2015 : le démantèlement de Google ? L'objectivité de l'algorithme de Google en question

Pour mener à bien son investigation, la Commission européenne devra répondre à une question : les algorithmes sur lesquels Google se base pour effectuer le classement des résultats de recherche et noter la qualité des liens sponsorisés de ses annonceurs sont-ils objectifs ? La commission devra notamment déterminer si les déclassements que peut infliger le groupe à certains acteurs sont uniquement liés à ses algorithmes ou s'il a lui-même introduit des biais pour modifier ses services. Pour obtenir une réponse, la Commission européenne pourrait avoir à forcer Google à dévoiler une partie de son code source (même s'il ne sera pas rendu public pour autant) afin d'en évaluer l'objectivité.

A cette question, certains acteurs répondent par l'affirmative. Spécialiste du référencement et éditeur du métamoteur Seek.fr, Bertrand Floury s'est vu au début du mois de décembre infliger un "minus 50" par le moteur, une sanction caractérisée par un déclassement du site, qui l'empêche de dépasser la cinquième page de résultats sur toutes les requêtes, nom de domaine compris. "J'ai été déclassé sans explication de Google, raconte-t-il, précisant qu'il n'a pas modifié ses techniques de référencement. Google, c'est 60 % du trafic de Seek.fr et 75 % de son chiffre d'affaires. Du jour au lendemain, je suis devenu déficitaire pour ce site." 

bertrand floury, responsable de seek.fr
Bertrand Floury, responsable de Seek.fr © S. de P. Seek.fr

Pour Bertrand Floury, la subjectivité de Google ne fait guère de doutes. "Google se réfugie derrière un algorithme pour justifier les déclassements, mais c'est faux. Les décisions de déclassement sont prises par des humains. Ce sont des opérations coup de poing menées par Google, contre des sites dont il considère que le contenu n'est pas pertinent."

Google a d'ailleurs lui-même apporté un début de réponse intéressant. Début décembre, le groupe a publié un communiqué sur son blog officiel pour répondre à une enquête du "New York Times" racontant comment un cybermarchand indélicat avait profité d'une faille dans l'algorithme du moteur pour remonter dans les résultats de recherche. "Nous avons développé une solution algorithmique qui détecte le marchand mentionné par l'article du Times ainsi que des centaines d'autres marchands qui, selon notre opinion, apportent une expérience utilisateurs pauvre aux internautes", explique le groupe. En mettant en avant son "opinion" pour modifier son algorithme, le moteur reconnaît donc implicitement la subjectivité de son service.