Microsoft voulait racheter le moteur de Yahoo

Yahoo a révélé les détails de l'offre alternative de Microsoft dans une lettre à ses actionnaires. Microsoft proposait de racheter son moteur de recherche plus 16 % de son capital contre 8 milliards de dollars.

Jerry Yang et Roy Bostock passent à l'offensive. En vue de l'assemblée générale des actionnaires qui se tiendra au début du mois d'août, le co-fondateur de Yahoo et le président du conseil d'administration cherchent à récupérer la confiance des investisseurs, qui devront élire les neuf membres du conseil d'administration du groupe. Dans un courrier adressé mercredi 25 juin à l'ensemble des actionnaires, ils expliquent les raisons du capotage des différentes discussions engagées avec Microsoft, au profit de Google.

Selon ce document, Microsoft a officiellement indiqué dès le 3 mai n'être plus intéressé par un rachat complet de Yahoo. Un peu plus d'un mois après ce retrait, le groupe dirigé par Steve Ballmer a en revanche proposé une solution alternative qualifiée "d'hybride" : le rachat du seul moteur de recherche de Yahoo, pour un milliard de dollars. Les revenus publicitaires générés par le moteur auraient été partagés entre les sociétés.

Un tel partenariat était soumis à une clause d'exclusivité, écartant de fait Google de toute entente avec Yahoo. Autre élément de l'offre, Microsoft se proposait d'investir quelque 8 milliards de dollars dans Yahoo, et obtenir ainsi près de 16 % de son capital. Un tel accord aurait donné un droit de veto à Microsoft sur les orientations de Yahoo, en particulier en cas de revente du groupe à un acquéreur potentiel.

Pas de quoi satisfaire la direction de Yahoo, dont la principale crainte était de rendre son groupe dépendant de Microsoft pour son service de recherche. " Le conseil d'administration et l'équipe dirigeante de Yahoo ont fait de grands efforts - et ont mené des négociations en profondeur - pour obtenir une offre raisonnable de Microsoft qui aurait fait du sens à la fois financièrement et stratégiquement parlant, mais sans succès", indiquent Yang et Bostock.

Les dirigeants du portail ne manquent justement pas de souligner le caractère non exclusif de l'accord noué avec Google, qui doit offrir à Yahoo une "flexibilité stratégique" destinée à optimiser la monétisation de son inventaire publicitaire. Le partenariat prévoit en effet que Yahoo puisse utiliser conjointement l'algorithme de liens sponsorisés de Google et sa propre technologie, "là où nous pensons qu'elle est plus efficace".

"Il lest important de préciser que ce partenariat n'empêche d'aucune manière Yahoo de rechercher d'autres solutions susceptibles d'augmenter sa valeur. Cet accord peut par ailleurs prendre fin en cas de changement de contrôle de l'une ou l'autre des parties. Il n'exclue donc pas une transaction avec Microsoft, ni avec n'importe quel autre acquéreur potentiel dans le futur", assurent le PDG et le président du conseil d'administration de Yahoo.

Jerry Yang et Roy Bostock semblent donc bien décidés à défendre leur bilan, en répondant aux accusations lancées par certains actionnaires mécontents de l'échec des offres successives de Microsoft. Parmi les plus influent, l'activiste Carl Icahn, qui cherche à renverser le conseil d'administration et débarquer Jerry Yang.

Le milliardaire a déjà accusé les dirigeants de Yahoo d'avoir en toute hâte un plan d'indemnités pour les salariés souhaitant quitter l'entreprises en cas de rachat. Selon Icahn, cette manœuvre, comme l'accord passé avec Google, visait à dissuader tout acquéreur potentiel. "Monsieur Icahn presse Yahoo d'arriver à un accord avec Google qui n'exclue pas une future transaction avec Microsoft. C'est exactement ce que nous avons fait" lui répondent Yang et Bostock.