Les nouveaux acteurs de l'industrie automobile Local Motors produit plus vite grâce au crowdsourcing

Parmi les boulets aux pieds des constructeurs, la lenteur inhérente au processus de conception d'une voiture : il s'écoule généralement trois à cinq ans entre le lancement d'un produit et sa commercialisation. Pourtant Local Motors, une start-up fondée en 2007 dans le Massachusetts par Jay Rogers, un ancien marine, a déjà livré plusieurs véhicules dans des délais très, très inférieurs.

le rallye fighter, de local motors, a été développé en 2010.
Le Rallye Fighter, de Local Motors, a été développé en 2010. © Local Motors

"En cinq mois, nous sommes passés de la définition du projet à la livraison d'un véhicule militaire de reconnaissance à la Darpa (l'Agence des projets de recherche avancée de la Défense américaine, NDLR). Le tout plus tôt que prévu et en respectant le budget, là où il faut en moyenne près de 10 ans et des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars pour conduire un projet similaire", se félicite Damien Declercq, un Frenchy responsable du développement de la société depuis 2011. Il faut dire que Local Motors n'en était pas à son coup d'essai : l'entreprise avait déjà développé le Rally Fighter en 2010, un tout-terrain aux allures sportives destiné au sud-ouest des Etats-Unis, aujourd'hui en production.

Comment le jeune constructeur s'y prend-il pour devancer à ce point le calendrier ? Local Motors associe développement collaboratif et production locale dans des usines de petite taille. "La société a démarré par la création d'un site de collaborations sur lequel nous avons lancé plusieurs challenges de design industriel, pour répondre aux besoins de certaines villes et régions des Etats-Unis", raconte Damien Declercq.

La communauté Local Motors regroupe plus de 36 000 passionnés, parmi lesquels des designers industriels, des techniciens ou encore des ingénieurs

Des concours de design parrainés par des industriels – Local Motors a, entre autres, travaillé avec BMW, Peterbilt et Oxylane – qui, contre écus sonnant et trébuchant ou un royalty sur les véhicules développés, peuvent accéder à la communauté de Local Motors. Cette dernière regroupe aujourd'hui plus de 36 000 passionnés, parmi lesquels des designers industriels, des techniciens ou encore des ingénieurs. Tous participent à la conception et à la mise en production des véhicules, fabriqués dans les deux micro-usines de Local Motors, situées à Phoenix et à Las Vegas. "Nous planifions d'en avoir 100 dans 10 ans", annonce Damien Declercq.

Côté fournisseurs, Local Motors n'est pas sectaire. Le Rally Fighter, par exemple, se compose d'un moteur Chevrolet, des feux arrière Honda, de rétroviseurs Dodge et d'une colonne de direction Ford. "Nous sommes également en discussion avec un certain nombre de constructeurs pour développer de nouveaux véhicules et tester de nouveaux concepts", confie le Français.

Bre Pettis, PDG de MarkerBot, le célèbre fabricant d'imprimantes 3D, a fait son entrée au comité de direction

Dans les cartons, entre autres, la sortie en septembre 2014 d'un véhicule électrique imprimé en trois dimensions, à l'occasion de l'IMST, le salon international des technologies de production. Un projet sur lequel Local Motors a choisi de communiquer quelques jours seulement après avoir fait part de l'entrée dans son comité de direction de Bre Pettis, PDG de MarkerBot, le célèbre fabricant d'imprimantes 3D.

Si la jeune société ne laisse rien filtrer de ses résultats, le fait qu'elle entende passer de soixante collaborateurs aujourd'hui à une centaine d'ici la fin de l'année laisse présager qu'ils sont prometteurs.