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Interview
05/11/2007
"Sur le derniers trimestre, nous avons gagné 5 à 8 nouveaux clients par mois"
JDN. Qui est Kassius ? Florian Lang. Nous avons monté Kassius sur fonds propres en octobre 2000. L'agence regroupe aujourd'hui 48 personnes, à Paris où se trouvent le planning stratégique, le conseil et la créa, et à Annecy où se trouvent la direction technique et la R&D. En 2003, nous avons créé la division mobile, qui s'est d'abord développée sur les marchés asiatiques, et qui emploie 7 personnes. C'est aujourd'hui la seule agence mobile capable de déployer des stratégies de marque sur ce support. Car il existe surtout sur ce marché des agences qui ne sont que des prestataires techniques. La campagne mobile du 118 218, qui utilisait la technologie des tags mobiles 2D, est exemplaire dans ce domaine.
Quel est votre positionnement ? Comment vous différenciez-vous ? Nous sommes une agence conseil en communication interactive, au service de la marque. Pour nous, l'important, c'est l'interactivité des idées plus que l'interactivité des moyens. Nous racontons des histoires interactives. C'est pourquoi nous travaillons avec des clients online mais aussi offline, par exemple pour Boursorama, Virgin Mega, La Poste ou L'Argus. Notre démarche est globale. Cela nous donne un profil assez atypique. Nous nous rapprochons plus des modèles nés aux Etats-Unis comme Crispin Porter, Razorfish ou Digitas, que des agences intégrées françaises.
Comment fonctionnez-vous en interne pour mettre cela en place ? Avec des équipes dédiées par média ? Cela fait trois, quatre ans que des professionnels venant d'agences traditionnelles nous ont rejoints pour apporter leur savoir-faire offline. Nous sommes organisés en différentes divisions, qui sont toutes sous le même étendard. Nous avons notamment la division Influence, qui travaille avec des blogueurs actifs, pour des campagnes comme Neuf, 118 218, La Banque Postale ; une division Production, capable de déployer des budgets équivalents à ceux de la télévision, qui a travaillé par exemple pour Poweo. On ne sous-traite quasiment aucune prestation.
Comment traduisez-vous votre baseline, The close contact way ? Cela signifie trois choses : Garder le contact : face au morcellement médiatique, aux habitudes de consommation qui ont changé, au nouveau pouvoir des consommateurs, etc.
Etre une force de frappe créative : nous avons 15 directeurs artistiques pour cela. Aujourd'hui, les marques doivent interpeler et étonner pour se différencier. Notre positionnement historique a toujours été basé sur l'excellence créative, au service de l'efficacité. La preuve, nous avons reçu le grand prix Effie 2006 pour 118 218, qui récompense l'efficacité publicitaire. C'est cette approche qui nous permet de gérer des budgets dans lesquels l'acquisition est au cur de la problématique, comme Meetic, Neuf ou Boursorama. Enfin, c'est l'idée d'une nouvelle résonance : des actions qui pérennisent l'utilisation de l'interactivité au service des marques.
Ce qui fait votre spécificité sur le marché aujourd'hui, n'est-ce pas avant tout votre indépendance ? Comment se répartit le capital de l'agence ? Effectivement, nous sommes indépendants. Je détiens 90 % du capital, les 10 % restants appartenant au management de l'agence. Mais nous sommes surtout la seule agence à avoir remporté le prix Effie et à être capable de tout gérer en interne, du planning stratégique jusqu'au spot TV.
Comment envisagez-vous la suite, vis-à-vis de cette indépendance ?
L'indépendance est une notion purement capitalistique. Il est vrai que nous sommes très sollicités en ce moment, et nous restons à l'écoute du marché. Mais il n'est pas question de perdre notre force dans le cadre d'une acquisition, ce qui est arrivé à d'autres agences. Quand on ne divulgue pas le montant d'un rachat, en général c'est que l'agence était dans une impasse et que le rachat était devenu une nécessité En ce qui nous concerne, nous ne perdons aucun client, nous en gagnons, et nous sommes bénéficiaires, avec un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros et un résultat de 1,8 million d'euros.
Combien avez-vous gagné de clients cette année ? Sur les trois derniers mois, nous avons gagné entre 5 et 8 nouveaux clients par mois. Nous venons notamment de gagner le lancement de Windows Live Messenger. Sur les compétitions, nos concurrents sont les agences traditionnelles. Nous participons à beaucoup de pitchs.
Vous semblez très demandés. Comment choisissez-vous vos budgets ? Nous considérons que ce n'est pas le rôle d'une agence de refuser des clients. Toute problématique est intéressante. Si par exemple nous avons une valeur ajoutée sur un intranet, on y va. Ce n'est pas un choix par élimination. Cela étant, tous nos clients sont des grands-comptes. Il n'y a pas de PME dans notre portefeuille.
Vous travaillez pour Poweo, mais vous n'êtes pas à l'origine de la campagne décriée utilisant l'image de Sébastien Chabal, retirée à la diffusion. Pensez-vous que l'e-pub devrait obéir à des règles plus strictes ? Internet permet de faire des choses qui sortent du cadre, et c'est bien. Mais je crois aussi à la responsabilité que l'on a en tant que publicitaire. Le travail d'une agence, c'est aussi de protéger la marque. Il y a certainement de nouvelles règles à définir. Nous sommes d'ailleurs membre du BVP. Mais cela ne sert à rien d'être dogmatique et de vouloir appliquer forcément les règles des autres médias.
Quelle est la part de l'international dans votre activité ?
70 % de nos budgets possèdent une dimension internationale. Nous venons notamment de lancer le parfum Dior Addict en Asie. 20 à 25 % de notre chiffre d'affaires provient de l'international.
Et sur le mobile, à part la réussite de la campagne 118 218, quelles sont vos campagnes emblématiques ? Il y a par exemple Hennessy, pour qui nous gérons l'ensemble du relationnel interactif. Nous avons créé une application mobile téléchargeable sur le site de la marque, qui permet de créer des cocktails à partir d'ingrédients à disposition. C'est un exemple qui démontre que la communication sur mobile n'est pas forcément intrusive, et peut laisser place au service. Pour la Banque Postale, à l'occasion de leur partenariat avec la Route du Rhum, nous avons créé un jeu téléchargeable sur le site et sur des bornes bluetooth avec pour objectif de renforcer l'association entre la marque et l'événement, ainsi qu'un jeu concours dédié aux employés, avec des téléphones à gagner.
Vous réalisez des advergames sur mobile ? Nous avons lancé la division Kassius Game en 2002, avons édité de nombreux jeux, et possédons de ce fait une forte expérience dans la définition de gameplay spécifique au mobile. Pour la Banque Postale, par exemple, nous sommes partis de zéro pour concevoir le gameplay. Nous ne sommes pas là pour faire de l'instant gagnant par SMS.
Quels sont vos projets pour 2008 ?
Nous assistons à une évolution de la portée des actions interactives. Il faut se concentrer sur l'interactivité des idées, et consolider notre savoir-faire autour de trois axes : la créativité, l'efficacité et la dimension multicanal, avec des stratégies de plus en plus globales. Si on continue sur notre lancée, nous serons 70 ou 75 fin 2008. Nous allons poursuivre notre développement à l'international, en défendant les valeurs de la création française. Pour l'instant, nous fonctionnons avec des équipes dédiées en France, dans une logique flexible de groupes de travail, mais s'il le faut nous monterons des bureaux à l'étranger. Enfin, nous travaillons à des dispositifs de communication spécifiques autour de l'iPhone.
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