Après AppGratis, à qui le tour ?

Après AppGratis, à qui le tour ? Après le retrait d'AppGratis de l'AppStore, les applications de promotion d'autres applications sont plus que jamais sur la sellette. Qui est concerné et pourquoi ?

photo fruit ninja
Capture d'écran Appoftheday. © Capture d'écran

L'éviction de l'application AppGratis de l'AppStore ne serait que la première pierre d'un combat plus global que mène Apple contre les services faisant la promotion d'autres applis, selon Allthingsd.com. La firme à la pomme serait en effet résolue à éliminer ces services qui mettent en péril la légitimité des classements de son App Store, en promettant aux développeurs de décrocher rapidement les premières places. S'appuyant sur les clauses 2.25 et 5.6 des conditions d'utilisation de l'App Store (lire l'actualité : AppGratis : son CEO se dit "choqué" par la décision d'Apple, du 09/04/13), Apple pourrait ainsi bannir d'autres applications similaires. Une vague qui n'est pas sans rappeler la chasse aux sorcières effectuée en 2011 à l'encontre des applications proposant des téléchargements incentivés. Cette politique d'Apple ne date pas d'hier. "Cela fait près de 2 ans que le top management d'Apple prévient qu'il va faire le ménage, rappelle Paul Amsellem, directeur général du Mobile Network Group. Les éditeurs ont notamment été enjoints d'arrêter ce genre de pratiques." 

Appoftheday, Free Apps Daily, FreeApADay, AppVIP, App4Free,Appsfire, Appli Privée... Les applications qui permettent de mettre en avant d'autres applications sont légions. Elles sont au total plusieurs dizaines à utiliser ce business model juteux. "Dès lors qu'une application contrevient à une des clauses mentionnées par d'Apple, son sort reste en suspens, confirme Paul Amsellem. Je doute qu'Apple accorde un quelconque traitement de faveur à l'une d'entre elles." Quel que soit le moyen utilisé pour promouvoir des applications, les sondages comme Appli Privée ou les centres d'intérêts comme Appsfire, tous sont sur le fil du rasoir.  

"Apple a pris une décision concernant une seule appli et non toute une industrie", rassure toutefois Ouriel Ohayon, le fondateur d'Appsfire, dans une note de blog. Et de rappeler que sa société est avant tout un service de curation. "100% des applications que nous recommandons ne sont pas des publicités." Celles-ci sont clairement identifiées comme telles dans une autre section, "sur le modèle de Google".

Une épée de Damoclès au-dessus de tous les services de promotion d'applications

Mais il se sait soumis au bon vouloir d'Apple. "Apple peut-il supprimer d'autres voire toutes les applications de découvertes d'autres applications ? Bien sûr". Et pour cause, ces applications compliqueraient en fait l'intégration de Chomp, une application de découverte que la société a rachetée en fin d'année dernière. "Apple nous a habitués à tester des services, en laissant d'autres le faire, avant de reprendre la main, une fois que leur succès est avéré", évoque Simon Dawlat, le fondateur d'AppGratis. Une impression partagée par Paul Amsellem : "Grâce à ce rachat, Apple va sans doute pouvoir procéder à une refonte de son App Store en intégrant un moteur de recherche sémantique bien plus efficace que ne l'est le moteur actuel."

La monétisation est sans doute également au cœur de la réflexion de la firme à la pomme, qui pourrait créer des synergies avec sa régie publicitaire encore trop peu développée au vue de sa puissance de feu, iAd. "Cela permettrait la mise en avant de deux ou trois applications identifiées comme des publicités, avec une commercialisation couplant le nombre d'impressions et de téléchargements générés."

Ces applications disposent pour autant de voies de secours à en croire Paul Amsellem, qui parle en connaissance de cause puisqu'il est aussi l'éditeur d'AppCity, une application de distribution d'applications en pleine mutation. "Les applications qui se contentent de faire du push doivent se transformer en société de services. Cela peut aller du conseil média au travail sur le référencement d'une application, en passant même par l'édition." Une évolution indispensable pour ne pas vivre avec la crainte de disparaître de l'AppStore chaque matin. 

Reste l'option Google, un environnement bien plus libertaire que ne l'est Apple. AppGratis va d'ailleurs bientôt lancer sa version Android, avec cette crainte que Google ne suive l'exemple de son éternel rival. Difficile d'exister lorsque son business model est adossé à un écosystème dont les règles dépendent d'un seul acteur, surtout s'il devient votre principal concurrent...