Deezer prépare son IPO pour "faire partie des acteurs qui resteront à la fin"

Deezer prépare son IPO pour "faire partie des acteurs qui resteront à la fin" L'introduction en bourse de Deezer, qui devrait avoir lieu avant la fin de l'année sur Euronext, pourrait valoriser le service de streaming de musique au-delà du milliard de dollars.

Deezer va entrer en bourse. Le service de streaming français a annoncé, mardi, son intention de s'introduire sur Euronext à Paris d'ici la fin de l'année, selon les conditions de marché. La start-up ne donne cependant pas encore d'objectif de valorisation pour son IPO. En 2012, Deezer avait levé 100 millions d'euros auprès du milliardaire russo-américain Leonard Blavatnik –également propriétaire de Warner Music- via sa holding Access Industries pour une valorisation de 300 millions d'euros. Aujourd'hui, la start-up pourrait valoir plus d'un  milliard d'euros (1,1 milliard de dollars), selon les analystes, et faire ainsi partie du fameux club des licornes.

Aucun des actionnaires actuels de la société de cèdera de parts lors de l'IPO, qui se fera par création d'actions nouvelles, a révélé Hans-Holger Albrecht, directeur général de Deezer. La start-up aurait hésité entre un nouveau tour de table et une entrée en bourse, et a finalement opté pour la seconde solution. Avec son IPO, Deezer espère frapper un grand coup et envoyer un signal positif au marché, au public et à ses investisseurs.

Objectif : rentabilité fin 2018

6,3 millions d'abonnés mais seulement 1,5 million en direct

"Nous allons investir massivement en communication et en marketing auprès du grand public pour devenir positif à la fin de l'année 2018, explique Simon Baldeyrou, directeur de Deezer en France, à l'Obs. Nous pourrions être profitables avant, mais il s'agit d'un investissement pour attirer des abonnés et demain construire des revenus." Deezer compte réaliser un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros en 2018.

Fondé en 2007, Deezer revendique 6,3 millions d'abonnés payants dans 180 pays et un catalogue de 35 millions de morceaux. Parmi eux, 1,5 million le sont directement, et 4,8 millions proviennent d'accord noués avec des opérateurs télécoms comem Orange en France ou Vodafone en Allemagne. Et seuls 1,5 millions des abonnés payants ont été actifs pendant le dernier mois. En France, Deezer compte 1,5 million d'abonnés... Dont la majorité proviennent du partenariat avec Orange, renouvelé jusqu'à 2018.

La France, 50% du chiffre d'affaires en 2014

En 2014, la start-up a enregistré un chiffre d'affaires de 142 millions d'euros, en hausse de 53%, et au premier semestre 2015, Deezer a engrangé 93,2 millions d'euros. Mais la start-up qui investit énormément à l'international n'est pas encore rentable. En 2013, Deezer a dégagé un Ebitda négatif de 38 millions d'euros, ramené à 22 millions en 2014 et 12 millions au premier semestre 2015. Deezer France sort cependant son épingle du jeu : la France a représenté 50% du chiffre d'affaires global de Deezer en 2014 (74 millions d'euros), soit 7 millions d'euros d'Ebitda.

Trois majors détiennent 20% du capital

Acess Industries, holding de Len Blavatnik, détient aujourd'hui 26% de Deezer. Trois majors (Sony Music, Warner et Universal Music) ont quant à eux 20% des parts, mais sans droits de vote. Les fondateurs conservent 10% du capital, tout comme Orange et le fonds d'investissement Idinvest. Les investisseurs historiques complètent l'actionnariat : Xavier Niel, les frères Rosenblum et CM-CIC.

Le streaming prend le pas sur les ventes physiques

"Il y a un moment où les ventes de CD et les téléchargements vont s'effondrer, où le streaming va s'imposer partout", prédit Simon Baldeyrou à l'Obs. Et le basculement est déjà en marche. En avril dernier, la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) révélait dans son rapport 2014 sur le marché mondial de la musique que pour la première fois, les revenus ont été enregistrés à parts égales pour les ventes numériques (46%) et les ventes de disques (46%). Et les services de streaming par abonnement comme Deezer ont tiré la croissance des revenus du numérique vers le haut : ils enregistrent une hausse de revenus de 39% en 2014, à 1,55 milliard de dollars. Le streaming a représenté 32% du chiffre d'affaires issu du numérique en 2014. Bloomberg vient par ailleurs de révéler qu'aux Etats-Unis, les ventes de musique en streaming ont surpassé pour la première fois les ventes physiques au premier semestre et ont représenté plus d'un milliard de dollars.

Deezer veut se placer dans le peloton de tête

En levant des fonds en bourse puis en accélérant à l'international, Deezer espère se faire une place aux côtés des acteurs les plus populaires du secteur. "Sur le marché aujourd'hui, Deezer et Spotify sont les produits les plus aboutis, même si Apple est capable de faire un produit très compétitif, analyse Simon Baldeyrou dans l'interview accordée à l'Obs. A terme, il n'y aura pas de place pour trop d'acteurs. Mais finalement, Deezer est dans le bon peloton, et fait partie des acteurs qui resteront à la fin."

Apple Music : 11 millions d'abonnés en un mois

Le suédois Spotify revendiquait au début de l'année 60 millions d'utilisateurs, dont 15 millions d'abonnés payants. La start-up qui a levé 1,1 milliard de dollars depuis sa création est valorisée 8,5 milliards de dollars depuis son dernier tour de table, en juin dernier. Quant à Apple Music, disponible depuis le 30 juin dernier, l'application a fait son entrée dans le top 15 des applis les plus populaires aux Etats-Unis dès juillet. Début août, le service comptait déjà 11 millions d'abonnés, dont deux millions à l'abonnement familial à 14,99 euros par mois. De quoi pousser Deezer à accélérer avant que la marque à la pomme n'établisse sa suprématie...