Le phénomène Groupon est-il surévalué ? Une conquête internationale agressive

Présent dans une cinquantaine de villes américaines ainsi qu'à Londres en 2009, Groupon déploie en 2010 une stratégie de conquête agressive des marchés internationaux. Son modus operandi le plus fréquent, lorsqu'il ne crée pas lui-même de sociétés comme au Brésil, consiste à repérer un acteur local et à en faire l'acquisition, afin de bénéficier de ses relations avec les marchands locaux. C'est ce qui se produit en mai 2010 lorsqu'il rachète le Berlinois Citydeal, lancé seulement en décembre 2009 mais déjà bien établi. Groupon y gagne une large présence en Europe, puisque CityDeal et ses 600 collaborateurs opèrent en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas, en Espagne, en Italie, en Suisse, en Autriche, en Pologne, en Finlande, au Danemark, en Turquie et en Suède.

En juin 2010, il annonce le rachat du chilien Clan Descuento et l'ouverture d'un site brésilien, Clube Urbano. Mi-août, il acquiert une part majoritaire du capital du Japonais Qpod.je ainsi que du Russe Darberry.ru. Comme pour Citydeal, les sites prennent progressivement le nom et le design de Groupon, mais gardent à leur tête leur fondateur local. Le 11 janvier 2011, la société s'implante dans trois nouveaux pays en faisant l'acquisition des leaders locaux : SoSasta en Inde, Groupoer en Israël et Twangoo en Afrique du Sud, qui prendront dans quelques mois le nom de Groupon. La start-up de Chicago opère désormais dans 40 pays.


Trouver un acteur local à racheter n'est pas très compliqué. Groupon explique lui-même que ne pouvant répondre à la demande de tous les marchands qui frappent à sa porte, des centaines de clones de son site ont vu le jour aux Etats-Unis. C'est également le cas dans le reste du monde, où le business model facile à reproduire de Groupon a suscité d'innombrables vocations.

Le plus important de ses concurrents est sans doute l'Américain LivingSocial, qui revendique 17 millions de membres et table sur un chiffre d'affaires de 500 millions de dollars en 2011. Selon Experian Hitwise, il aurait attiré 8 % des visites effectuées fin novembre par les internautes américains sur des sites d'achat groupé, loin derrière les 79 % de Groupon, mais assez largement devant la centaine d'autres sites d'achat groupé du pays. Une position d'autant plus affermie depuis qu'il a reçu, début décembre, 175 millions de dollars d'investissement d'Amazon. LivingSocial a également levé 8 millions de dollars auprès de Lightspeed Venture Partners, qui s'ajoutent à un tour de table de 39 millions conclu au printemps dernier. De quoi alimenter son expansion internationale, par où David va essayer de déborder Goliath. Sa première initiative depuis son tour de table de décembre est la prise de participation majoritaire dans la société espagnole Let's Bonus, qui lui apporte également une présence en Italie, au Portugal, en Argentine et au Mexique.