Co-création d'internautes : succès ou échec ? La professionnalisation des communautés attire les agences

Née sur l'idée de confier à la "foule" certains contenus publicitaires, la co-création sur Internet s'est en réalité rapidement professionnalisée. Les membres de plusieurs de ces communautés sont en grande majorité des professionnels spécialisés dans leur domaine. Creads estime par exemple que 50 % de ses inscrits sont des graphistes professionnels indépendants et 30 % travaillent par ailleurs en agence. Le reste se compose d'étudiants, de retraités du secteur et enfin de quelques passionnés.


Chez eYeka en revanche, moins de 10 % de professionnels composeraient la communauté. Une proportion faible qui peut s'expliquer par la montée en puissance de l'activité relevant du "panel de consommateurs".


Finalement, le modèle de la co-création semble surtout fonctionner si les internautes ne sont pas des amateurs. Dans ce nouveau positionnement, le site remplace l'agence. "Nous sommes partis du constat qu'il est souvent difficile pour une entreprise de travailler avec une agence ou un freelance. Les tarifs sont exorbitants et les délais fréquemment dépassés. En plus, il n'y a à l'arrivée qu'un nombre limité de propositions", assure Julien Mechin.

julien braun, directeur général de blogbang.
Julien Braun, directeur général de Blogbang. © S. de P. Blogbang

Signe de l'intérêt des entreprises, Creads met à leur disposition sa plate-forme en marque blanche. De quoi les rassurer en partie sur la confidentialité de leurs demandes.


Les communautés de créatifs se professionnalisant, les agences de publicité s'y intéressent de plus en plus. eYeka travaillerait de plus en plus avec elles - même si les annonceurs restent majoritaires - tout comme Creads. "Les agences viennent nous voir pour trouver des idées mais aussi pour nous demander de leur trouver le meilleur créatifs pour une campagne particulière", indique Julien Mechin, qui précise que les agences représentent près de la moitié de ses clients.


Mais pour Julien Braun, le positionnement de communauté de freelance est risqué, car "les agences de création vont le faire en interne".


Malgré cette professionnalisation, la co-création par les particuliers n'est pas morte. En Asie notamment, où sont implantés eYeka et Creads, les internautes participeraient davantage. eYeka a réduit ses pertes et vise l'équilibre cette année. De son côté Creads a l'intention d'élargir son offre en organisant des créations plus complexes de publicité vidéo et de design sonore.