Avec la Matinale, le Monde fait un nouveau pari sur mobile

Avec la Matinale, le Monde fait un nouveau pari sur mobile La Matinale du Monde proposera une vingtaine d'articles tous les matins et espère séduire un public un peu plus jeune.

Le Monde vient de lancer une nouvelle application, "La Matinale du Monde", proposant chaque matin une vingtaine d'articles ou vidéos, en majorité payants. A partir de 7h du matin, "La Matinale du Monde" permettra de survoler la vingtaine de contenus éditoriaux choisis par la rédaction, présentée sous la forme d'un paquet de cartes. De l'actu chaude, des enquêtes, de la vidéo et même de la bande dessinée humoristiques seront ainsi proposés chaque jour. Libre à l'utilisateur de choisir les sujets qu'il désire consulter en les faisant glisser sur la droite de son écran et en les intégrant à son panier de lecture. Ceux basculés sur la gauche passent eux à l'oubli. Un modus operandi que les équipes du Monde ont bien évidemment repris de Tinder, l'application de dating dont le fameux "swipe" est aujourd'hui repris à toutes les sauces

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Le fameux swipe de Tinder au coeur de l'expérience utilisateur.  © Le Monde

Le Monde profite également de la sortie de cette application pour lancer une nouvelle fonctionnalité, "Suivre", qui permet au mobinaute de de recevoir une alerte dès qu'une nouvelle information relative au sujet de son choix est publiée. La fonctionnalité sera disponible sur l'ensemble des applications du Monde. A terme, l'application mémorisera également les choix des mobinautes pour leur proposer les sujets qui les intéressent le plus.

Le Monde veut lui aussi rajeunir son audience grâce au mobile

La Matinale vise "des lecteurs jeunes et actifs, demandeurs de contenus de qualité et d'un accès simple, rapide et plaisant à une sélection d'informations", explique Gille Van Kote, directeur du Monde. Le rajeunissement des audiences est un vrai enjeu pour la majorité des quotidiens de presse écrite qui voit dans la mobile une opportunité unique de toucher cette cible aussi versatile que volatile. Avec près de 4,5 millions de visiteurs uniques sur mobile (contre 9,8 millions sur Lemonde.fr), l'opportunité est réelle.

Offerte à l'ensemble des abonnés du Monde, l'application sera également accessible au prix de 6,99 euros par mois (avec un prix de lancement à 1,99 euros). Un tarif plus abordable que les 17,90 euros qu'il faut débourser chaque mois pour profiter de l'offre 100% numérique. Suffisant pour attirer les plus jeunes ? Pas sûr si l'on s'en réfère au précédent "NYT Now", cette application lancée par le New-York Times à un tarif moins élevé que l'abonnement papier + Web, qui met l'accent les contenus de type snacking et vise les "15 - 30 ans". En bref, une application qui fait beaucoup penser, dans l'esprit, à "La Matinale du Monde". 

Les jeunes, une cible peu encline à payer

Un an après son lancement, l'avenir de "NYT Now" s'inscrit en effet en pointillé. Pour cause, l'application peine à recruter. Une demi-surprise. Comme nous le rappelait, François Dufour, le cofondateur de Mon quotidien (journal d'information pour les 10 - 14 ans). La génération des millenials est en effet réticente à payer pour de l'information. La grande majorité des lecteurs de Mon quotidien se tourne ainsi vers la presse gratuite à l'âge adulte. 

Alors que les rédactions du monde entier sont en train de passer d'une logique de "Web first" à celle de "mobile first", deux logiques s'opposent pour le moment : site responsive contre application. Le Monde prend parti donc, comme le New-York Times, pour la deuxième option. Un choix que remettait en question Frédéric Filloux, ancien directeur du digital du groupe "Les Echos", dans une note de blog intitulée "Les sites d'informations devraient arrêter avec les applications natives". Une statistique éloquente à l'appui :  les réseaux sociaux et les applications de casual gaming captent à eux seuls près de 60% du temps passé sur mobile, laissant des miettes aux groupes médias. Difficile dans ces conditions pour une application d'informations de réussir à se faire sa place.