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11/07/2007

L'UFC-Que Choisir publie un contre-observatoire du mobile

Pour dénoncer les "mythes" véhiculés par les opérateurs de téléphonie mobile, l'UFC-Que Choisir publie un contre-observatoire sur ce marché, qu'elle considère toujours comme verrouillé.
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Quatre mois après la publication de son observatoire économique de la téléphonie mobile, l'Association française des opérateurs mobiles (Afom) est contredite par l'UFC-Que Choisir. L'union de consommateurs a rendu public, mardi 10 juillet, son "contre-observatoire" destiné à "combattre les mythes" véhiculés par les opérateurs. Grilles tarifaires opaques et prix similaires d'un opérateur à l'autre, incitations à s'engager 24 mois et à prendre un forfait plutôt qu'une carte prépayée : le client mobile se retrouve vite sans le savoir dans une "prison dorée".

 

Moins d'une semaine après la confirmation par la Cour de cassation de la sanction d'Orange, SFR et Bouygues Telecom pour entente illicite (lire La justice confirme l'entente illicite entre opérateurs mobiles, du 03/07/07), l'union de consommateurs ne relâche pas la pression sur les principaux acteurs du marché. "Nous ne pouvons pas affirmer qu'il existe encore une entente entre les trois plus gros opérateurs. Mais à défaut, nous essayons d'expliquer qu'un certains nombre de facteurs ont les mêmes répercussions sur le marché", indique Alain Bazot, le président de l'UFC-Que Choisir.

 

Loin du discours enchanteur de l'Afom qui présente des opérateurs français parmi les moins chers d'Europe, un "développement exceptionnel" du secteur "au bénéfice des consommateurs", l'union de consommateurs se veut sévère. Selon l'UFC, le marché des services mobiles connaît un "retard historique" en termes de pénétration. Avec un taux de pénétration de 82,6 %, la France reste largement en dessous de la moyenne de l'Europe des 25 (104 % pour les réseaux 2G et 3G). Pour l'UFC, ce taux est d'autant plus préoccupant que même certains pays émergeants de l'UE connaissent une meilleure pénétration : de 71 % en 2005, la Pologne est passée à un taux de pénétration de 91 %. En comparaison, la France est passée de 75 % à 82 %.

 

LE MARCHE DE LA TELEPHONIE MOBILE EN FRANCE
Opérateur
Part de marché
Orange
46 %
SFR
34 %
Bouygues Telecom
17,2 %
MNVO (total)
2,80 %
Source : UFC-Que Choisir / 2007

 

Même constat pour le marché des SMS, considéré comme l'un "des moins dynamiques d'Europe" par l'UFC. Pas de réticence typiquement française à l'usage des textos pour expliquer ce retard : "les prix unitaires d'envoi de SMS n'ont pas varié depuis 1999 chez les trois opérateurs", s'exclame Julien Dourgnon, directeur des études de l'UFC. Facturés entre 10 et 15 centimes d'euros, les SMS des opérateurs français sont plus chers que ceux de leurs voisins européens, alors qu'ils devraient être facturés aux alentours de 1,5 centime d'euro, si les opérateurs répercutaient l'amortissement global de leur réseau.

 

Tandis que le trafic mobile a explosé en France de 160 % entre 2000 et 2006, les baisses de tarifs accordées ont été modestes au regard de l'amortissement des réseaux 2G. "Les économies d'échelle ont été très importantes et n'ont pas été entièrement répercutées", permettant aux opérateurs de garder une "très bonne santé financière", selon Edouard Barreiro, chargé de mission à l'UFC-Que Choisir et co-auteur de l'étude.

 

En comparaison, la 3G reste relativement peu développée. "La France est le seul grand marché européen à ne pas avoir au moins quatre licences UMTS", déplore Edouard Barreiro. "Le futur du mobile en France, ce sera donc toujours trois opérateurs."

 

Le marché français du mobile serait donc tout sauf concurrentiel. Les parts de marché des trois principaux acteurs restent stables depuis 2000 et celle de l'ensemble des MVNO ne dépasse pas 3 %. "Les trois grands opérateurs n'ont favorisé leur apparition que lorsqu'ils ont réalisé qu'ils ne pouvaient pas freiner la concurrence indéfiniment", explique Edouard Barreiro. "Ils ont alors ouvert la porte au plus grand nombre d'opérateurs virtuels afin de les atomiser." Résultat : aucun MVNO ne pèse suffisamment sur le marché pour négocier des tarifs de gros à la baisse.

 

LE MARCHE DES MVNO EN FRANCE
Opérateur
Part de marché
Tele 2
26 %
NRJ
22 %
Virgin Mobile
22 %
Debitel
11 %
Breizh Mobile
7 %
Autres
12 %
Source : UFC-Que Choisir / 2007

 

 
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Pour améliorer la concurrence, l'UFC-Que Choisir formule des propositions. A l'Arcep, elle demande une baisse des tarifs de terminaison d'appel et des tarifs de gros que facturent Orange, SFR et Bouygues Telecom aux MVNO. Au secrétaire d'Etat à la Consommation Luc Chatel, elle réaffirme son souhait de "limiter impérativement les engagements à douze mois" pour les forfaits, contre 24 mois actuellement. Pour la quatrième licence mobile, dont l'appel à candidatures arrive à échéance le 31 juillet, l'UFC presse le gouvernement d'accorder des conditions financières plus "accessibles". Au passage, l'union de consommateur tire un bilan personnel de ce rapport. "Il démontre notre demi-échec, car malgré nos efforts, ce marché reste toujours verrouillé", regrette Alain Bazot.

 


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