Roaming : Bruxelles exige une baisse des prix sur les SMS et les données

Viviane Reding est en guerre contre les tarifs de roaming que se facturent entre eux les opérateurs mobile pour utiliser leurs réseaux. Des tarifs qui sont ensuite répercutés sur les consommateurs. Après avoir imposé une baisse des tarifs de roaming (ou "itinérance"), mise en place le 30 juin 2007 (49 centimes (hors taxe) pour les appels émis et 24 centimes pour les appels reçus), la commissaire européenne en charge de la Société de l'information s'attaque aux coûts des SMS et des données, reçus ou envoyés depuis un autre pays de l'Union européenne.

Comme elle l'a fait pour la voix, Viviane Reding commence par menacer les opérateurs d'imposer des baisses par une législation européenne ou via les régulateurs nationaux. Pour ne pas en arriver là, les tarifs doivent diminuer de manière "significative" avant le 1er juillet 2008, soit un an après les tarifs de roaming voix. La commissaire a lancé cet ultimatum depuis le congrès mondial mobile de Barcelone, où l'industrie du mobile se donne chaque année rendez-vous.

La Commission a reçu un rapport du groupe des régulateurs européens (ERG) évaluant les prix du roaming aux deuxième et troisième trimestre 2007. Les différences d'un pays à l'autre sont frappantes. Le prix d'envoi d'un SMS, stable d'un trimestre à l'autre, est en moyenne de 29 centimes, mais varie de 18 centimes à Malte à 50 centimes en Espagne en passant par 23 centimes en France et 28 centimes au Royaume-Uni. Le transfert de données a légèrement diminué entre avril et septembre, passant de 5,81 à 5,24 euros par megabit. Au troisième trimestre, ce prix était inférieur à 4 euros en Allemagne, de 5,5 euros au Royaume-Uni et de 11 euros en Pologne. Contrairement au SMS, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne, avec 7,6 euros.

Opposition des opérateurs

Pour Viviane Reding, une baisse des tarifs du roaming pour les données permettrait de faire décoller l'Internet mobile en Europe, dont elle juge la croissance décevante jusqu'à présent. A conditions que les opérateurs changent de modèle économique dans ce domaine. La commissaire veut un Internet mobile "aussi ouvert et facile d'utilisation que l'Internet fixe", avec l'apparition de forfaits.

La réponse des opérateurs ne s'est pas faite attendre. Pour Rob Conway, le président de l'association GSM, regroupant plus de 700 opérateurs, le secteur est d'accord avec la nécessité de mettre en place des tarifs capables de permettre l'essor de l'Internet mobile. Mais cela ne doit pas se faire par la régulation des tarifs de détail, "compte tenu de la compétition entre opérateurs, et nous continuerons de résister à une telle régulation", a-t-il ajouté.

Une déclaration surprenante puisque Viviane Reding estimait également qu'une baisse des prix de gros était préférable à celle des prix de détail. En tout cas, le débat qui s'annonce sur les données rappelle celui sur la voix, au cours duquel les opérateurs assuraient également qu'ils n'avaient pas besoin de régulation pour baisser les prix.

La législation européenne sur la baisse du roaming pour les appels prévoit une nouvelle baisse des prix en 2008. Elle impose également à la Commission de faire des propositions sur le roaming "données" avant la fin de l'année. De nouvelles batailles avec les opérateurs attendent donc Viviane Reding en 2008.