INTERVIEW
 
26/07/2007

"Alice vous réserve des surprises pour la rentrée"

Pilote de fibre optique, lancement d'un MVNO, nouvelle box, entrée sur le marché B2B : l'actualité pour la rentrée d'Alice s'annonce chargée. Le point avec le nouveau directeur business de TI France.
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Daniel Fava
 
 
  • Directeur business et qualité de la marque Alice et de la division entreprises, Telecom Italia France
 

(Article modifié le 26/07/2007 à 10h)

Telecom Italia a publié le 25 juillet ses résultats financiers du premier semestre 2007. Quels sont ceux de la France ?

Telecom Italia France a réalisé 183 millions d'euros de chiffre d'affaires au premier semestre 2007, pour un Ebitda négatif de 40 millions d'euros. La filiale française sera encore déficitaire cette année. Toutefois, nous prévoyons un Ebitda positif au quatrième trimestre 2007 et un Ebitda annuel positif en 2008. Le cash flow passera quant à lui dans le vert en 2009.

 

Combien d'abonnés haut débit comptez-vous aujourd'hui et quelle est la part d'abonnés dégroupés ?

Alice compte 847.000 abonnés ADSL au 30 juin 2007 sur un total de 1,023 million d'abonnés Internet. 60 % de notre parc Internet haut débit est constitué d'abonnés en dégroupage total.

 

Quelle est votre part de marché sur le parc de nouveaux clients chaque trimestre ?

Nous recrutons environ 7 à 8 % du total des nouveaux abonnés chaque trimestre.

 

"Réduction de 50 % notre taux de churn précoce"

Vous avez lancé en mai dernier "Alice pour Vous", un contrat d'engagement sur la qualité de service, suite aux nombreuses plaintes reçues à l'encontre d'Alice par la DGCCRF. Quel premier bilan tirez-vous de cet engagement ?

Les premiers retours sont très positifs depuis le lancement du contrat "Alice pour Vous", le 15 mai dernier. En trois mois, notre taux de recrutement de nouveaux abonnés a enregistré une croissance à deux chiffres. C'est un positionnement fort pour Alice aujourd'hui : avoir la meilleure qualité de service du marché en offrant l'installation gratuite à domicile aux nouveaux abonnés en zone dégroupée, une hotline gratuite avec un temps de réponse de moins de trois minutes et le dédommagement des interruptions de service. Notre volonté est d'être les plus proactifs possible dans le suivi de la relation client, en effectuant par exemple un appel téléphonique de clôture d'incident. Ainsi, en trois mois, nous avons réduit de moitié notre taux de churn précoce [taux de résiliation au cours des trois premiers mois suivant l'abonnement, ndlr].

 

Alice est aujourd'hui le quatrième FAI en France. Vos concurrents ont tous passé la barre du million d'abonnés. Compte tenu des mouvements de consolidation du marché, la rumeur persiste que TI France serait à vendre. Qu'en est-il ?

Telecom Italia France n'est pas à vendre. Nous bénéficions de la confiance de nos actionnaires qui ont fixé deux principales lignes de croissance pour 2007 : basculer la totalité de nos abonnés bas débit vers le haut débit et accroître notre base d'abonnés en dégroupage total, les seuls abonnés qui seront source de rentabilité à terme. Par ailleurs, nous devrions passer le seuil du million d'abonnés haut débit d'ici la fin de l'année 2007.

 

"Nous avons renoncé à Club Internet qui n'était pas rentable"

Le rachat de Club Internet, qui compte 600.000 abonnés ADSL, vous aurait permis de vous hisser au troisième rang des FAI en France. Pourquoi ne pas avoir surenchéri à l'offre de 465 millions d'euros de Neuf Cegetel ?

Nous avons fait une première offre à l'ouverture des négociations avec Deutsche Telekom mais nous n'avons pas confirmé car Club Internet n'était pas du tout rentable : en 2006, son résultat d'exploitation était de - 130 millions d'euros et son Ebitda de - 90 millions d'euros. En outre, sur les 600.000 abonnés haut débit, à peine la moitié est en dégroupage total. Contrairement à Neuf ou Free, sociétés cotées pour qui donc chaque abonné est valorisé, notre objectif n'est pas d'avoir le plus grand parc d'abonnés mais d'être rentable.

 

Quelle est la taille de votre réseau de collecte ADSL ?

Nous dégroupons à ce jour quelque 700 NRA [nœud de raccordement abonné, ndlr] de France Télécom, soit une couverture de 50 % de la population française.

 

Combien investissez-vous en moyenne chaque année dans le déploiement de votre réseau haut débit ? Allez-vous poursuivre ce plan de dégroupage en 2008 ?

Sur 2005-2007, nous avons déjà investi 350 millions d'euros dans le déploiement de notre réseau de dégroupage des répartiteurs de France Télécom. Nous allons continuer à investir avec un objectif de plus de 900 NRA dégroupés d'ici deux ans. Par ailleurs, au cours du prochain semestre, nous tester la fibre optique.

 

"Lancement d'un pilote fibre optique d'ici fin 2007"

Quels sont les plans de Telecom Italia France sur la fibre optique ?

Nous estimons qu'il n'y a pas de nécessité de marché, du point de vue de la demande, aujourd'hui. Nous allons toutefois lancer des tests pilotes d'ici la fin de l'année. Sans pour autant annoncer de lancement commercial car de nombreux points restent encore à éclaircir sur le modèle économique de cette technologie.

 

Tout d'abord, nous réfléchissons au choix de la technologie : GPON ou Ethernet P2P, FTTH ou FTTB ? Se pose ensuite la question de la régulation de ce réseau nouvelle génération, notamment la question de l'accès à la colonne montante des immeubles. Enfin, reste la question des contenus que l'on va pouvoir faire passer sur ce réseau. Sur ce point, nous militons, avec l'Aforst [Association française des opérateurs de réseaux et de services de télécommunications, ndlr], auprès du CSA pour un accès égal aux contenus. Nous contestons d'ailleurs le statut de câblo-opérateur de Numericable qui, en tant que tel, bénéficie d'un régime spécial (accès moins cher à toutes les chaînes et les programmes audiovisuels), alors qu'il exerce aujourd'hui en réalité la même activité que les FAI ADSL.

 

S'il n'y a pas, selon vous, de nécessité de marché, pourquoi vous lancez dans l'aventure ?

D'une part, nous ne pouvons ignorer le mouvement actuel du marché et de nos concurrents. D'autre part, si nous voulons participer au mouvement de pression sur les questions de la régulation et de l'accès aux contenus auprès de l'Arcep et du CSA, nous devons être acteur de ce marché.

 

En quoi vont consister les pilotes de Telecom Italia France sur la fibre optique ? Allez-vous tirer de la fibre jusqu'à l'abonné ou opter pour un modèle de location ?

Nous allons lancer des offres de manière restreinte sur notre base de clients. Nous expérimenterons deux modèles, en fonction de notre taux de pénétration : la fibre en propre et l'achat en IRU [Indefeasible Right of Use, c'est-à-dire des droits d'exploitation du réseau pour une certaine durée, ndlr], auprès de Numericable par exemple.

 

Combien allez-vous investir sur la fibre ?

L'argent que nous n'avons pas dépensé pour l'acquisition de Club Internet, à savoir une enveloppe de 500 millions d'euros, pourrait être réalloué pour le déploiement d'un réseau en fibre optique. Toutefois à ce jour, nous sommes en train de mettre en place la phase pilote et donc rien n'est encore décidé à ce sujet.

 

"Alice aura un MVNO dual bande d'ici la fin 2007"

En décembre 2006, le président de TI France annonçait être candidat à la quatrième licence 3G ou le lancement d'une offre mobile Alice sous forme de MVNO en 2007 [lire l'interview de Carlos Lambarri du 11/12/2006]. Où en êtes-vous de vos projets sur le mobile en France, sachant que Alice est désormais MVNO en Allemagne ?

Nous ne sommes pas intéressés par la quatrième licence 3G dans ses conditions actuelles : 620 millions d'euros, c'est beaucoup trop cher pour avoir le droit d'être opérateur. D'autant qu'au niveau du groupe, il existe de belles opportunités : Telefonica, qui est désormais notre principal actionnaire, n'a jamais caché ses ambitions de racheter Bouygues Telecom en cas de vente. En attendant, Alice France aura un MVNO d'ici la fin 2007, avec une offre GSM-Wi-Fi dual bande.

 

L'échec de nombreux MVNO en France ne vous effraie pas ?

Les raisons de l'échec des MVNO en France sont de deux ordres : premièrement, l'Arcep refuse de réguler ce marché, mais la pression de plus en plus forte de Bruxelles sur ce secteur devrait être positive ; deuxièmement, la plupart des MVNO a opté pour un modèle de voix low cost. Or notre avis est que le modèle d'avenir d'un MVNO est l'Internet mobile illimité. Seul Ten s'est positionné sur ce créneau, c'est pourquoi nous sommes très intéressés par un rachat ou un partenariat industriel avec Ten.

 

Que prépare Alice pour la rentrée et la fin de l'année 2007 ?

Nous avons une actualité chargée pour le second semestre sur le marché grand public. Alice vous réserve des surprises : septembre sera placé sous le signe de la téléphonie avec l'ajout de destinations illimitées dans notre forfait, octobre sous celui de la télévision, et Noël sous celui des box avec une nouvelle Alice Box.

 

 
En savoir plus
 
 
 

Nous allons par ailleurs remonter en charge sur le BtoB, avec le lancement de nouvelles offres à la rentrée 2007 sous la marque Telecom Italia Entreprises, autour de trois axes : le VPN, l'hébergement et la ToIP. Nous visons à la fois les PME et les grandes entreprises. Nous pensons avoir une forte carte à jouer sur ce marché, encore peu concurrentiel car dominé aujourd'hui par deux acteurs : Orange et Neuf Cegetel. Notre atout est de pouvoir offrir des solutions nationales et internationales, en s'appuyant sur la force du groupe Telecom Italia. Notre ambition est de réaliser 100 millions d'euros de chiffre d'affaires sur ce segment d'ici trois ans.

 


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