Microsoft n'a pas réussi à réaliser sa mue Internet par lui même. Pour assurer
sa transformation, l'éditeur tente la plus importante acquisition qu'il a eu à
mener jusqu'ici. Sa cible : Yahoo. Pour s'en emparer, il offre 44,6 milliards
de dollars en cash et en actions, soit une prime de 62 % par rapport au cours
de bourse du portail de jeudi soir. Yahoo, qui précise ne pas avoir sollicité
cette offre, répond qu'il va l'étudier soigneusement afin de "déterminer
qu'elle est la meilleure direction à suivre pour maximiser la valeur à long terme
pour les actionnaires".
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Steve Ballmer, PDG de Microsoft
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Mais les actionnaires y regarderont sans doute à deux fois avant d'accepter
cette offre. Ainsi, la prime offerte par Microsoft s'applique un jour où la
le titre Yahoo était particulièrement faible. Il n'était en effet pas descendu
sous les 20 euros depuis la fin 2003. Un point bas qui s'explique à la fois par
des annonces de résultats annuels décevants, mais aussi par le krach du début
d'année. Fin octobre dernier, l'action Yahoo s'échangeait pourtant plus de 33
dollars sur le Nasdaq. A contrario, la crainte d'une récession et d'une
baisse du marché publicitaire aux Etats-Unis pourrait pousser les actionnaires
à céder leurs parts maintenant. Tout comme les errements stratégiques
du groupe dont les prévisions de croissance restent en deça de la
croissance du marché publicitaire.
Ce n'est pas la première fois que Microsoft cherche à acquérir Yahoo. Selon
le patron de Microsoft, Steve Ballmer, une proposition de rachat, refusée,
a déjà atterri sur le bureau du conseil d'administration du portail, en février
2007. A l'époque, la presse américaine a évoqué une offre de 50 milliards
de dollars, alors que la valorisation de Yahoo était de 38 milliards.
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Jerry Yang, PDG de Yahoo
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Si son chiffre d'affaires a augmenté de 8,4 % en 2007 à près de 6,9 milliards
de dollars, son bénéfice net a chuté de 12,1 % à 660 millions de dollars,
et ce, malgré une croissance du marché publicitaire de près de 30 % dans
le monde. Face à des prévisions modestes pour 2008, et sans donner de vision
claire de la stratégie de Yahoo dans l'avenir, Jerry Yang a annoncé un plan de
suppression de 1.000 emplois sur 14.200 pour relancer la machine.
De son côté, Steve Ballmer veut réaliser un quart du chiffre d'affaires du
groupe sur la publicité en ligne d'ici cinq ans. Soit plus de 15 milliards de
dollars, si l'on prend en compte les 51 milliards de dollars de CA réalisés par
Microsoft sur son dernier exercice, et ses perspectives de croissance. "Le marché
de la publicité en ligne va passer de 40 milliards de dollars aujourd'hui à 80
milliards d'ici trois ans", explique tout simplement Steve Ballmer qui semble
trouver la perspective plutôt alléchante. Encore faudra-t-il rattraper Google
et ses 16,6 milliards de chiffre d'affaires en 2007 pour 4,2 milliards de bénéfices.