Le français CopSonic utilise les ultrasons pour faire communiquer les objets

Le français CopSonic utilise les ultrasons pour faire communiquer les objets Ce système de communication de proximité, compatible avec n'importe quel téléphone mobile, pourrait un jour faire de l'ombre au Bluetooth et au NFC.

Les baleines, les dauphins et les chauves-souris ne sont plus les seuls à échanger grâce à des ultrasons. Les appareils équipés du système de communication de la pépite tricolore CopSonic peuvent eux aussi faire transiter des données grâce à ces ondes sonores que l'oreille humaine ne peut pas percevoir.

"Pas besoin que les objets soient intelligents en tant que tels, notre système fonctionne avec n'importe quel dispositif électronique équipé d'un micro et/ou d'un haut-parleur, comme un téléphone, une télévision, une radio…", détaille Emmanuel Ruiz, fondateur et PDG de cette entreprise, créée en 2012 par le groupe familial français Secom.

Copsonic cherche en ce moment à lever 3 millions d'euros et vise le million d'euros de chiffre d'affaires pour 2017

 

La solution de CopSonic, qui fonctionne sur une portée de quelques mètres, peut être utilisée dans différents secteurs. Dans la finance, elle permet par exemple de faire circuler des informations de paiement de manière très sécurisée entre un smartphone et un ordinateur ou un terminal de règlement. Les retailers peuvent l'employer pour envoyer des promotions aux chalands qui font du shopping dans leurs boutiques. Les industriels peuvent faire communiquer ensemble des appareils dans des milieux contraints, où la circulation d'ondes électromagnétiques n'est pas autorisée…

Concrètement, le premier objet émet un ultrason, reçu et décodé par le deuxième. Les données sont intégrées dans ce signal sonore qui dure entre une et trois secondes, grâce à un système appelé codec. La version la plus basique de ce mystérieux dispositif est le DTMF, un nom barbare qui désigne tout simplement les bips émis par un téléphone lorsque son utilisateur tape sur les touches pour composer un numéro.

"Les codecs ont évolué dans le temps, mais la dernière version de cette technologie datait du début des années 2000. Nous avons développé une solution beaucoup plus raffinée, permettant de transférer une plus grande quantité de données de manière sécurisée", développe l'entrepreneur. Cette technologie brevetée à l'international et lancée sur le marché en 2014 aura demandé aux ingénieurs de la société cinq ans de recherche développement.

L'appareil qui reçoit l'ultrason peut être situé à plusieurs mètres de la source du signal. "Cela dépend de la puissance du haut-parleur. Un smartphone sera par exemple capable de transférer des informations à un objet situé tout au plus à huit mètres de lui", précise Emmanuel Ruiz. Le bruit ambiant n'entrave pas le fonctionnement du système, sauf s'il excède les 100 à 110 décibels, soit le niveau sonore d'une boite de nuit. Comme le réseau IoT bas débit Sigfox, ce nouveau moyen de communication permet de faire transiter une centaine de bits par seconde.

30 tests sont actuellement en cours avec différentes entreprises

CopSonic veut devenir le moyen de communication utilisé par monsieur tout le monde pour communiquer avec les objets qui l'entourent. La société pourrait bien réussir ce défi car les consommateurs sont aujourd'hui massivement équipés de smartphones. En 2018, trois milliards de ces appareils seront en circulation dans le monde. Or ils disposent tous d'un micro et d'un haut-parleur, ce qui les rend compatibles avec la solution CopSonic.

En revanche, 50% seulement seront dotés de NFC ou de Bluetooth, les deux principales technologies de communication de proximité. En outre, ces technologies vont évoluer (le Bluetooth 5 sort fin 2016) et rien ne garantit que les nouvelles versions seront compatibles avec les anciennes (le problème s'est déjà posé avec le Bluetooth 4.0). Pour toucher un maximum de clients, les fabricants d'électronique grand public pourraient donc opter pour le système CopSonic. La start-up a été approchée récemment par plusieurs de ces entreprises. "Nous ne nous adressons pas aux geeks mais au quidam qui ne veut pas se lever de son lit pour éteindre les lumières de sa chambre", illustre le patron.

CopSonic travaille avec un avionneur pour faire communiquer ensembles les appareils du cockpit sans câble

En attendant de toucher le mass market en intégrant leur solution à des produits grand public, les 30 salariés de CopSonic travaillent avec des industriels. Sela Light, un sous-traitant d'Airbus, utilise par exemple le système pour permettre aux passagers des avions d'allumer et d'éteindre leur lumière en pressant un bouton, sans que de lourds câbles ne relient les deux équipements, dans un secteur où les constructeurs essayent de minimiser le poids embarqué pour limiter la consommation de carburant de leurs appareils. La lampe et le commutateur communiquent par ultrasons.

La jeune pousse développe aussi avec un avionneur dont elle ne peut dévoiler le nom une solution permettant aux dizaines de machines qui sont installées dans le cockpit de communiquer les unes avec les autres, là encore sans câble. CopSonic a par ailleurs intégré en septembre 2016 l'Airbus BizLab à Toulouse (un accélérateur créé par le géant de l'aéronautique), ce qui est peut être un indice sur l'identité de cet avionneur…

30 tests sont actuellement en cours avec différentes entreprises. La start-up, qui cherche en ce moment à lever 3 millions d'euros, vise le million d'euros de chiffre d'affaires pour 2017.