Journal du Net > Economie  Untitled Document > Le business de Gibert-Jospeh, première librairie indépendante de France
Le vaisseau amiral de Gibert-Joseph, au cœur du quartier latin de Paris. Photo © Gibert-Joseph
"Le risque pour Gibert-Joseph, c'est de ne pas pouvoir faire face aux autres réseaux"

Après les disquaires et les cinémas, c'est au tour des libraires indépendants d'être en danger. En vingt-cinq ans, la part du chiffre d'affaires de l'édition française réalisée par ces librairies serait, selon Ipsos, passée de plus de 50% à 41% aujourd'hui. La grande distribution et les grandes surfaces non spécialisées s'arrogeant le reste. Symbole du quartier latin auprès de plusieurs générations d'étudiants, Gibert-Joseph, premier libraire indépendant de France tente dans ce contexte de trouver la bonne riposte. Pas facile. La morosité du marché du livre ces deux dernières années (-5%) contribue à peser sur la rentabilité des librairies note une étude du Syndicat de la librairie et le ministère de la Culture publiée en mars. Celle-ci s'élève en moyenne à 1,4%, à l'instar du groupe Gibert-Joseph (1,5% en 2006). Car si les libraires continuent de toucher une marge sur le prix de vente hors taxes des livres, la remise des distributeurs (36,2%), ils ont entre temps subi une forte hausse de leurs charges de personnel et de transport. Encore heureux que Gibert-Joseph soit en partie propriétaire de ses librairies. Car ces trois postes consomment à eux seuls les deux tiers de la marge commerciale, révèle l'étude alors que la librairie, représente déjà entre 25 et 38% du prix d'un livre.

Une concentration sans précédent dans le secteur de la distribution

"Entre temps on a assisté à une concentration sans précédent dans le secteur de la distribution" note Hervé Renard de l'Observatoire de l'économie du livre au ministère de la Culture. Bertelsmann avec France Loisirs (210 boutiques), Privat (30 librairies) Place Media (13 librairies) et Forum Alsatia (21 librairies) pèsent désormais 155 millions d'euros de chiffre d'affaires selon Livres Hebdo quand Gibert-Joseph se démène avec 76 millions d'euros pour le livre. Il faut aussi compter sur Hachette, (Relay, Virgin, Le Furet), numéro 2 en France derrière la Fnac. "Du coup, le risque pour Gibert-Joseph, c'est de ne pas pouvoir faire face aux autres réseaux", prévient Hervé Renard.


Olivier Pounit-Gibert, petit-fils du fondateur de Gibert-Joseph est aujourd'hui à la tête du directoire. Photo © Gibert-Joseph

En 2006, le groupe Gibert-Joseph, 28 librairies à travers la France, a réalisé 122 millions d'euros de chiffre d'affaires. Le vaisseau amiral du Boulevard Saint-Michel contribuant à lui seul pour 46% de ces résultats (56 millions d'euros) dont 35 millions d'euros par les livres. Papeterie (10% du chiffre d'affaires) et disque (25%) complètent les résultats.


"La loi Lang sur le prix unique nous a sauvés", convient Olivier Pounit-Gibert, le président du directoire. Editeurs et importateurs doivent fixer un prix pour chaque ouvrage qui sera ainsi vendu au même prix par tous les détaillants, à Paris ou dans une zone rurale. "Mais notre résultat est faible et il faut manier notre budget avec précaution". Ainsi, en 2001, Gibert-Joseph a dû recourir intégralement à l'emprunt pour acquérir la chaîne Univers du livre et compléter ainsi son maillage territorial, une des forces du groupe.

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