En favorisant le modèle unlimited data, Apple encourage les usages liés au surf mobile

L’iPhone n’est pas parfait et son coût d’accès est cher. Mais ce qui compte en réalité, c’est l’impact psychologique qu’il a auprès du grand public et la mise en valeur des usages nouveaux qu’il génère par son rayonnement.

500.000 unités vendues en quelques jours. Une "hystérie collective" abondamment illustrée et commentée sur les blogs américains. Réel succès commercial ou buzz savamment orchestré ? Effet grossissant d'un soufflé qui va retomber ou lame de fond s'apprêtant à chambouler l'industrie du mobile ?

En dépit de ses détracteurs, reconnaissons à l'iPhone quelques innovations ou l'alliance de fonctionnalités appréciables. La taille de son écran tout d'abord laisse entrevoir un grand confort de vision et une facilité accrue dans la manipulation de l'appareil. L'écran tactile ravira ceux qui perdaient régulièrement leur stylet. De même, le capteur gravitationnel (adaptant automatiquement l'image à l'orientation de l'appareil) facilite la navigation ou la vision de photos. Le clavier virtuel quant à lui rendra (enfin !) possible la saisie d'une URL dans le navigateur mobile. Egalement bien pensé : la gestion des messages vocaux comme celle des SMS qui permet d'écouter les messages dans n'importe quel ordre.

C'est donc d'abord sur le terrain de la facilité pour tous qu'Apple livre sa bataille. Le succès de l'iPod et l'histoire même d'Apple fondée sur l'intuitivité de ses produits lui confèrent un crédit certain sur sa capacité à faire évoluer nos habitudes.

Mieux : la force du marketing d'Apple influencera dorénavant les constructeurs et les opérateurs. Car l'arrivée de l'iPhone sur le marché du mobile n'est pas seulement celle d'un constructeur de plus. C'est celle d'une vision du marché tournée vers les contenus et les solutions propriétaires. Les étonnantes applications de géo-localisation par exemple laissent entrevoir la démocratisation d'usages nouveaux de son mobile. Plus généralement, par ses widgets (actuels et futurs) et cette facilité précitée, Apple popularise la transposition au mobile de nombreuses applications qui nous changent la vie sur Internet.


Mais c'est aussi sur la question des tarifs que la sortie de l'iPhone peut avoir un effet. Les revenus données ne pèsent que 15 % des revenus opérateurs ; mais leur croissance est quatre fois supérieure à celle des revenus voix. Or l'une des limites à l'usage de l'Internet Mobile aujourd'hui est l'ignorance quasi-totale ou, au mieux, l'incompréhension des tarifs actuels. Aujourd'hui, c'est moins le prix élevé des forfaits que leur perception trouble qui bride la consommation. Souvenons-nous que le succès de l'Internet est majoritairement dû à l'avènement du modèle économique de l'ADSL : prix fixe et volume et temps de connexion illimités.

En contribuant à favoriser le modèle unlimited data ou flat data rate, Apple (comme d'autres) élimine l'angoisse du coût à la connexion et favorise finalement les usages liés au surf mobile. L'accès aux données via Wi-Fi s'inscrit également dans cette logique.

Bien-sûr, l'iPhone n'est pas parfait. Il est assez volumineux, probablement fragile, sa mémoire est modeste et l'on ne sait si ses batteries sont performantes. Son coût d'accès est cher. Mais il n'a pas vocation à séduire chacun de nous. L'objectif d'Apple est de vendre 10 millions d'unités en un an, soit 1 % du marché mondial des mobiles. Cela me semble atteignable.

Ce qui compte en réalité, c'est l'impact psychologique qu'il a auprès du grand public (publicités, reportages, bouche à oreille, blogs...) et la mise en valeur des usages nouveaux qu'il génère par son rayonnement. Du côté des professionnels, nul doute que les constructeurs et opérateurs du monde entier dissèquent déjà ses capacités techniques réelles et les appréciations qu'en font ses premiers utilisateurs. Avant même l'annonce des premiers résultats des ventes, c'est déjà sa victoire.