Emanuele Levi (360 Capital Partners) "Nous investissons des tickets de 100 000 à 500 000 euros"

Membre fondateur de France Digitale et co-dirigeant de 360 Capital Partners, Emanuele Levi livre ses attentes en matière de capital-risque européen.

Quelle est l'histoire de 360 Capital Partners ? Où en est l'activité de votre fonds ?

"Nous visons la création d'un nouveau fonds de 100 millions d'euros"

Nous sommes actifs dans le capital risque en France depuis 1997 et nous avons géré quatre fonds d'investissement. Aujourd'hui, notre fonds de 100 millions d'euros levé en 2007 arrive en fin de vie. Notre nom reflète clairement notre stratégie de vouloir investir à 360 degrés dans les technologies de l'information et de la communication. A plus de 50% dans le digital, et à 25% dans les cleantech. Nous sommes actuellement en cours de levée. Nous visons la création d'un nouveau fonds de 100 millions d'euros.

Quel est la nature de vos investissements ?

Notre activité est historiquement franco-italienne et nous investissons en amorçage sur des tickets allant de 100 à 500 000 euros. Nos deals visent majoritairement des sociétés françaises, région où la dynamique de marché est très intéressante. En Italie, nous privilégions de manière générale les cleantech. Ailleurs, nos investissements se réalisent le plus souvent dans le cadre de coinvestissements.

Quels dossiers ciblez-vous dans l'e-business ?

"On attend encore de vrais succès dans le mobile"

Nous visons dans ce secteur des services de consommation sociale, de web-to-shop, des verticaux e-commerce et encore des services mobiles où l'on attend l'émergence de vrais succès. Notre portefeuille compte des sociétés comme Qapa, Aramis Auto, Leetchi, Iminent, Sojeans ou encore Yellow Corner.

En tant que membre fondateur de France Digitale, quel est votre regard sur l'écosystème français ?

Dans le digital, La France atteint en effet une certaine maturité au sein d'un écosystème qui a désormais plus de quinze ans et où beaucoup d'investisseurs sont actifs depuis une dizaine d'année. On y trouve également des fonds d'entrepreneurs qui soutiennent beaucoup la communauté et qui apportent leur expertise à d'autres investisseurs plus traditionnels lors de coinvestissements. Chez 360 Capital Partners, nous sommes également intéressés par l'émergence des clusters européens comme à Berlin car on y trouve des sociétés dont la culture américaine est davantage marquée.

Les fonds français sont-ils en réelle difficulté ?

"Les fonds se dirigent vers des investisseurs moins classiques, industriels ou family offices"

Le sujet de la levée de fonds est plus simple qu'il n'y paraît. L'interrogation qui se pose dans notre écosystème concerne principalement le manque d'investisseurs institutionnels. Nous avons donc moins d'interlocuteurs et les fonds se dirigent alors naturellement vers des investisseurs moins classiques, industriels ou family offices.

Qui sont vos investisseurs institutionnels ? N'est-il pas complexe de gérer la présence d'acteurs paneuropéens ?

"Nous attendons avec impatience le passeport européen pour les fonds"

Nous avons le Fonds européen d'investissement, la Caisse des dépôts ainsi que des établissements bancaires et d'assurances français et italiens. En Italie ce sont les FCPR qui ne fonctionnent pas très bien et dans tous les cas, il y a un vrai problème de transparence fiscale entre les deux pays. C'est pourquoi nous attendons avec impatience le passeport européen pour les fonds. Un travail de lobbying est actuellement en cours auprès de l'Union Européenne et de l'European private equity and venture capital association (EVCA). Mais les capital-risqueurs italiens sont encore de trop petite taille. Les investissements en Italie sont aujourd'hui 7,5 fois moins importants en valeur qu'en France.

Titulaire d'un diplôme en économie d'entreprise de l'Université de Turin, Emanuele Levi débute sa carrière en 1993 chez Unicredito Italiano Group à Londres où il reste quatre ans dans la branche fusion-acquistion. Il rejoint Bain & Co en 1996 à Milan puis intègre Lazard Investment Banking en 1999. Il rejoint Pino Venture Partners en 2005 où il reste cinq ans avant de devenir associé chez 360 Capital Partners. Emanuele Levi a également suivi un programme de corporate finance à la London Business School.