L'économie de l'abonnement s'apprête à déferler Balbutiant en Europe, le marché reste à conquérir

Qui pour l'instant se partage le marché ? "Aux Etats-Unis, on dénombre une vingtaine de solutions de gestion des abonnements", souligne Sébastien Rousset chez LicenceToBill. L'une des plus connues, Zuora, vient d'ailleurs de lever 50 millions de dollars. Fondée par un ancien de Salesforce, pionnier dans la vente de logiciels en mode SaaS, la société fournit des services cloud de fixation des prix, de gestion des commandes, de facturation et de traitement des paiements pour les entreprises commercialisant des abonnements.

Parmi les autres spécialistes américains de cet univers, on peut également retenir Metanga, Chargify, Aria, Recurly, SaaSy et Spreedly. Leurs fonctionnalités se recouvrent en bonne partie, même s'ils sont parfois plus adaptés à tel ou tel secteur d'activité. Ce qui en conduit aussi certains à ajouter des briques supplémentaires à leur offre, logistiques ou marketing notamment. "Mais ces acteurs ne savent gérer que les paiements par carte bancaire et, par conséquent, s'exportent très difficilement en Europe", met en garde Sébastien Rousset. En Allemagne par exemple, la carte bancaire est bien moins utilisé que le paiement sur facture et le virement. Et en France, tous les managers d'une entreprise ne disposent pas de la carte bancaire de ladite entreprise. "Alors que LicenceToBill intègre également les chèques, les mandats, les virements..." Les tarifs des uns et des autres ne sont enfin pas les mêmes, puisqu'il faudrait comparer 100 000 dollars d'installation et plusieurs milliers de dollars mensuels pour utiliser Zuora avec les quelques centaines ou milliers d'euros par an que coûte un LicenceToBill.

D'autres start-up européennes devraient bientôt éclore

En Europe, le marché est encore à créer. On rencontre bien sûr des solutions de paiement qui permettent de programmer des prélèvements de cartes bancaires, telles que celles de Paypal ou Paymill. Mais ce seul volet de souscription ne constitue qu'une petite partie de la gestion complète de l'abonnement. Il existe aussi des plugins et modules conçus à cette fin pour les e-boutiques fonctionnant sous Prestashop, Magento ou Drupal. "Mais d'une part ils n'offrent pas non plus une gamme complète de fonctionnalités, ne gérant par exemple pas le changement d'offre, et d'autre part ils restent circonscrits à l'e-commerce pur, or un éditeur de logiciels SaaS ne va pas mettre en place un site sous Prestashop", analyse Sébastien Rousset, selon lequel ces outils ne répondent qu'à des besoins très basiques.

Restent les plateformes de paiement, qui commencent effectivement à s'intéresser au concept, et notamment les petits PSP qui désirent se différencier de leurs concurrents plus établis. Mais si ce type d'activité reste pour eux très complexe, le modèle de revenus à l'abonnement cadre en outre mal avec le leur, basé sur des commissions prises sur les transactions traitées. Peut-être y viendront-ils finalement mais en attendant, ils semblent plus enclins à intégrer des solutions tierces, comme le démontre la référence Paybox qu'affiche LicenceToBill.

"On ne va pas rester seul longtemps", conclut Sébastien Rousset, qui envisage un premier tour de table pour accélérer le développement technologique de sa solution, renforcer ses équipes commerciales et de support et envisager de sortir de l'Hexagone. Il y a trois ans, la vingtaine de spécialistes américains n'étaient que trois. Etant donné la mutation des habitudes de consommation et l'étendue très large des secteurs engagés dans cette transition, il y a fort à parier qu'en Europe aussi, entrepreneurs comme investisseurs s'approprient très rapidement ce filon prometteur.