INTERVIEW
 
01/11/2007

Christophe Parcot (Yahoo France) : "Nous sommes l'une des alternatives les plus crédibles face à Google"

A l'occasion des douze ans de la filiale française de Yahoo et de la venue de Jerry Yang à Paris, le directeur général de Yahoo France dévoile les nouvelles orientations du groupe.
  Envoyer Imprimer  

 
Christophe Parcot
 
 
  • Directeur général, Yahoo France
  • Vice-président, Yahoo Europe du Sud
 

JDN. Jerry Yang, le CEO de Yahoo, est venu mardi 30 octobre à Paris rencontrer les salariés de Yahoo à l'occasion du douzième anniversaire de la filiale française. Quel message est-il venu délivrer ?

Christophe Parcot. Jerry Yang souhaite que Yahoo se concentre sur trois axes prioritaires de développement. La stratégie de Yahoo dans les dernières années a été celle d'une croissance rapide en termes de taille, sans qu'il y ait suffisamment de concentration sur quelques axes et paris fondamentaux. C'est l'avis de Jerry Yang et je le partage pleinement. Yahoo s'est trop dispersé en oubliant parfois de se concentrer sur ce qui a fait sa force.

 

Quelles sont ces priorités ?

Yahoo doit d'abord se concentrer sur les différentes portes d'entrées au Web que sont la recherche, les pages de démarrages des internautes et le mail. Il s'agit d'un premier niveau sur lequel Yahoo est déjà puissant. Néanmoins, nous pouvons encore nous renforcer pour conquérir ces points stratégiques.

 

Comment ?

Principalement par l'ouverture technique de nos plates-formes, qui constitue le deuxième axe stratégique fixé par Jerry Yang. Yahoo veut revoir son offre de services dans une logique d'ouverture, car nous sommes convaincus que le modèle qui consiste à choisir les contenus à la place de l'internaute a certaines vertus mais aussi des limites. Nous allons donc ouvrir nos API, notre page d'accueil, nos services, pour que les communautés d'utilisateurs et de développeurs puissent les enrichir.

 

"2008 sera
l'année de la métamorphose"

Vous suivez l'exemple de Facebook ?

Certains acteurs construisent un succès d'audience sur cette ouverture. C'est le cas de Facebook. Mais nous voulons aller plus loin. Aujourd'hui, Yahoo décide de ce qui figure sur sa page d'accueil. Demain, cette page sera constituée d'un mélange d'éléments définis par Yahoo, les utilisateurs et les développeurs. Nous envisageons également d'utiliser nos technologies publicitaires comme le ciblage comportemental pour personnaliser l'ensemble des contenus de nos plates-formes. En parallèle, nous laisserons aux internautes la possibilité de définir eux-mêmes le degré de personnalisation des pages. En quelque sorte, nous voulons leur donner un double des clés de la maison.

 

Combien de temps vous donnez-vous pour achever cette transformation ?

Il n'y aura pas de grand soir où nous passerons du Yahoo d'aujourd'hui à celui de demain. Il s'agit d'un projet énorme qui nécessite la refonte de nos plates-formes. Tout se fera donc progressivement, notamment via le nouveau My Yahoo, qui sera disponible dans les prochains jours. Mais 2008 sera surtout l'année de la métamorphose.

 

Quelle est la troisième priorité de Jerry Yang ?

Jerry veut faire de Yahoo un partenaire de choix pour l'ensemble des acteurs de l'Internet que sont les éditeurs, les agences et les annonceurs. Nous devons donc continuer à innover en matière de produits et organiser nos équipes commerciales pour mieux servir les attentes des agences et des annonceurs. Faire des affaires avec Yahoo doit devenir encore plus facile.

 

Qu'adviendra-t-il des projets qui échappent à ces trois priorités ?

Un certain nombre d'activités seront arrêtées, mais nous ne savons pas encore lesquelles. Un travail d'évaluation de notre offre de services est en cours depuis cet été, mais il n'est pas encore terminé. Cela ne veut pas dire que nous nous séparerons de tout ce qui ne correspond pas aux trois axes prioritaires fixés par Jerry Yang. Il y a beaucoup de fondations qui soutiennent ces trois piliers. C'est le cas notamment de l'actualité. Il s'agit d'un service sur lequel Yahoo France est leader et qui sert à la fois la page d'accueil de Yahoo et Yahoo Mail.

 

"Les performances de Kelkoo ne sont pas à la hauteur de nos attentes"

Toby Coppel, le nouveau patron de Yahoo Europe a récemment déclaré que le groupe n'était pas satisfait de Kelkoo. Comment ce service va-t-il évoluer ?

Il est vrai que les performances de Kelkoo ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Entre le moment où cette activité a été rachetée par Yahoo [en 2004, ndlr] et aujourd'hui, beaucoup de choses ont changé, avec l'arrivée d'un grand nombre de concurrents. Jusqu'à présent, nous avions essayé d'intégrer Kelkoo à tous les étages de l'organisation de Yahoo. Mais cette stratégie n'a pas été couronnée de succès. Aujourd'hui, pour remettre Kelkoo sur le chemin de la croissance, nous pensons qu'il faut lui donner un plan, une équipe et des moyens dédiés. Nous espérons qu'il sera ainsi plus performant.

 

Cette réorganisation préfigure-t-elle une cession de Kelkoo ?

Non. Nous ne sommes pas satisfaits des résultats de Kelkoo, donc nous agissons pour améliorer ce produit. Nous avons inauguré la semaine dernière une nouvelle version du site et nous lançons aujourd'hui une déclinaison pour mobile. Au niveau européen, Kelkoo reste une priorité. Nous voulons le faire revenir dans un cycle de croissance en termes de chiffre d'affaires, ce qui n'est plus le cas pour l'instant. Néanmoins, la pertinence de Kelkoo est en train d'être évaluée par rapport à la stratégie globale de Yahoo. Ce qu'il adviendra de Kelkoo au sein de Yahoo n'est pas défini.

 

L'arrivée en France de votre nouvelle plate-forme publicitaire, Panama, peut-elle vous aider à rattraper votre retard sur Google ?

Je le pense. Nous avons lancé la semaine dernière un nouvel algorithme de classement des enchères, qui constitue la deuxième phase du lancement de Panama en France. Aux Etats-Unis, le chiffre d'affaire de Yahoo pour le search a progressé de 20 % au cours du troisième trimestre, en grande partie grâce à Panama. En France, les premiers résultats sont également très positifs.

 

"Le poids de Google pose un vrai problème sur le marché"

Votre position de "Poulidor" mondial de l'e-pub est-elle une force ?

Nous sommes certes numéro deux du marché publicitaire dans sa globalité et du marché du search. En revanche, Yahoo est leader sur le marché de la publicité graphique. Le poids de Google sur le marché publicitaire mondial pose un vrai problème pour l'ensemble des acteurs de ce marché. Lors de son passage à Paris, Jerry Yang a rencontré la quasi-totalité des responsables d'agences plurimédias et des grands acteurs de l'Internet français. Ce qu'il en tire, c'est que tous ont envie de travailler avec Yahoo, non seulement parce que nous faisons bien notre travail, mais également parce que nous représentons l'une des alternatives les plus crédibles à Google.

 

Quid du cliblage comportemental ?

Nous avons lancé le ciblage comportemental au début du mois d'octobre. Nos premiers résultats montre que les taux de clics de campagnes utilisant le ciblage comportemental sont trois à quatre fois supérieurs à ceux des campagnes utilisant un ciblage traditionnel. Le ciblage traditionnel prend donc un vrai coup de vieux.

 

 
En savoir plus
 
 
 

Le mobile échappe-t-il aux nouvelles priorités de Yahoo ?

Absolument pas. Nous sommes dans une logique d'enrichissement de l'offre de services avec Yahoo Go, qui est notre porte d'entrée sur le Web pour le mobile. Nous avons également la volonté d'être un partenaire de choix avec les opérateurs, les fabricants, les éditeurs et annonceurs. Nous avons déjà des accords avec de grands acteurs européens comme Telefonica ou Vodafone . En France nous n'avons pas encore d'accord, mais nous sommes en discussions avec les trois grands opérateurs. Le mobile est donc au cœur de notre stratégie.

 

 
PARCOURS
 
  Christophe Parcot, 39 ans, est directeur général de Yahoo France et vice-président de Yahoo Europe du Sud depuis 2004. Diplômé de l'Essec, il a été directeur de la stratégie et du développement de Liberty Surf de 1998 à 2001, puis directeur Europe du Sud d'Overture (Yahoo Search Marketing) de 2002 à 2003.  

 


Sommaire Le Net Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Ce qui vous a le plus embêté avec le bug de Google :

Tous les sondages