WiFi dans les trains, fonds d'investissement... La SNCF accélère sur le numérique

WiFi dans les trains, fonds d'investissement... La SNCF accélère sur le numérique La SNCF lance dix grands projets numériques pour les 18 mois à venir. Haut débit mobile, open innovation, maintenance des équipements, rien n'est laissé de côté.

Guillaume Pépy, président de la SNCF, et Yves Tyrode, directeur général digital, annonçaient ce matin leur plan "digitalsncf". Financé par un investissement de 150 millions d'euros par an pendant trois ans, il vise à accélérer la digitalisation de l'activité de la SNCF et à faire du numérique le levier principal de transformation de l'entreprise, au-delà de l'e-commerce et de la relation client. Ce plan prend la forme d'une série de grands projets que va mener le transporteur sur les 18 mois à venir, avant d'en dérouler de nouveaux qui prendront en compte les évolutions technologiques à venir dans le numérique et les transports.

1) Le haut débit mobile : le projet Net.sncf

"Aujourd'hui, deux voyageurs sur trois possèdent un smartphone, rappelle Yves Tyrode. Il faut donc une couverture 3G et 4G partout dans le train et en gare." Pour ce faire, la SNCF s'engage sur trois actions. D'abord, mesurer en mars cette couverture sur tout son réseau avec ses rames de test et partager ces mesures en avril avec les quatre opérateurs mobiles et l'Arcep. Ensuite, faciliter l'accès des opérateurs à ses infrastructures pour qu'ils déploient leurs antennes, en commençant par le RER C. Enfin, proposer du wifi dans les gares à fort trafic et dans les TGV. La SNCF a renoncé à la technologie satellite retenue il y a cinq ans et opte maintenant pour de la 4G associée à des répéteurs wifi dans les trains. L'appel d'offre aboutira à la fin du premier semestre pour un déploiement fin 2016. Quant au modèle économique, Guillaume Pépy précise que l'accès au wifi sera gratuit.

2) La co-construction et la co-réalisation : le projet co-co

La nouvelle application mobile a été développée avec plusieurs centaines d'utilisateurs. "Il y a tellement de choses à faire que parfois, d'autres feront mieux que nous", estime Yves Tyrode. La SNCF a donc décidé de s'ouvrir davantage encore à son environnement. D'abord en ouvrant ses données de façon industrielle, par une offre d'API disponible fin mai, qui mettra horaires théoriques, temps réel et correspondances de tous ses trains à la disposition de développeurs tiers. "Les start-up ne paieront pas ou peu, les multinationales du Net paieront davantage" souligne le directeur général digital du transporteur.

3) Une plateforme d'open innovation : le projet Store.sncf

La SNCF travaille déjà en partenariat avec des start-up, comme StoryLab qui déploie une bibliothèque numérique dans les TER de Lorraine et de Languedoc-Roussillon, ou l'israélienne Moovit sur son application de calcul d'itinéraire en transports en commun à Paris. "Plus de 1000 start-up souhaitent travailler avec nous et plus de 500 applications ont déjà été développées par nos salariés", souligne Yves Tyrode. Pour accélérer ces partenariats avec des start-up souhaitant utiliser ses données, la SNCF va mettre en place la plateforme de développement Store.sncf, une boîte à outils (API, charte graphique, règles de sécurité et d'ergonomie, outils de reporting...) permettant aussi de recueillir des avis d'utilisateurs; Elle sera ouverte aux développeurs internes à la fin du premier semestre, puis aux développeurs extérieurs à la société.

4) Un fonds d'investissement : DigitalSncf Ventures

La SNCF lance également un fonds d'investissement destiné à prendre des parts au capital de start-up innovantes du domaine du transport et du numérique. Financé sur fonds propres, DigitalSncf Ventures est doté de 30 millions d'euros pour trois ans, une somme qui s'ajoute aux 450 millions d'euros budgétés pour l'ensemble du plan digital. Il investira principalement dans des start-up françaises et européennes mais ne s'interdit pas d'aller en chercher plus loin.

5) Des accélérateurs dans cinq villes : les "574"

A Paris, San Francisco, Lyon, Toulouse et Nantes verront le jour cinq accélérateurs à partir du mois de juin. Y seront installés les équipes projets digitaux du groupe, des incubateurs de start-up ainsi que des centres d'expertises baptisés "Fabs" sur le big data, l'open data et les API, le design et enfin les objets connectés et la robotique. Sur ce dernier thème, les applications pour la SNCF sont sans fin : autodiagnostic des locomotives et trains qui sauront dire ce dont ils ont besoin dès leur arrivée en gare, traçabilité des containers (ouverture, chaîne du froid, vibrations...), compteurs d'énergie en vue d'une conduite économique, gestion intelligente des places de parking... Le nom de ces accélérateurs, 574, est un clin d'œil au record de vitesse des TGV : 574,8 km/h.

6) Une appli pour les déplacements quotidiens : le projet Quotidien.sncf

Pour les six mois à venir, la SNCF a identifié quatre projets "transformants", qui seront suivis d'une nouvelle vague de projets à cette échéance. Le premier d'entre eux, Quotidien.sncf, a pour vocation de simplifier la gestion des trajets quotidiens des voyageurs au travers d'une application mobile. Dans un premier temps, elle permettra de préparer son itinéraire et de disposer d'une information voyageurs, ceci à Lille et Bordeaux à partir de fin février puis dans dix autres villes. Dans un second temps, à partir de juin, elle inclura l'achat en ligne. Le titre de transport sur mobile sera ajouté au dernier trimestre 2015.

7) L'analyse de données : le projet Flux.sncf

Pour mieux piloter son activité, la SNCF entend collecter, structurer et analyser les données de déplacement des voyageurs en temps réel sur Transilien et TER. C'est l'objectif du projet Flux.sncf, qui lui apportera une meilleure connaissance des flux de voyageurs qui transitent dans les gares, ainsi que de leur parcours de porte à porte. En ligne de mire, adapter le matériel au nombre de personnes transportées, qu'il s'agisse des distributeurs, de places de parking ou d'accès aux autres modes de transport.

8) La documentation de la maintenance du matériel : le projet DSMat

La documentation de maintenance du matériel existe aujourd'hui principalement sur des supports papier, aussi abondants (9000 documents au total) que complexes (plus de 500 pages rien que sur la réparation des essieux !). La SNCF désire équiper ses 10 000 agents de maintenance du matériel de tablettes sur lesquelles ils trouveront cette documentation, dématérialisée, structurée et tenue à jour plus facilement. Bonus : il sera possible de consulter en temps réel les opérations réalisées précédemment. Un prototype est actuellement en test à Dijon et Strasbourg. 700 tablettes seront déployées dans plusieurs technicentres durant l'été, puis 8100 tablettes sur la totalité des 80 centres de maintenance pendant l'année 2016.

9) Dématérialiser la surveillance des installations : le projet maintenance réseau

Le quatrième projet "transformant" du premier semestre 2015 concerne la maintenance du réseau. Il s'agit là d'équiper les agents chargés de surveiller les installations ferroviaires (voies, aiguillages...) de 1600 tablettes et de 11 800 phablettes, sur lesquelles ils pourront saisir sur le terrain les données issues de leurs observations. Environ 12 000 agents sont concernés, qui pour l'instant renseignent ces informations sur papier avant de les ressaisir sur ordinateur à leur retour.

10) Le lancement le plus récent : la nouvelle application mobile de la SNCF

La toute nouvelle application mobile de la SNCF a été lancée le 28 janvier. Elle rassemble les informations trafic théoriques et temps réel de tous les trains, les informations pour se déplacer d'adresse à adresse et plus seulement de gare à gare, et possède des capacités de personnalisation permettant par exemple à l'utilisateur de consulter des informations sur ses trajets quotidiens. L'application cohabite toujours avec une douzaine d'autres applications du transporteur, qu'elle a vocation à remplacer. "Lorsque la nouvelle aura été largement adoptée, nous décommissionnerons les autres. Le plus vite sera le mieux", conclut Yves Tyrode, qui ajoute à sa feuille de route des mois à venir un dernier défi : réussir le lancement de son application.