INTERVIEW
 
30/01/2008

"La France est un marché prioritaire pour Match.com"

Quels sont les projets du site de rencontres ? Comment compte-t-il détrôner Meetic en France ? Le PDG de Match.com donne sa vision du marché.
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Thomas Enraght-Moony
 
 
  • CEO de Match.com
 

Comment se porte Match ?

Très bien. Depuis la création de Match en 1995, nous sommes toujours le leader de la rencontre sur Internet, que ce soit en termes de chiffre d'affaires ou de nombre de membres. Au troisième trimestre 2007, nous avons enregistré 90 millions de dollars de chiffre d'affaires et 30 millions de dollars de résultats net. Il s'agit d'une activité très profitable puisque notre activité a progressé de 50 % par rapport au troisième trimestre 2006. 95 % de nos revenus proviennent des abonnements de nos membres.

 

En France, vous êtes pourtant toujours numéro deux, derrière Meetic…

Plutôt que de dire que nous sommes "toujours" numéro deux, je préfère dire que nous sommes "finalement" arrivés en seconde position car, en France, nous sommes partis de nulle part. Nous avons d'abord investi ce marché via notre principal partenaire, MSN. Mais ce n'est qu'au cours de l'année écoulée que nous nous sommes durablement installés sur la seconde place du podium français, ce qui est déjà un succès énorme pour nous. Notre ambition n'est pas nécessairement d'être premier sur tous les marchés sur lesquels nous sommes présents, mais au moins d'être seconds. Rien qu'en France, nous disposons de 3,8 millions de membres et 140.000 nouveaux comptes se créent chaque mois.

 

Que manque-t-il aujourd'hui à Match pour détrôner Meetic en France ? La notoriété ?

Non, puisque Match est aujourd'hui le second service du marché en France. Il nous reste certes du travail à faire, mais pas nécessairement pour dépasser Meetic. Ce que nous cherchons, c'est capter les célibataires français qui recherchent une relation durable via un service de rencontres. Notre seul but aujourd'hui, c'est celui-ci. Et ce dont nous avons besoin pour y parvenir, c'est du temps. Il nous faut du temps pour adapter finement notre produit aux attentes des internautes, pour laisser faire le bouche-à-oreille, etc. Tout cela ne se fait pas en un jour mais en plusieurs années.

 

Il y un an, vous rachetiez le Français Netclub. Quels projets avez-vous pour ce site ?

"Netclub est différent de Match"

Ce qu'il y a d'intéressant avec Netclub, c'est qu'il s'agit du premier site de rencontre français à avoir vu le jour, il y a 11 ans. Ce site bénéficie d'une communauté vraiment forte, dont les envies diffèrent de celle des membres de Match. Les membres de Netclub, par exemple adorent chatter, pas ceux de Match. Je pense qu'il est donc nécessaire de conserver cette marque, en lui faisant profiter de notre connaissance du marché et des nouvelles fonctionnalités qui sont développées pour Match. Tout fonctionne bien ainsi.

 

Le marché français est-il particulier ?

Oui, à plusieurs égards. D'un côté, la France est le pays dans lequel les internautes célibataires sont les plus gros utilisateurs de services de rencontre en ligne. De l'autre il est aussi celui où ces utilisateurs sont les plus insatisfaits de ce type de services. Nous estimons que 22 % des internautes célibataires utilisent un service de rencontre en France. Mais environ une personne sur deux est déçue de ce qu'elle y trouve. La France est donc un marché prioritaire pour Match pour toutes ces raisons et pas seulement parce que d'un point de vue symbolique c'est le pays de l'amour.

 

Pourquoi ?

Il y a aujourd'hui 15 millions de célibataires en France. Le célibat est devenu un style de vie qui n'entraîne plus de "pression" à se marier. Du coup, les célibataires prennent de plus en plus de temps pour choisir la bonne personne et lorsqu'ils utilisent un service de rencontre, ils recherchent une relation durable et pas un flirt, ce qu'ils ne trouvent pas nécessairement sur les autres services. Ce que nous cherchons, c'est capter ces 80 % d'internautes célibataires français qui recherchent une relation durable. De ce point de vue, le problème n'est plus d'atteindre une taille critique en termes de membres mais d'offrir la meilleure technologie de matching pour répondre aux attentes des internautes.

 

Comment allez-vous répondre à cette attente ?

"Il faut affiner le matching en tenant compte de ce que les internautes ne disent pas"

Nous préparons le lancement d'une nouvelle technologie de matching, que nous avons baptisé "Alchimie". Nous l'avons développé avec l'anthropologue Helen Fischer, qui enseigne à l'Université de Rutgers (New Jersey). Elle permet de définir votre personnalité parmi une typologie de quatre profils. Le but est d'affiner encore le matching en incluant tout ce que les internautes ne disent pas nécessairement de leur personnalité. Aux Etats-Unis, nous proposons déjà cette technologie via un site dédié, Chemistry.com. Nous la lancerons en version bêta en France d'ici quelques semaines. Il s'agira probablement du premier site européen à disposer de cette technologie.

 

Sera-t-elle intégrée dans l'ensemble des sites européens ?

Pas forcément. Nous ne croyons pas en une approche globale, mais en une approche par pays. Avant cela, nous voulons savoir si ce type de service a un réel intérêt pour l'ensemble des internautes européens. Nous disposons d'une plate-forme technologique globale. Mais chaque fonctionnalité n'est pas nécessairement pertinente pour tous les pays dans lesquels nous sommes présents. Cela ne concerne pas seulement les outils techniques, mais aussi notre stratégie d'acquisition de nouveaux membres. En France, par exemple, l'inscription est gratuite pour les femmes, ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs. En France, ce système est plutôt apprécié, mais si nous l'avions appliqué dans les pays scandinaves, cela n'aurait pas marché.

 

Chaque marché doit donc être traité différemment ?

Exactement. Au Royaume-Uni, nous avons récemment lancé un service intitulé "Match my friends", qui permet aux membres inscrits sur Match de parler de leurs amis célibataires. Nous avons également lancé ce service aux Etats-Unis, mais nous ne savons pas encore si nous le lancerons en France. Nous prendrons notre décision d'ici quelques mois. En Allemagne, nos membres recherchent des célibataires près de chez eux en saisissant des codes postaux. En France au contraire, les internautes tapent directement le nom d'une ville. Il s'agit d'habitudes que nous devons prendre en compte pour coller le plus possible à chacun.

 

Comptez-vous tirer profit de la mode des réseaux sociaux ?

"Les réseaux sociaux sont complémentaires de Match"

Oui, car leur activité est complémentaire à la notre, dans la mesure ou un réseau social sert avant tout à maintenir des relations avec des gens. Nous avons d'ailleurs récemment lancé une application pour Facebook, "Little Black Book", encore en version bêta et disposons d'un partenariat publicitaire avec MySpace. Les réseaux sociaux constituent aujourd'hui la une source non négligeable de nouveaux membres pour Match.com. Nous devons aller chercher les célibataires là où ils sont, peut importe qu'ils utilisent directement Match ou accèdent à notre service via un autre site.

 

 
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Que représente aujourd'hui le marché de la rencontre en ligne ? Comment va-t-il évoluer ?

Aux Etats-Unis, où nous réalisons 70 % de notre activité, le marché est évalué à 650 millions de dollars. En Europe, il représente déjà 250 millions de dollars. D'ici 2011, il devrait plus que doubler pour atteindre 540 millions de dollars. Il est donc important pour nous de consolider les positions fortes que nous occupons en Europe alors que le marché va grossir. Les gens se marient de plus en plus tard, divorcent de plus en plus facilement. Et avec la part croissante qu'occupe Internet dans la vie des gens, le marché de la rencontre en ligne va obligatoirement augmenter. Je pense d'ailleurs qu'on ne parlera bientôt plus de la rencontre sur Internet, mais de la rencontre tout court, tellement cette pratique sera répandue. Ce type de services deviendra à terme une façon naturelle de rencontrer des gens.

 

 
PARCOURS
 
 

Agé de 35 ans, Thomas Enraght-Moony est le PDG de Match.com depuis avril 2007. Il occupait précédemment le poste de directeur d'exploitation de la société depuis mai 2006 et assumait la responsabilité de l'exploitation et des opérations financières des activités mondiales du service de rencontres. Thomas Enraght-Moony a rejoint Match.com en novembre 2004 en tant que Directeur général adjoint et directeur général pour la région Amérique du Nord.

 

Avant d'intégrer Match.com, il occupait le poste de vice-président du commerce électronique au sein de AT&T Wireless. Il avait auparavant occupé plusieurs postes au sein des départements produits, marketing et technologie des sociétés E*Trade et Accenture.

 

Il est titulaire d'un Master en administration des affaires de l'Insead (Fontainebleau) et d'une maîtrise en économie et histoire de l'Université de Glasgow

 

 


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