Fini la Playstation, la future star des consoles de jeux sera l'automobile

Fini la Playstation, la future star des consoles de jeux sera l'automobile La réalité virtuelle et la réalité augmentée ouvrent de nouvelles perspectives pour les conducteurs et passagers de voitures de plus en plus autonomes.

En 2015, Elon Musk affirmait avoir conçu sa Tesla modèle S comme un "ordinateur sur roues". Si la formule a suscité quelques débats, elle traduit une profonde transformation à l'œuvre dans l'industrie automobile. De plus en plus sophistiqués, équipés d'ordinateurs de bord toujours plus puissants, les véhicules d'aujourd'hui ne sont plus de simples moyens de locomotion mécaniques, mais de véritables plateformes de services numériques. Design et technologie sont utilisés pour rendre la conduite plus aisée et plus sûre, ce qui implique de repenser certaines fonctionnalités traditionnelles et… de distraire les passagers.

Tim Smith, directeur automobile et mobilité chez Ustwo, un cabinet de design focalisé sur l'expérience utilisateur dans les nouvelles technologies, a ainsi présenté un jeu vidéo en réalité virtuelle qui propose d'explorer les vestiges d'une ancienne civilisation en évoluant à travers un décor interactif. À l'inverse de ce que l'on trouve dans un jeu traditionnel, le joueur n'est pas entièrement libre de ses mouvements, puisque ceux-ci suivent automatiquement le déplacement du véhicule dans lequel il se trouve, l'objectif étant de lui éviter d'être malade en soignant son oreille interne. "En plus d'éviter au joueur toute sensation inconfortable, ce système est captivant et immersif, il y a quelque chose de magique à se voir évoluer dans un univers virtuel tout en ayant conscience de bouger également dans le monde réel, c'est une stimulation sensorielle inédite qui rend l'expérience très puissante", s'est-il enthousiasmé. Le jeu est également conçu pour embarquer l'utilisateur dans une aventure qui dure approximativement le temps du trajet en voiture.

Un parc d'attractions mobile

Ce filon est également exploré par Holoride, une start-up cofondée par le constructeur allemand Audi pour, selon ses propres mots, faire de la voiture de demain un véritable "parc d'attractions mobile", en exploitant les ressources de la réalité virtuelle. Lors de la dernière édition du CES, à Las Vegas, la jeune pousse a exposé plusieurs jeux vidéo conçus dans cette optique, fruits d'une collaboration avec Disney. Conçus, tout comme celui d'Ustwo, pour adapter l'expérience de jeu aux mouvements de la voiture, ils proposent notamment à l'utilisateur de prendre part à une course automobile dans un monde à l'apparence cartoonesque, qui habille le paysage réel que l'utilisateur voit défiler à travers la vitre. Ou encore de s'immerger dans une bataille entre vaisseaux spatiaux digne d'un film de Star Wars.

En octobre, l'entreprise a permis au public de tester sa technologie lors d'une exposition temporaire à Los Angeles. Les habitants de la cité des anges ont pu tester un autre jeu, développé en compagnie d'Universal Studios et du constructeur Ford. Car si Holoride est un projet monté par Audi, elle entend rendre sa technologie accessible à tous les constructeurs.

Vers la voiture autonome

Ces différents systèmes trouvent des moyens ingénieux d'harmoniser mouvements du véhicule et déplacements dans le monde virtuel sans nuire à l'expérience. Par exemple, dans le jeu de course conçu par Holoride, lorsque le conducteur en chair et en os s'arrête à un feu rouge, la voiture du joueur stoppe également et de petits personnages traversent la rue devant lui, sur lesquels il peut cliquer pour obtenir des bonus.

Une possible entrave à la démocratisation de ce type de dispositifs réside dans le matériel plutôt que dans le logiciel. Les casques de réalité virtuelle sont encore relativement encombrants, et souffrent de certaines limitations qui ont conduit Vitaly Ponomarev, le CEO de WayRay, à développer son pare-brise holographique, conçu comme une alternative. "Je ne crois personnellement pas beaucoup dans l'avenir des casques et lunettes de réalité virtuelle. En plus d'être très coûteux, ils ont pour défaut de limiter le champ de vision, et souffrent de faibles capacités en matière de batterie. En outre, la réalité virtuelle nécessite d'importantes ressources informatiques, qu'il est difficile d'introduire dans un si petit appareil. Ils souffrent donc de limitations techniques. Or, la réalité virtuelle et augmentée devrait précisément être le royaume de l'imagination sans limites", affirme-t-il. En plus de son système conçu pour assister le conducteur, il envisage pour sa part, à l'avenir, de permettre aux passagers de profiter de contenus type films et jeux vidéo en regardant simplement à travers leur vitre passager, à l'aide du même dispositif holographique.

Qu'ils prennent une forme ou l'autre, ces dispositifs pourraient bien monter en puissance à mesure que les recherches sur les véhicules autonomes se poursuivent. D'une part, comme l'illustrent les quelques accidents impliquant des véhicules Tesla en mode autopilote, les logiciels de conduite autonome ne sont pas infaillibles, mais ils marchent suffisamment bien pour que les conducteurs leur accordent une trop grande confiance et relâchent leur attention, ce qui pose des risques importants en matière de sécurité routière. Des systèmes d'assistance à la conduite et de gamification, basés sur les nouvelles technologies, pourraient inciter le conducteur à maintenir son attention braquée sur la route. Et plus tard, lorsque les premiers véhicules véritablement autonomes arriveront sur le marché, les automobiles pourraient devenir des plateformes de contenus à part entière, avec à la clef une course à qui saura le mieux divertir les passagers.