Le phénomène Groupon est-il surévalué ? 15 milliards de dollars : une valorisation excessive ?

Les levées de fonds géantes se multiplient, comme les rumeurs autour de valorisations record pour certaines start-up hyper médiatisées. En effet, même si elles ne sont pas cotées en Bourse, ces sociétés ont néanmoins des actions. Les salariés ou investisseurs qui en possèdent peuvent vouloir les revendre, quand d'autres désirent au contraire entrer au capital de ces sociétés. Or les échanges d'actions non cotées de sociétés comme Facebook, Twitter ou LinkedIn ont explosé ces derniers mois sur les plates-formes d'échanges de titres privés SecondMarket et SharesPost.

Les échanges d'actions Facebook ont été particulièrement importants depuis la mi-novembre, lorsqu'Accel Partners a revendu moins de 15 % de ses parts du réseau social pour 517 millions de dollars. Peu après cette vente, les prix des actions Facebook comme le volume des échanges ont véritablement décollé. Selon SharesPost, sa valorisation a gagné près de 25 %, à 56 milliards de dollars. Pour SecondMarket, elle s'est élevée de 12 %. Un écart tout à fait possible, ces marchés n'étant pas publics. D'après le prix auquel s'échangent ses actions sur Sharespost, Zynga serait pour sa part valorisée à 5,8 milliards de dollars actuellement. Quant au réseau social professionnel LinkedIn, sa valorisation s'établirait à 2 milliards de dollars. La valorisation de 15 milliards de dollars évoquée à l'occasion de la prochaine IPO de Groupon est donc tout à fait en ligne avec ces chiffres.

On peut certes se montrer dubitatif sur les sommets qu'atteignent ces valorisations et craindre la formation d'une nouvelle bulle spéculative. Sauf que les chiffres d'affaires et les modèles économiques de ces sociétés sont très éloignés de ceux des start-up stars des années 1990 et du début des années 2000. La grosse différence : les revenus élevés qu'engrangent déjà les étoiles montantes d'aujourd'hui.

Ainsi, d'après le cabinet Wedbush Securities, le chiffre d'affaires 2010 de Zynga dépasserait les 500 millions de dollars, contre 300 millions en 2009. Et pour en revenir à Groupon, le site d'achat groupé ne publie pas ses informations financières mais "Business Insider" affirme que son "chiffre d'affaires annualisé" (run rate), extrapolé à partir de ses revenus de novembre 2010, atteindrait 2 milliards de dollars. Contre 2,7 millions en 2009.

Dès lors, la valorisation de Groupon n'est peut-être pas aussi excessive qu'on l'aurait cru. D'une part, le site peut compter sur un financement quasi-illimité pour s'étendre à l'international. D'autre part, le service proposé ne cesse de s'affiner. Les deals personnalisés lancés aux Etats-Unis fin 2009 donneraient d'excellents résultats. Et plus largement, le modèle économique tend à devenir de plus en plus grand public. La cible initiale de Groupon était les femmes jeunes CSP+, d'où des offres très centrées sur l'hygiène-beauté. En pénétrant d'autres cibles, Groupon élargira d'autant son offre... et ses revenus.

Finalement, l'une des principales incertitudes concerne les ambitions chinoises du site. S'il compte effectivement y consacrer des investissements massifs, la Chine pourrait se révéler une formidable source de revenus aussi bien qu'un puits sans fond.