Le potentiel des paiements sociaux : une révolution en devenir

Alors que le smartphone permet désormais de tout faire ou presque, de manière simple et rapide, envoyer et recevoir de l'argent reste lent et compliqué... Mais la blockchain permet désormais de rendre ces échanges aussi facile que l'envoi d'un e-mail.

Les Français passent près de quatre heures par jour sur leur smartphone selon le cabinet eMarketer. Tout y passe ou presque. Un taxi ? Uber. Un film ? Netflix. Un dîner ? Deliveroo. Les utilisateurs ne souhaitent plus attendre.
Nous voici donc enfin entrés dans le monde du tout instantané ? Vraiment ? Non ! Car il est un secteur qui résiste toujours et encore à l’innovation : envoyer et recevoir de l’argent n’est pas plus rapide ni facile qu’auparavant. Les acteurs traditionnels traînent des pieds, alors que les clients piaffent d’impatience.

Les paiements sociaux ? Qu’est-ce que c’est ?
Faire un paiement social, c’est envoyer de l’argent à ses amis ou sa famille avec une application téléchargée sur son téléphone. Et à la manière d’un SMS ou d’un e-mail, l’argent est reçu instantanément, pas quatre jours après, et sans que vous n’ayez à y penser, de la même façon que l’on peut envoyer un e-mail sans savoir ce qu’est un protocole SMTP.

Les applications de paiement social sont d’autant plus efficaces qu’ils mettent les protocoles blockchain à disposition de ses utilisateurs. “La block-quoi ?” dites-vous ? Derrière cet anglicisme se cache une technologie d’une redoutable efficacité, changeant radicalement la manière dont l’information est stockée et maintenue. En effet, cette technologie assure le caractère irréversible de l’information, ce qui veut dire que toute information nouvellement ajoutée ne peut plus être altérée (pensez à un insecte conservé dans de la résine, de plus en plus protégé à mesure que les couches s’accumulent). C’est cette technologie qui permet aux utilisateurs de partager l’addition, le loyer ou d’envoyer de l’argent pour une cagnotte simplement, sans compromis sur la sécurité.

L’évolution des paiements sociaux
Il faut se tourner vers la Chine pour comprendre la popularité des paiements sociaux, où plus de 700 millions de personnes payent avec des applications de messagerie comme WeChat, ou Alipay. Accompagner le paiement d’un message procure le côté social qui manque aux transactions d’aspect purement financier. Les paiements sont sociaux par essence : ils prennent toujours place dans un contexte d’interaction sociale. 

Ces applications de paiement occupent chez nous une place encore réservée aux banques. Les utilisateurs chinois quant à eux peuvent régler leurs factures, payer les transports, se faire des cadeaux ou partager l’addition et peuvent les utiliser pour leurs achats usuels, du vendeur de rue aux grandes enseignes.

Les enveloppes rouges (hóngbāo, 红包) ont été le premier lieu de ce bouleversement. WeChat, une application de messagerie du groupe Tencent, avait permis à ses utilisateurs l’envoi d’enveloppes rouges par message à l’occasion du Nouvel An chinois, le moment où s’échangent traditionnellement ces enveloppes. La popularité de cette fonction atteint des proportions difficilement concevables : ce sont 32 milliards d’enveloppes qui ont été envoyés par 516 millions de personnes en 2016, dix fois plus qu’en 2015, et 100 milliards d’enveloppes sont annoncées pour le prochain Nouvel An.

Alors que des applications comme WeChat comptent plus de 700 millions d’utilisateurs actifs, ces comportements ne sont limités qu’à quelques pays en Europe, comme la Norvège où Vipps compte 2,5 millions d’utilisateurs, où la Suède avec Swish. Les applications de paiement social  veulent étendre cette tendance au reste du monde tout en permettant les transactions frontalières.

Une industrie en pleine effervescence

Ces paiements sociaux, ce sont les jeunes de la génération Y (nés entre 1980 et 2000) qui les maîtrisent le mieux. Ce sont eux, baignés par WhatsApp et Messenger et qui évoluent constamment dans un environnement de messagerie, qui mènent la formidable croissance de ces transferts, estimés à 239 milliards d’euros d’ici 2019 par le cabinet Ovum. Avec 84% des moins de 40 ans qui utilisent les réseaux sociaux, on peut s’attendre à ce qu’ils remplacent les paiements tels que nous les connaissons, pour apporter le contexte social qui manque tant aux transferts d’argent.