une bonne nouvelle toujours appréciable, pour soutenir un lancement qui progresse, selon le site, moins vite qu'escompté.

"Nous ne constatons plus de prudence vis-à-vis des modes de paiement électronique"

La maturité aujourd'hui atteinte par le marché britannique fait aussi partie des avantages que Marc Schillaci a vérifiés en y lançant Oxatis. "La France est un pays d'ingénieurs, avec une très bonne R&D et beaucoup de solutions de qualité, mais qui sont mal vendues et n'ont donc pas percé sur le marché. A l'inverse, le Royaume-Uni ne possède pas de belles technologies ou fonctionnalités mais compte beaucoup de clients. Or les clients commencent à être à même de juger, ce dont nous, ingénieurs français, bénéficions", affirme-t-il.

A noter que la maturité de l'e-business britannique présente également un certain nombre d'inconvénients, au-delà du fait que les acteurs locaux sont installés depuis longtemps. "Les Britanniques voient comme du spam toute sollicitation commerciale, commence Michaël Benabou. De plus, ils ont certes une appétence culturelle très importante pour les marques et le discount, mais les acteurs locaux déstockent à tous les coins de rue à - 70 %, donc notre offre est moins percutante qu'ailleurs en Europe." S'y ajoutent le prix exorbitant des bureaux ou encore l'impact négatif du taux de change pour Vente-privee.com, qui pour l'instant achète en euros des produits sur le continent pour les revendre en livres.

Côté Weborama, leur taille mise à part, la France et le Royaume-Uni sont des marchés très semblables : les concurrents sont les mêmes (Yahoo, AOL, Google) et les clients aussi (OMD, Havas, Zenith, Publicis...).