Bonnes feuilles : cybercriminalité et contrefaçon Internet, terrain idéal pour la mafia ?

"Internet offre-t-il des opportunités à ce « milieu spécial » ? Espace décentralisé et anonyme, le web présente a priori de solides atouts pour des organisations criminelles. En effet, la plasticité et l'interconnexion permanentes du réseau des réseaux semblent proposer des occasions réelles à un « phénomène mouvant en constante évolution » (45) ou à un « mécanisme plutôt qu'une structure » (46). Pourtant, force est de reconnaître qu'à l'instar des organisations criminelles dans le monde réel, les éléments prouvant l'existence de filières transnationales organisées – voire de mafias – sur internet sont pour le moins fragiles en ce qui concerne le cadre d'étude de cet ouvrage, c'est-à-dire la contrefaçon de biens matériels et les industries créatives. Ce déficit de sources fiables ne prouve évidemment pas que de telles structures ou filières sont inexistantes. On peut d'autant plus émettre cette hypothèse que les liens entre la contrefaçon et les « organisations criminelles » – ou plutôt « Systèmes criminels » – ont une relative visibilité."

(45) Jean-Louis Briquet, « Comprendre la mafia. L'analyse de la mafia dans l'histoire et les sciences sociales », Politix, vol. 8, n° 30, deuxième trimestre 1995.


(46) Expression du journaliste italien Roberto Saviano. Selon lui : « Le mot camorra n'existe pas, c'est un mot de flics, utilisé par les magistrats, les journalistes et les scénaristes. [...] Celui que les membres d'un clan utilisent pour se désigner est Système. Un terme éloquent, qui évoque un mécanisme plutôt qu'une structure ». Roberto Saviano, Gomorra. Dans l'empire de la camorra, Gallimard, 2009, p. 5. À noter que dans un récent documentaire diffusé sur ARTE, le député au Parlement européen Rosario Crocetta préfère utiliser l'expression « parasite » et confirme également celle de « Système » et non d'« anti-Système » ou d'« anti-État » pour qualifier ces organisations criminelles. Source : La Mafia, organisation parasite, de Carmen Butta, ZDF, 2010, 52 mn.