Canal+ devient gratuit sur le Web pour attirer les annonceurs

Chez Canal+, la rentrée n'est pas seulement synonyme de nouvelle grille de programmes. La chaîne cryptée a présenté, lundi 3 septembre, la nouvelle version de son site web, Canalplus.fr. Accessible depuis quelques jours en version bêta, la nouvelle vitrine de la chaîne remplacera officiellement le site actuel dès le 15 septembre.

Exit le site purement promotionnel de la chaîne, les responsables de la filiale de Vivendi ont voulu un nouveau média dans le prolongement des programmes de l'antenne et du fameux "esprit Canal". Seule différence avec la pay-TV : l'accès aux contenus du site sera gratuit et ouvert à tous. Les responsables du site, qui revendique aujourd'hui 1,6 million de visiteurs uniques par mois, souhaitent ainsi doubler son audience d'ici un an.

Mais la chaîne compte surtout sur la participation des internautes eux-mêmes, via un service baptisé Créa+. Dès le lancement public du site, les internautes seront incités à envoyer leurs propres vidéos. Après sélection, les meilleures créations seront diffusées sur le site ainsi qu'à l'antenne. Certains auteurs seront même invités dans les émissions. "Il nous semble valorisant pour les internautes de pouvoir passer à l'antenne", explique Hervé Simonin, directeurs des médias numériques de la chaîne. Canalplus.fr entend également stimuler l'imagination de ses internautes en rémunérant les contenus "les plus remarquables" qui lui seront envoyés en rémunérant leurs auteurs à hauteur de 50 euros par mois de diffusion sur le site. La chaîne estime qu'à terme, un tiers des contenus proposés sur son site aura été créé par les internautes.

Canalplus.fr n'entend pas pour autant jouer pas dans la même cour que les sites de partage de vidéos. La chaîne préfère afficher des ambitions de "média premium". "Aujourd'hui, le Web dérape un peu en termes de qualité des contenus. Tout le monde peut créer ses vidéos, mais peu de gens ont réellement quelque chose à dire", estime Frédérik Legrand, directeur associé de Duke, l'agence qui a conçu le site. "Canal+ veut aller à l'encontre de cette tendance en sélectionnant à priori les meilleures vidéos qui lui seront envoyées", plutôt que de toutes les diffuser.

Canal+ se défend d'ailleurs de vouloir concurrencer les sites de partage de vidéos, tels YouTube ou Dailymotion, avec lesquels les relations n'ont pas toujours été au beau fixe. "Nous avons désormais des rapport plus sains avec ces sites, car ils nous ont fourni des outils permettant de bloquer plus efficacement l'envoi par des internautes de nos programmes sur leurs plates-formes", dit Hervé Simonin. Mais quitte à laisser ces programmes en accès gratuit sur la Toile, la chaîne préfère en maîtriser la diffusion.

Pour la chaîne cryptée, l'enjeu est autre : se reconnecter avec les jeunes, qui sont à ses yeux ses abonnés de demain. "Nos clients s'abonnent pour la première fois autour de 30 ans", note Rodolphe Belmer, le directeur des programmes de Canal+. L'idée est donc d'animer une communauté d'internautes autour de l'esprit de la chaîne, qui devront s'inscrire gratuitement pour profiter de l'ensemble des contenus que son site diffuse. Cette communauté web devrait ainsi permettre à Canal+ de constituer une base de prospects.

Les dirigeants de Canal+ espèrent également séduire les annonceurs. Car le site adopte désormais un modèle économique basé sur la publicité. Hervé Simonin, évalue le marché publicitaire sur la toile à près de 1 milliard d'euros en 2007, soit un tiers des recettes publicitaires de la télévision. Les annonceurs auront la possibilité de réserver des espaces indifféremment sur la chaîne ou son site. Un pack publicitaire incitera les sponsors de programmes de l'antenne à parrainer également ces contenus lorsqu'ils seront retransmis sur le Web. "Nous allons beaucoup investir dans les études de profiling, de durée d'écoute et de mémorisation de campagnes", précise Roger Coste, le directeur général de la régie de la chaîne. "Notre objectif est de faire de Canalplus.fr un média rentable publicitairement dès l'année prochaine", explique Rodolphe Belmer.