Jeux d'argent en ligne : l'ouverture est-elle bénéfique ?

La fin du monopole français sur les jeux d'argent en ligne n'aurait pas de conséquences négatives sur les consommateurs ni sur les finances publiques, selon une étude commandée par l'association des opérateurs européens. Explication.

Les sites de paris et jeux d'argent maintiennent la pression. La France s'est pourtant engagée, devant la Commission européenne, à une ouverture modérée du marché français, "duopolisé" par la Française de Jeux et le PMU (lire Paris en ligne : la France s'engage sur une ouverture "maîtrisée" du marché, du 07/11/07). Mais en attendant les propositions de la commission mise en place par le gouvernement pour réformer le droit français, prévues initialement pour le mois de mars, les professionnels réunis dans l'Association européenne de jeux et paris (EGBA) entendent démontrer tous les bienfaits d'une ouverture à la concurrence. Pour cela, ils ont commandé à l'économiste Jean-Jacques Rosa une étude sur la question.

Cette étude, en fait une compilation de sources existantes, s'attache à réfuter les arguments avancés par les pouvoirs publics. A commencer par la protection des joueurs. L'Etat, à travers notamment les rapports du sénateur Trucy de 2002 et 2006, ainsi que des associations, ont avancé des risques de dépendance accrus sur le Web. Pour le professeur Rosa, les études disponibles montrent qu'une très faible proportion de joueurs en ligne ont un comportement "excessif". Elle serait de 1 % selon une étude américaine, de 0,7 % en Norvège et de 0,5 % au Royaume-Uni. Et même si il y avait un risque : "est-ce qu'un monopole d'Etat est de nature à protéger les joueurs contre eux-mêmes ?", s'interroge le professeur.

Deuxième argument contesté par l'étude de l'EGBA, la libéralisation menacerait les recettes fiscales de l'Etat. Or si l'ouverture devrait entraîner une baisse des prix, donc des taxes perçues, elle permettra une augmentation des volumes, donc de l'assiette globale. Par ailleurs, le développement des sites de jeux d'argent ne concurrencerait pas les activités offline de la Française des Jeux et du PMU. Au Royaume-Uni, les jeux en ligne autorisés ne représenteraient que 6 % du secteur. Et les profils de joueurs sont différents sur le Web.

Dernier argument en faveur de l'arrivée de nouveaux entrants en ligne : la lutte contre les pratiques criminelles comme le blanchiment d'argent ou l'organisation de paris truqués. La libéralisation permettrait de limiter l'illégalité en faisant entrer dans la légalité des sites aujourd'hui interdits. Par ailleurs, le support Web est un bon outil pour détecter des comportements frauduleux et suspects. Les professionnels de l'association se disent prêts à fournir le cas échéant ces informations à la police.  

En marge de cette présentation, l'EGBA a rappelé sa position qui se veut rassurante. "Les scénarios catastrophes sur la libéralisation du marché sont largement exagérés, a déclaré Sigrid Ligné, sa secrétaire générale, ajoutant : "nous attendons de savoir quel type d'ouverture est proposée. Mais nous nous alignerons. Nous suivons des règles ailleurs, nous les suivrons en France". Reste à savoir ce que sera cette "ouverture modérée".