L'IoT change la donne dans le business de la gestion et du tri des déchets

L'IoT change la donne dans le business de la gestion et du tri des déchets Cybeel et Sigrenea font partie de ces start-up qui facilitent le ramassage des ordures et intéressent les géants du secteur, comme Veolia ou Suez.

Le casse-tête de la gestion des déchets sera bientôt résolu pour les villes et les entreprises grâce à l'IoT. Plusieurs start-up et PME françaises, comme Cybeel, Green Creative et Sigrenea ont développé des solutions basées sur de petits objets connectés. Elles permettent d'optimiser la collecte et de faciliter le tri du carton, de l'aluminium, du plastique ou encore du verre.

Le pionner tricolore du secteur, Sigrenea, a réalisé une étude de marché en 2009, l'année de sa création. La jeune pousse basée à Olivet (Loiret), à côté d'Orléans, a interrogé une centaine de collectivités locales. Plusieurs entreprises proposaient déjà des capteurs pour connecter les points de collecte de verre ou de carton. Ces petits objets connectés permettaient de mesurer le niveau de remplissage de la benne. Le camion de ramassage ne passe ainsi que lorsqu'elle est pleine. "Ces systèmes étaient peu fiables et trop chers pour les communes. Les entreprises ne proposaient par ailleurs que le capteur, pas le service de traitement de la donnée associé", se souvient Franck Charlet, directeur général adjoint de Sigrenea.

"Investir dans la solution de gestion des déchets de Sigrenea est rentable pour les collectivités au bout 18 mois en moyenne"

La start-up développe donc ses propres appareils, capables de mesurer grâce à des ultrasons le niveau de remplissages des points de collect. Les data sont récupérées et analysées par une application web qui calcule en outre le trajet optimal des camions de ramassage des déchets.

"Connecter un conteneur avec les solutions Sigrenea coûte 10 à 12 euros par mois à une ville qui veut rendre 500 bennes à ordures intelligentes. Notre système permet de faire baisser de 15 à 30% le coût de la collecte, en fonction du niveau de performance initial. L'investissement est rentable pour les collectivités au bout 18 mois en moyenne", chiffre le dirigeant.

La société a connecté 3 500 points de collecte en 2015. Elle compte pousser ce nombre à 7 000 voire à 8 000 d'ici fin 2016. Elle a signé ces contrats directement avec des communes – La Rochelle et Tours font partie de ses clients – ou avec des entreprises spécialisées dans le "waste management", comme Veolia ou Coved, une filiale de la Saur.

"Nous nous attaquons à un marché bien identifié. En France, 6 à 7% des communes sont aujourd'hui équipées. Il y a environ 300 000 points de collecte. Ils sont également 300 000 en Allemagne et 700 000 en Espagne", estime Franck Charlet. Intéressé par ce marché nouveau, le groupe Suez, numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets derrière Véolia en termes de chiffre d'affaires, a racheté Sigrenea début 2016.

"Cybeel aura déployé 1 000 capteurs sur des points de collecte fin 2016, un nombre qui devrait être multiplié par dix dès 2017"

Attirées par ce potentiel, d'autres entreprises comme Cybeel se sont attaquées au marché. Créée par la société de conseil Magellan Partners en octobre 2015, la structure commercialise des capteurs qui résolvent les problématiques BtoB de nombreux secteurs, dont la gestion des déchets (waste management). "Nous serons rentables dans ce domaine dès 2017. Nous y réalisons aujourd'hui 15% de notre chiffre d'affaires", souligne Tanguy Jouvet, directeur général de Cybeel.

Cette offre multisectorielle permet à Cybeel d'amortir sur des volumes importants le coût de développement de ses capteurs de remplissage, de température ou encore de géolocalisation ainsi que celui de sa plateforme applicative. La filiale de Magellan Partners commercialise des objets connectés qui ont une durée de vie supérieure ou égale à celle du produit sur lequel ils sont installés, soit sept ans en moyenne pour une benne à ordure. "Cela limite au maximum les coûts de maintenance", pointe le patron.

Elle mise sur cette stratégie pour gagner rapidement des parts de marché dans le secteur de la gestion de déchets. "Nous aurons déployé 1 000 capteurs sur des points de collecte fin 2016, un nombre qui devrait être multiplié par dix dès 2017. Le 'waste management' est l'un des domaines les plus prometteurs de notre offre IoT BtoB pour l'année prochaine", assure Tanguy Jouvet.

La filiale de Magellan Partners connecte également les bennes des déchetteries pour vérifier si elles sont bien dimensionnées par rapport au besoin dans une zone donnée. Elle pourrait même prochainement connecter les poubelles des particuliers vivant en zone rurale, afin de savoir quand elles sont pleines.

"Nous réalisons en ce moment des projets pilotes en France avec des entreprises dont je ne peux dévoiler le nom. Nous essayons de ne faire passer les camions-poubelles que lorsque c'est nécessaire. A la campagne, les distances à parcourir entre deux habitations sont importantes. Nos futurs clients pourront réaliser des économies d'essence, user moins vite leurs camions…", explique le dirigeant. Cybeel essaye actuellement de dimensionner le retour sur investissement qu'elle peut promettre à ses prospects.