ACTU
23/04/2007
Le groupe de travail sur les télécoms livre ses propositions
Un mois après sa mise en place, le groupe de travail "sur les perspectives du secteur des télécommunications en France et en Europe" rend son rapport d'étape. Présidé par Pascal Faure, vice-président du Conseil général des technologies de l'information, il compte 14 membres, dont des représentants d'équipementiers (Alcatel-Lucent, Nortel, Nokia et Ericsson), des syndicats et des experts.
Créé par le gouvernement le 15 mars, quelques jours après l'annonce du plan social d'Alcatel-Lucent prévoyant 12.500 suppressions d'emplois dont 1.468 en France, le groupe devait faire des recommandations visant notamment à "ancrer les emplois de recherche et développement sur notre territoire". "L'objectif était de prendre de la distance avec un cas particulier, pour s'intéresser aux tendances de fond de l'ensemble du secteur", explique le président du groupe Pascal Faure.
Le délai d'un peu plus d'un mois pour la réalisation de ce rapport était imposé par la date de l'élection présidentielle. "Tous les membres du groupe ont travaillé d'arrache-pied pour tenir ce délais", précise Pascal Faure, qui indique que le gouvernement a donné au groupe jusqu'à la fin juin pour faire des propositions. En attendant, ce premier rapport dresse un état des lieux du secteur et donne quelques pistes.
Le document évoque un "paradoxe apparent sur la situation de la filière des équipements de télécommunications" : malgré le dynamisme du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC), cette filière fait des économies en licenciant une partie de ses employés. Un paradoxe qui ne serait qu'apparent puisque les équipementiers télécoms (dont quatre sont représentés dans le groupe de travail) sont en réalité soumis à une double pression, venant de leurs clients opérateurs d'une part, et de concurrents chinois d'autre part.
Des mutations dans la chaîne des télécoms expliqueraient les difficultés rencontrées aujourd'hui par les équipementiers. Leurs principaux clients, les opérateurs, eux-mêmes soumis à une concurrence importante qui limite la croissance de leurs revenus, répercutent cette pression sur leurs fournisseurs. Pour l'alléger, "les équipementiers doivent adapter leurs stratégies et positionnements, pour aller davantage vers l'aval de la chaîne de valeur (services, contenus, logiciels)", affirme Pascal Faure. Ces mutations du secteur expliqueraient déjà les nombreuses fusions, acquisitions et rapprochement du secteur (Alcatel-Lucent, Ericsson-Marconi, Nokia-Siemens...), ainsi que les suppressions d'emplois consécutives.
Pour poursuivre cette évolution, les équipementiers européens disposent d'atouts, indique le rapport. Ainsi, ils sont souvent des acteurs importants ou leaders sur les marchés mondiaux, leurs clients opérateurs sont également puissants, et ils disposent en Europe d'un réservoir important de compétences.
Les pouvoirs publics sont également appelés à favoriser ce repositionnement. Le rapport demande ainsi une harmonisation plus grande du marché européen, pour aboutir à des standards communs, une meilleure gestion des fréquences et une meilleur protection de la propriété intellectuelle. Il invite aussi les pouvoirs publics à développer les usages des TIC, notamment via le très haut débit et les "usages innovants" dans le e-commerce et le paiement en ligne.
Il demande également que les équipementiers européens
puissent "lutter à armes égales contre leurs concurrents américains
et asiatiques", en s'assurant du respect des règles internationales
et en favorisant les partenariats avec leurs clients. Enfin, pour anticiper les
mutations du secteur et leurs conséquences sur l'emploi, les 14 membres
du groupe de travail proposent la mise en place d'un système de "veille
prospective". Autant de pistes qui pourraient être développées
dans le rapport final prévu dans deux mois, sous réserve des choix
du prochain gouvernement.
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