Jerry Yang (Yahoo) : "L'accord Yahoo-Google est meilleur que la proposition de Microsoft"

Le PDG de Yahoo a fait parvenir mercredi 25 juin une lettre aux actionnaires expliquant les raisons de l'accord passé avec Microsoft et celles du refus de l'offre de transaction de Microsoft. Extraits.

Chers actionnaires,

Nous vous écrivons pour vous tenir informés des derniers événements concernant Yahoo, y compris l'accord commercial récemment rendu public avec Google et l'issue de nos discussions avec Microsoft au sujet d'une transaction potentielle.

Le 12 juin, nous avons annoncé un partenariat non exclusif avec Google, dont nous attendons qu'il génère une augmentation approximative de notre flux de trésorerie opérationnel comprise entre 250 et 450 millions de dollars pour les douze premiers mois suivant sa mise en œuvre [...]. Cet accord constitue un pas important dans nos efforts de tirer parti de la forte croissance de la publicité en ligne [...] et créer plus de valeur.

[...] Selon l'accord conclu avec Google, Yahoo continuera à proposer un service de liens sponsorisés basé sur ses propres algorithmes, mais fournira également la possibilité d'utiliser le service de liens sponsorisés conçu par Google à côté des résultats de recherche de Yahoo. Google facturera directement les annonceurs pour chaque clic effectué sur ses liens sponsorisé. Il nous reversera ensuite des coûts d'acquisition calculés en fonction des clics générés sur Yahoo.

[...] Cet accord est non exclusif et permet à Yahoo de bénéficier d'une flexibilité stratégique. Il va nous permettre d'utiliser les services de Google sur certaines zones [du portail, ndlr] sur lesquelles Google est plus efficace pour monétiser notre inventaire, mais nous permet également de continuer à utiliser notre propre technologie là où nous pensons qu'elle est plus efficace. Cet accord doit nous permettre d'accélérer l'atteinte d'un de nos objectifs stratégiques et l'optimisation de la monétisation. En même temps, il permet à Yahoo de demeurer un acteur offensif du search et du display.

Il lest important de préciser que ce partenariat n'empêche d'aucune manière Yahoo de rechercher d'autres solutions susceptibles d'augmenter sa valeur. Cet accord peut par ailleurs prendre fin en cas de changement de contrôle de l'une ou l'autre des parties. Il n'exclut donc pas une transaction avec Microsoft, ni avec n'importe quel autre acquéreur potentiel dans le futur.


L'accord Yahoo-Google est plus profitable aux actionnaires que la proposition formulée par Microsoft

Nous souhaitons également vous donner quelques informations concernant la fin de nos discussions avec Microsoft concernant une éventuelle transaction. [...] La direction de Yahoo a à plusieurs reprises rencontré celle de Microsoft au sujet de sa proposition d'acquisition, à la fois avant et après le retrait de cette offre, le 3 mai. Le 8 juin, le président du conseil d'administration Roy Bostock ainsi que d'autres membres du conseil et de la direction de Yahoo ont à nouveau rencontré des représentants de Microsoft. Lors de cette réunion, Microsoft a indiqué de façon claire ne plus être intéressé par une acquisition totale de Yahoo, même dans la fourchette de prix qu'il avait précédemment proposée.

Microsoft a proposé une transaction alternative. Plus que l'acquisition de la totalité de l'entreprise comme il en a été question pendant des mois, Microsoft a proposé de n'acquérir que notre activité de recherche pour un milliard de dollars ainsi qu'un part de nos futurs revenus liés au search. Cette proposition comprenait également un investissement de 8 milliards dans Yahoo en échange d'un partenariat exclusif sur dix ans, qui nous aurait rendus dépendant de Microsoft pour l'ensemble de notre service de recherche. Cela aurait également conféré à Microsoft des droits de veto sur certaines actions de Yahoo, notamment sur une éventuelle vente. Le conseil d'administration et l'équipe dirigeante de Yahoo ont fait de grands efforts - et ont mené des négociations en profondeur - pour obtenir une offre raisonnable de Microsoft qui aurait fait du sens à la fois financièrement et stratégiquement parlant, mais sans succès.

Notre conseil d'administration et l'équipe dirigeante ont estimé que l'offre hybride de Microsoft lui aurait été utile mais aurait eu un impact significativement inverse pour Yahoo, laissant l'entreprise sans contrôle opérationnel de sa technologie de recherche que nous considérons comme essentielle pour atteindre notre objectif de devenir un leader sur les marchés convergents du search et du display. Le conseil d'administration et la direction ont également étudié attentivement l'impact financier de l'offre de Microsoft et ont conclu qu'il n'aurait pas apporté d'amélioration significative à notre flux de trésorerie. En bref, cette offre aurait généré moins de valeur pour les actionnaires de Yahoo que ne l'a affirmé Microsoft.

En considérant l'ensemble des facteurs clés - le renforcement de notre compétitivité, la protection de notre position stratégique, et la création de revenus financiers - l'accord conclu avec Google est bien meilleur que l'offre hybride proposée par Microsoft. C'est pour cela que nous sommes allés de l'avant.

L'actuel conseil d'administration a la connaissance, l'expérience et la responsabilité de représenter au mieux vos intérêts et maximiser vos investissements. [...] Compte tenu de l'agenda très serré de Monsieur [Carl] Icahn, il semble hautement improbable que lui ou sa liste [de candidats au conseil d'administration, ndlr] puisse apporter de la valeur à Yahoo [...].


Jerry Yang, président directeur général

Roy Bostock, président du conseil d'administration