Christopher Caussin (Kelkoo) : "Ce qui va changer chez Kelkoo en 2008"

JDN. Vous venez d'être nommé à la direction générale de Kelkoo, dont vous êtes vous-même un ancien. Que ressentez-vous en revenant à la tête de ce moteur de shopping ?

Christopher Caussin. Beaucoup d'émotion. J'ai quitté Kelkoo en 2004 lors de son rachat par Yahoo alors que j'en étais directeur commercial. A l'époque j'avais été appelé à exercer d'autres fonctions au sein de Yahoo. Aujourd'hui cela me fait beaucoup de bien de revenir, d'autant que le e-commerce a beaucoup évolué en l'espace de trois ans.

Comment ?

En 2004, la vente en ligne était dominée par les univers brun, blanc et gris [hi-fi, high-tech et électroménager, ndlr.]. Aujourd'hui, la population des cyberacheteurs s'est féminisée et le e-commerce s'est ouvert à d'autres types de produits, comme les articles de mode ou la bijouterie. La démocratisation de l'achat en ligne a également fait évoluer la façon dont les internautes recherchent des produits. Auparavant, ils recherchaient en fonction d'une marque ou d'une caractéristique précise. Désormais, les internautes adoptent aussi des habitudes propres au shopping traditionnel en flânant sur les sites sans avoir forcément d'idées d'achat en tête. Il faut intégrer cette évolution en mettant l'accent sur les promotions ou des produits connexes à ceux recherchés par les internautes.

Jusqu'à présent, les équipes de Kelkoo avaient été intégrées à tous les étages de l'organisation de Yahoo. Or cette stratégie n'a pas toujours bien fonctionné. L'achat de trafic par exemple était centralisé chez Yahoo, alors que Kelkoo n'a pas nécessairement les mêmes problématiques que le portail Yahoo France. Il y avait de ce point de vue un travail d'optimisation à réaliser. Depuis trois semaines, les équipes de Kelkoo ont été rassemblées en un seul endroit pour favoriser notre réactivité.

Quels défis vous attendent désormais ?

Notre principal défi est d'enrichir encore notre offre de services aux internautes. En France, nous référençons actuellement plus de 2.000 marchands. D'ici la fin de l'année 2008, nous voulons en référencer entre 6.000 et 7.000. Nous souhaitons également nous assurer que nos partenaires proposent des prestations de qualité. Nous recevons parfois des retours d'internautes mécontents de certains marchands que nous référençons. Chaque fois q'un nombre significatif d'internautes nous contactera pour se plaindre d'un marchand, nous n'hésitons pas à le retirer de nos bases.

Cela peut paraître paradoxal alors que vous cherchez à étoffer votre portefeuille de marchands ?

Pas du tout. Nous préférons nous couper de certains marchands, plutôt que d'offrir aux internautes une expérience qui ne soit pas satisfaisante. Kelkoo doit devenir le meilleur ami des cyberacheteurs. Par ailleurs l'évolution du e-commerce a permis son ouverture à d'autres univers de consommation, dans lesquels énormément de marchands spécialisés ouvrent leurs portes sur Internet. Il y aura donc toujours de nouveaux marchands à référencer.

Toby Coppel le patron de Yahoo Europe a récemment déclaré que le groupe n'était pas satisfait de Kelkoo, alimentant les rumeurs de cession. Yahoo serait-il en train d'habiller la mariée ?

Non, la mariée a déjà la bague au doigt ! Il faut tout d'abord rappeler que Kelkoo va bien. Certes, nos résultats ne sont pas à la hauteur des attentes du groupe, cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas bons. La direction examine actuellement les pistes d'évolution de Kelkoo au sein de Yahoo. Cela ne veut pas dire que Kelkoo soit à vendre, ni le contraire. Yahoo a voulu donner à Kelkoo une direction propre, afin d'être plus réactif sur un marché en pleine évolution. Le lancement de la version sur mobile de Kelkoo est sur ce point un bon témoignage de la confiance que Yahoo nous accorde.

Quels sont les premiers retours de cette version nomade de Kelkoo ?

Ils sont bons. Nous avons développé une version pour l'ensemble des mobiles, ainsi qu'une version spécialement adaptée à l'iPhone. Nous sommes d'ailleurs en discussions avec des opérateurs pour intégrer ce service à leurs portails mobiles. Cependant, nous ne sommes qu'au démarrage du Web sur mobile et il faut encore développer un modèle économique adapté. Je pense que tout commencera à l'horizon 2010. Le marché de la publicité sur mobile devrait alors représenter 10 milliards de dollars. Et à ce moment-là, nous serons prêts.