Antoine Ripoche (Captify) "Nous allons lancer notre moteur de recherche vocal"

Le patron France du spécialiste de la search intelligence explique pourquoi le vocal et le self-service sont ses deux prochains gros chantiers.

JDN. Captify, spécialiste de la search intelligence, prend le virage du vocal. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Antoine Ripoche est general manager France de Captify. © Captify

Antoine Ripoche. Cela fait maintenant un an que nous consacrons près de 50% de nos ressources en développement à l'élaboration d'une solution de search vocal. L'enjeu, c'est de permettre aux éditeurs et aux sites e-commerce de proposer à leurs clients l'expérience vocale la plus aboutie possible, qu'il s'agisse de la recherche ou de la navigation. Cela implique de mapper les sites et applications de chacun d'entre eux, et de bien s'imbriquer avec leurs catalogues produits par exemple, pour être capable de proposer les résultats les plus pertinents. C'est un vrai défi car le comportement search vocal est très différent du search classique. On y formule, par exemple, beaucoup plus de mots-clés par requête. De même, le moteur de recherche doit prendre en compte les accents ou les intonations.

Mais c'est primordial pour nos clients, comme le montrent les statistiques suivantes. D'ici 2020,  près de 50% des requêtes search seront vocales. Selon PWC, près de 71% des consommateurs préféreront utiliser la voix que de taper sur un clavier pour formuler une requête. Et selon des estimations de Gartner, les marques qui adapteront leur site à la voix et à la recherche visuelle augmenteront leur chiffre d'affaires e-commerce de 30% en 2021.

La concurrence sera rude avec Google et Amazon déjà bien positionnés sur ce créneau…

Google et Amazon sont effectivement, avec Google Assistant et Alexa, les deux principaux acteurs de ce marché. Mais je pense que nos clients sont à la recherche d'alternatives à ces deux solutions. D'abord parce que c'est problématique de laisser la main à des acteurs qui sont déjà hégémoniques sur des pans entiers du Web. Mais aussi parce que c'est compliqué pour un éditeur de site d'y aller seul. Aucun n'a la technologie sémantique ou le volume nécessaire de requêtes nécessaire.

Où en êtes-vous aujourd'hui ?

Nous venons de terminer les premiers tests avec un grand groupe de retail au Royaume-Uni et espérons sortir le produit en septembre.

Quel sera le business model ? Allez-vous rémunérer les éditeurs partenaires via des bundles "data plus média" ?

Nous ne communiquons pas sur cette information pour le moment. Mais l'ambition c'est bien évidemment de pouvoir exploiter les données ainsi récoltées à des fins marketing.

Ça ne posera pas de problème d'un point de vue privacy ?

Absolument pas, dès lors que l'internaute a été informé au préalable et qu'il a donné son consentement, dans le respect des règles édictées par le RGPD. Nous le faisons aujourd'hui déjà pour les requêtes écrites et ferons de même pour cette nouvelle offre.

Avez-vous identifié d'autres leviers de croissance ?

"En France, 78% de la donnée que nous détenons est exclusive"

Le succès de Captify s'est construit autour d'un modèle "managed services" qui voit les annonceurs et les agences nous confier la gestion de campagnes médias que nous optimisons grâce à notre data. Mais nous croyons aujourd'hui beaucoup au modèle "self-service" de par sa scalabilité. Nous allons donc permettre à nos clients d'utiliser eux-mêmes une plateforme d'insights. Ils accéderont aux près de 38 milliards de données que nous collectons chaque mois auprès de 2,2 milliards d'utilisateurs de nos partenariats éditeurs. Des données intentionnistes qui sont collectées en temps réel et peuvent être historisées sur 13 mois. La force de cette offre c'est aussi que, comme beaucoup de nos partenariats sont exclusifs, la donnée est en grande partie unique. En France, 78% de la donnée que nous détenons est exclusive.

Cela permettra à nos clients de faire beaucoup de choses. Par exemple un hedge fund peut s'appuyer sur nos insights pour déterminer les tendances à venir et orienter ses investissements en conséquence, un annonceur peut construire ses propres segments d'audience pour les activer en achat média...

Antoine Ripoche est general manager France de Captify. Au cours de sa carrière, il a fondé plusieurs sociétés et a notamment participé à la création de Makazi. Il a également fait ses armes pendant plus de 10 ans au sein d'agences digitales parmi lesquelles Dentsu Aegis et GroupM. En 2015, il rejoint la régie publicitaire vidéo Yume en qualité de country manager France.