Lulu se réserve pour les femmes hétérosexuelles

Dernier né des réseaux sociaux, ‘Lulu’ se focalise sur la mise en avant de fonctionnalités de partage ou de messagerie instantanée pour tous (pensez SnapChat, Kik, Instagram etc.). Sa particularité ? Il est réservé uniquement à la gent féminine hétérosexuelle.

Le principe de l'application Lulu est simple, il s’agit non pas d’un site de rencontre, mais  d’une plateforme où les utilisatrices ont la possibilité de noter et commenter anonymement les profils du sexe opposé sans que ces derniers ne soient au courant.

Cette application mobile, qui fonctionne avec Facebook, permet alors à chaque nouvelle utilisatrice de poster les photos Facebook de tous ses “amis” garçons, puis d’établir son lien de connexion avec : ex, ami, meilleur ami, membre de la famille (?!) etc. Une fois le profil masculin créé, les membres peuvent alors noter et commenter l’apparence physique, les performances sexuelles, l’intelligence, la personnalité etc., bref tout y passe. Cette pratique est notamment simplifiée par une sélection de tags proposés par Lulu.

Vengeance, méchanceté gratuite ou simple retour de bâton après des années de misogynie ? Il est facile de s'interroger sur les intentions de la mise en place d’un tel réseau. Alexandra Chong, la créatrice de Lulu indique qu’elle a voulu à travers son application « reproduire la manière dont les filles parlent entre elles des garçons... » et de simplifier cette communication en la rendant possible avec un plus grand nombre. 


Peu convaincu de ces explications, et bien que la créatrice insiste sur l’absence d’intention de nuire mais uniquement l’intention de faire rire et divertir, le public reste assez dubitatif. Et les réactions sont déjà nombreuses surtout quant aux effets négatifs que cela pourrait avoir sur des adolescents : cyberbullying, remise en question de l’image de soi, sexualité etc.
On peut aussi s’interroger sur la légalité des remarques négatives qui peuvent être fait anonymement et sans réel consentement au préalable des jeunes garçons.
D’un point de vue juridique il semble légitime de se poser des questions sur les pratiques et le respect de la confidentialité de cette nouvelle application. En effet, bien que le site exige le consentement préalable accordé aux utilisatrices pour publier les photos de leurs amis garçons, on peut douter que cela soit réellement le cas. Il est cependant possible pour ces derniers de faire retirer tout profil mis en ligne par une de ses « amies » Facebook. Mais pour cela, faudrait-t il encore être au courant qu’on y figure.
En ce qui concerne les commentaires et les notations, bien qu’il semble évident que ceux ci représentent un traitement de données à caractère personnel, le contrôle de la CNIL reste en l’espèce très limité voire impossible. Outre la localisation géographique du site, si ces informations ne sont publiques que pour un nombre limité d’utilisatrices, ou à un cercle « d’amies », ces informations bénéficient alors du secret de la correspondance.
Derrière un positionnement innovant et provoquant, il sera intéressant de voir comment évolue cette plateforme après le buzz du lancement. Le site devra-t-il faire évoluer son modèle pour des raisons juridiques ou de politiquement correct ? Et vous seriez-vous choqué de vous retrouver sur ce site  ou prête à l’utiliser ? D'après le communiqué, 60.000 seraient déjà fans de l'application.