Social gaming : pourquoi ces éditeurs cartonnent Un business model qui allie publicité et achats in-app

Si les performances du mobile en matière d'engagement ne restent plus à démontrer, sa capacité à générer des revenus substantiels a longtemps été mise en doute. Encore aujourd'hui, on voit apparaître des études pointant du doigt la difficulté qu'ont les éditeurs d'applications à faire du freemium un modèle économique viable. Pourtant, Adictiz, Game Insight et King.com ont tous clôturé un exercice 2012 exceptionnel. Le premier a réalisé un chiffre d'affaires de 2,4 millions d'euros alors que le chiffre d'affaires du russe devrait dépasser les 100 millions de dollars, multiplié par deux par rapport à 2011. Si King.com ne communique pas ses chiffres, Riccardo Zacconi assure que le groupe connait une croissance fulgurante, en témoigne l'embauche de deux à trois nouveaux collaborateurs par semaine.

Des astuces pour inciter l'utilisateur à payer pour jouer

"Nos revenus proviennent des achats et publicités in-app", explique-t-il. Dans un jeu comme Candy Crush, le joueur dispose chaque jour de 5 vies pour passer le plus de niveaux possibles. Une fois celle-ci épuisées, il doit attendre le lendemain pour rejouer... A moins d'inviter des amis à jouer, de visionner une publicité ou débourser de l'argent pour en récupérer. "Et c'est là le tour de force de ces éditeurs, réussir à mettre le joueur dans une position où il est presque obligé de dépenser de l'argent pour continuer", souligne Jérôme Stioui. "Chacun de nos jeux raconte une histoire à laquelle le joueur peut prendre part gratuitement mais pour laquelle il devra dépenser de l'argent s'il veut avancer plus vite, booster ses capacités", confirme Alisa Chumachenko. Ces micro-transactions suffisent d'ailleurs à Game Insight qui se différencie de son homologue britannique en se refusant à toute intégration de bannières pubs. "On ne veut pas altérer la virtualité de nos environnements en y intégrant des publicités. Nous estimons que la qualité de l'expérience de jeu doit nous permettre d'atteindre un ARPU suffisant à pérenniser notre activité."

Le lancement de son studio a permis à Adictiz de financer son activité d'édition

Le business model adopté par Adictiz est légèrement différent. "Nous nous sommes positionnés sur le créneau du social gaming dès 2009, en nous appuyant sur notre studio pour financer le développement de notre activité d'édition", explique Charles Christory. La start-up s'est ainsi appuyée sur son activité de développement d'applications en marque blanche pour se lancer. Son chiffre d'affaires est aujourd'hui équitablement réparti entre ses deux pôles. Surtout, elle s'est donnée comme priorité de déployer son propre ad-server qui adresse aujourd'hui plus de 300 millions de publicités par mois. "Cela nous permet d'être beaucoup plus flexible dans nos propositions commerciales aux annonceurs", se réjouit Charles Christory. 

Android rapporte du reach et iOS des revenus

Interrogés sur la répartition de leur chiffre d'affaires selon les OS, tous concèdent à Apple sa formidable capacité à monétiser. "L'ARPU généré par iOS est 2 à 3 fois supérieur à celui d'Android mais le volume de jeux téléchargés sur le second est bien plus important, de telle sorte que les deux OS sont au coude à coude", résume Charles Christory. Mais le paiement sans friction proposé par l'AppStore octroie à la marque à la pomme un avantage considérable. "Android n'est pas fabricant de ses téléphones et ne peut intégrer le paiement par carte bleu comme le fait Apple, sur l'OS duquel il suffit de rentrer un mot de passe pour acheter", explique Jérôme Stioui. Le constat est encore plus implacable sur l'iPad. "Ses utilisateurs sont généralement des CSP+ et consomment donc plus", ajoute-t-il. Pour qui en douterait la répartition du chiffre d'affaires de Game Insight en apporte la preuve. "Nos jeux se prêtent beaucoup plus au format de la tablette et nous touchons une audience beaucoup plus importante sur ce canal", explique Alisa Chumachenko. Se refusant à donner toute répartition, elle précise qu'en termes de revenus également, la différence est substantielle.