Les FAI blâment les tarifs de gros de France Télécom

Pour améliorer leur compétitivité sur le marché de l'ADSL, les fournisseurs d'accès demandent à l'Arcep de baisser les tarifs de gros de France Télécom. L'opérateur capte plus de nouveaux clients que Free, Neuf Cegetel et Alice réunis.

Les FAI alternatifs ne recrutent plus. Au second semestre 2007 Alice a gagné 53 % de nouveaux abonnés en moins par rapport à 2006, Neuf Cegetel 28 % (hors acquisition de Club Internet), et Free 25 %. Signe d'un marché arrivé à saturation ? De la faiblesse du taux d'équipement en PC en France ? Pas seulement (lire l'enquête : Le marché de l'ADSL français est-il arrivé à saturation ?, du 14/03/08). Car si les nouveaux abonnés ADSL sont de moins en moins nombreux, le nombre de ceux conquis par Orange reste stable, à près de 715.000 abonnés lors des seconds semestres 2006 et 2007. Sur les six derniers mois de l'année 2007, le FAI de France Télécom a attiré à lui seul 53 % des nouveaux abonnés à l'ADSL en France, contre seulement 40 % pour ses trois principaux concurrents.

Pour ces derniers, ces chiffres montrent à l'évidence que le marché de l'ADSL n'est plus suffisamment concurrentiel, et a besoin d'un coup de fouet de la part du régulateur. "Quand l'opérateur dominant voit sa part de marché passer au dessus de 50 %, c'est qu'il y a un problème de régulation", expliquait Xavier Niel à l'occasion de la présentation des résultats 2007 de Free (lire l'article : Free veut couvrir 70 % de la capitale en fibre optique en 2009, du 12/03/08). Pour les FAI, c'est l'ensemble des tarifs de gros de France Télécom, les mêmes depuis trois ans, qui sont à revoir.

Cependant, ce sont les zones non dégroupées qui sont visées en premier lieu. Des zones où les FAI vendent leurs offres avec 5 % de marge au mieux, contre 60 % dans les zones dégroupées. Elles comptent pour la moitié du parc de 14,8 millions d'internautes ADSL en France fin 2007. "Si nous avions entre 20 et 30 % de marge en zones non dégroupées, nos offres pourraient être différenciées de celles d'Orange en termes de services", affirme Xavier Niel. Mais les zones non dégroupées ne sont pas les seules concernées. Les FAI aimeraient notamment faire baisser les 9,3 euros HT mensuels payés à l'opérateur historique par ligne totalement dégroupée.

Face à un marché à la peine, les FAI comptent sur la régulation pour trouver davantage de croissance. L'objectif étant de financer leurs investissements dans les réseaux de fibre optique grâce aux revenus de l'ADSL. En attendant, ils se plaignent que cet argent soit affecté au financement du réseau très haut débit de l'opérateur historique. En effet, selon Les Echos, un document transmis par l'Arcep à l'association des opérateurs alternatifs (Aforst) indique que France Télécom a gagné 665 millions d'euros en 2006, rien qu'en louant ses réseaux.