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L'une des principales composantes de marché qui a un impact majeur sur le modèle économique des MVNO est le prix d'achat en gros de la minute de communication mobile. A l'inverse du marché français de l'ADSL, où les prix du dégroupage (prix facturé par France Télécom pour la location de sa boucle locale de cuivre aux FAI alternatifs) sont fixes et publics, le marché de gros du mobile n'est pas régulé en France. Les contrats d'achats de minutes se font donc de gré à gré entre l'opérateur hôte (Bouygues Telecom, Orange et SFR) et les MVNO.

 

Les prix d'achats de la minute sont donc des données hautement confidentielles, aucun MVNO ne souhaitant communiquer sur son avantage tarifaire négocié. Selon les analystes du marché, la marge moyenne dégagée par les MVNO en France sur le prix de revente de la minute de communication oscille entre 30 et 40 %. "Ces marges sont trop faibles et ne permettent pas de générer des bénéfices", estime Jérôme Birba, directeur exécutif de NRJ Mobile. "Pour dégager du profit, il faudrait une marge de 60 à 70 %, comme au Royaume-Uni", renchérit Geoffroy Roux de Bézieux, président de Virgin Mobile.

 

Faut-il dès lors réguler le marché et imposer un prix de gros unique et transparent ? La réponse ne fait pas l'unanimité chez les MVNO.

 

Certains se déclarent en effet satisfaits des conditions d'achat de la minute. Sans surprise, ce sont ceux qui ont le mieux négocié les prix de gros. "Tele2 Mobile a l'avantage, dans ses négociations avec son opérateur hôte Orange, d'être son plus gros client en termes de chiffre d'affaires de revente de minutes en gros", explique Grégory Gosset, directeur général adjoint de Tele2 Mobile. "Nos conditions d'achats de la minutes chez Orange sont satisfaisantes, indique de son côté Sébastien Mesnil, en charge de l'activité MVNO de Carrefour, car nous avons un poids certain dans les négociations."

 

"Nous sommes pour
le libre marché"
(Fabien hellemmes, Auchan Mobile)

Pour Fabien Dhellemmes, directeur commercial d'Auchan Telecom, la régulation du marché de gros est même exclue : "Nous sommes pour le libre marché. La différentiation entre les acteurs se fera sur les prix, l'avantage ira au plus fort qui saura mieux négocier au mieux les prix avec les MNO."

 

Face au manque de consensus de ses membres, l'association de lobbying des MVNO, Alternative Mobile, créée en septembre dernier, émet des revendications en demi-teinte : "Afin d'assurer une concurrence animée sur le marché français, garante d'une réelle baisse des prix et d'une amélioration qualitative des offres au profit des consommateurs, il serait nécessaire que les pouvoirs publics contribuent à la définition d'un environnement réglementaire et à la mise en place d'une régulation favorables à l'émergence de nouvelles offres compétitives émanant des MVNO", déclare-t-elle dans un récent communiqué.

 

L'avis du régulateur

 

"La question n'est pas savoir si les prix de gros sont trop élevés ou non, explique le porte-parole de l'Arcep Jean-François Hernandez, mais si le marché mobile en France est concurrentiel ou non, si il y a domination ou pas d'un opérateur. Or réguler un oligopole est plus subtil que réguler un monopole."

 

"Orange, SFR et Bouygues exercent une influence significative conjointe" (Arcep)

Comme tous ses homologues européens, le régulateur français a mené une analyse du marché du marché de gros de l'accès et du départ d'appel sur les réseaux mobiles. Sa conclusion, notifiée à la Commission européenne en avril 2005, était sans appel : "L'Autorité propose de conclure que Orange France, SFR et Bouygues Telecom exercent une influence significative conjointe sur le marché de gros de l'accès et du départ d'appel sur les réseaux mobiles en métropole et de leur imposer une obligation de faire droit aux demandes raisonnables d'accès des opérateurs mobiles virtuels."

 

Bruxelles a botté en touche et refusé d'agréer l'analyse du régulateur français. La raison officielle : entre temps, les trois opérateurs avaient accepté d'ouvrir leurs réseaux aux opérateurs mobiles virtuels. L'Arcep a donc annoncé qu'elle suspendait son analyse du marché et retirait son projet de décision, tout en plaçant désormais ces marchés sous surveillance afin d'apprécier, dans les faits, l'impact effectif des accords MVNO.

 

Une nouvelle analyse aurait dû être menée au plus tard fin 2006. Mais entre temps, une nouvelle composante concurrentielle du marché est apparue : l'appel à candidature pour la quatrième licence 3G ou l'éventualité de l'entrée d'un quatrième opérateur de réseau mobile en France. Dans l'intervalle, l'Arcep a donc différé l'engagement de l'analyse du marché de l'accès et du départ d'appel mobile. Problème : l'unique candidature - celle du groupe Iliad, la maison mère de Free - a été rejetée par l'Arcep le 9 octobre 2007.

 

"Un 4ème opérateur pourrait faire bouger les prix du marché de manière significative" (Jérôme Birba, NRJ Mobile)

Bonne ou mauvaise nouvelle pour les MVNO ? "S'il n'y a pas de quatrième opérateur de réseau mobile, le régulateur va intensifier sa surveillance du marché et sera probablement plus interventionniste sur les prix du marché de gros, résume Jérôme Birba, directeur exécutif de NRJ Mobile. A l'inverse, s'il y a un quatrième opérateur, le régulateur sera moins vigilent et les MVNO risquent d'être dans une position de négociation délicate. A moins que ce quatrième opérateur fasse bouger le marché de manière significative en cassant les prix du marché de gros."

 

Un dilemme. L'affaire n'est pas toutefois encore entendue puisque le ministère de l'Economie a indiqué que "toutes les options restent ouvertes", y compris donc celle d'accorder, comme le demande le groupe Iliad, un aménagement du paiement de la licence. Affaire à suivre…

 

Quoi qu'il en soit, depuis trois que les MVNO sont présents en France, ils subsistent sans régulation du marché de gros. Les abandons de Ten et Debitel sont d'ailleurs plus liés à un problème de taille critique, donc d'acquisition de clients. Mais quels sont les atouts des MVNO aujourd'hui présents sur le marché ? Quelles sont leurs stratégies de réussite ?

 


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