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19/12/2007
SFR bientôt propriétaire de Neuf Cegetel ?
Le secteur des opérateurs télécoms semble sur le point de franchir une nouvelle étape avec, comme souvent, le groupe Neuf Cegetel au centre des négociations. A la différence que l'opérateur n'est cette fois-ci pas en position d'acheteur, mais d'éventuelle cible de rachat, par son actionnaire principal : SFR. Une rumeur qui court depuis des mois et qui semble sur le point de se concrétiser.
Mardi 18 décembre au matin, Neuf Cegetel confirme en effet la tenue de discussions entre ses deux principaux actionnaires, SFR et le groupe Louis Dreyfus. Dans l'attente de développements quant à ces discussions, l'opérateur a demandé la suspension de la cotation de son action sur le marché Nyse-Euronext, qui progressait de 1,97 % à 37,64 euros à l'ouverture de la Bourse. Vivendi, qui détient 56 % du capital de SFR, confirme également l'existence de négociations. L'opérateur mobile refuse de son côté de "commenter les discussions en cours", indique un porte-parole du groupe.
Le processus de rachat par SFR des 29,5 % du capital de Neuf Cegetel détenus par le groupe Louis Dreyfus est bel et bien sur les rails. Selon Le Figaro daté du 18 décembre, les négociations entre Jacques Veyrat, PDG de Neuf, et Jean-Bernard Lévy, celui de Vivendi, ont connu un coup d'accélérateur depuis dix jours. Les deux groupes auraient même présenté leur projet à Bercy, pour préciser les volets fiscal et concurrentiel de l'opération. Car celle-ci devra recevoir le feu vert des autorités de la concurrence, notamment au niveau de l'Union européenne. Déjà échaudé par le rachat de Tele2 par SFR, retardé de neuf mois par Bruxelles, Vivendi veut cette fois-ci assurer ses arrières.
Introduite à 22,08 euros fin octobre 2006, l'action Neuf Cegetel a bondi de 67 % en un an, affichant actuellement une capitalisation de 7,7 milliards d'euros. Selon La Lettre de l'Expansion du 17 décembre, SFR aurait l'intention de faire une offre à 40 euros par titre début 2008. A ce prix, SFR devrait donc débourser près de 2,5 milliards d'euros pour acquérir les 29,5 % du capital de Neuf détenus par Louis Dreyfus. Si l'opération se concrétise, SFR détiendra donc 70 % du capital du FAI et, suite logique, devra alors lancer une OPA sur le reste des actions. Soit un coût total estimé de l'opération - sur la base de 40 euros par titre - de 5 milliards d'euros. Une facture salée mais qui en vaut la chandelle pour SFR.
Enjeu : la convergence fixe-mobile
A l'heure où la convergence des réseaux fixe et mobile est le maître mot, SFR semble en effet un peu démuni face à son principal concurrent, Orange. L'opérateur mobile filiale de Vivendi a bien déjà fait des incursions dans le secteur de l'Internet fixe, en lançant il y a six mois sa propre offre triple play SFR Happy Zone + ADSL (lire l'article du JDN SFR lance son offre ADSL pour fidéliser ses abonnés mobiles du 28/03/2007), et en rachetant en octobre 2006 l'activité fixe et internet de l'opérateur suédois Tele2 France (lire l'article du JDN SFR acquiert le fixe et l'ADSL de Tele2 France du 04/10/2006).
SFR ne communique pas sur son parc d'abonnés à l'offre Happy Zone ADSL. L'opération de rachat de Tele2 France lui a quant à elle apporté un parc de 350.000 clients ADSL. C'est peu face à Orange, leader des marchés de la téléphonie mobile avec 23,5 millions de clients, et de l'Internet haut débit avec 6,9 millions d'abonnés ADSL au 30 septembre 2007. La position dominatrice de l'opérateur historique n'est cependant pas nouvelle. D'ailleurs, pendant des mois, Frank Esser, le PDG de SFR, a éludé la question du rachat des parts de Louis Dreyfus dans Neuf Cegetel en se déclarant très satisfait des 40 % de SFR. Les deux groupes entretiennent d'ailleurs de nombreux partenariats industriels : dans l'Internet fixe (l'offre ADSL de SFR passe par le réseau de Neuf Cegetel), dans le mobile (SFR est l'opérateur hôte de l'offre MVNO de Neuf), dans la fibre optique et dans le Wimax.
Mais face à la menace de l'arrivée sur le marché mobile d'un quatrième opérateur de réseau, Free potentiellement, SFR a donc décidé d'accélérer son mouvement de rapprochement avec Neuf Cegetel. La modification des conditions d'attribution de la quatrième licence 3G, et notamment l'étalement du paiement du prix de la licence fixé à 619 millions d'euros comme le réclame le groupe Iliad, maison mère de Free, semblent en effet sur le point d'être acceptés par le gouvernement. L'acquisition des plus de trois millions de clients ADSL de Neuf Cegetel permettrait ainsi à SFR de rentrer en force sur ce marché, et de prendre un avantage concurrentiel sur le terrain de la convergence face à Free et ses 2,77 millions de clients ADSL.
Si l'opération de rachat de Neuf Cegetel par SFR se concrétise, le secteur pourrait connaître d'autres bouleversements. Free, seul opérateur indépendant du marché français des télécoms, fait l'objet de nombreuses spéculations. Bouygues Telecom, dont les rumeurs de vente par sa maison mère Bouygues persistent également depuis des mois, annonce de son côté une offre ADSL triple play pour l'été 2008, en partenariat avec Neuf Cegetel.
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