Journal du Net > Economie  Untitled Document > Le business de Gibert-Jospeh, première librairie indépendante de France
Gibert-Joseph est présent dans 28 villes à travers la France. Photo © Gibert-Joseph
Toutes les librairies de province sont des filiales

Le réseau, c'est bien ce qui permet a Gibert-Joseph de se hisser à la cinquième place des chaînes de librairie en France. Un choix opéré dès les années 30 par son fondateur, Joseph Gibert. Lui et son frère héritent à cette époque de la librairie familiale. Pas fâchés, mais soucieux de mener chacun leurs affaires, ils se séparent. Joseph Gibert crée Gibert-Joseph, tandis que son frère cadet garde l'ancienne librairie sur les quais, rebaptisée Gibert-Jeune. "Ils ont pris des orientations différentes, raconte Olivier Pounit-Gibert, petit fils de Joseph Gibert, aujourd'hui à la tête du directoire du groupe. Mon grand-père s'est très vite étendu en province, d'abord autour de Paris, puis dans les grandes villes, tandis que mon oncle est resté concentré dans le quartier Latin." Toutes les librairies de province sont filiales de la maison mère. Seules celles de Grenoble et de Saint-Etienne ont un statut de franchisées. Aujourd'hui, le groupe Gibert-Joseph contrôle 28 magasins en France. 9 d'entre eux figurent parmi les 100 plus grosses librairies indépendantes selon le classement annuel du magazine Livres-Hebdo de mars 2006.

Une plateforme de 7.000 m²

Pour arroser le réseau, Gibert-Joseph dispose d'une immense plateforme de 7.000 m² à Vitry-sur-Seine. Fierté du groupe, tous les ouvrages du réseau y transitent. C'est là que sont réceptionnées les livraisons des éditeurs. Les livres y sont sortis, pré-classés et réexpédiés vers les librairies de province avec le concours de transporteurs. Pour Paris, Gibert-Joseph assure son réassort de ses rayons par ses propres moyens. Le rachat d'Univers du Livre en 2001 a permis d'optimiser cet investissement. "Cette chaîne ne fait que du livre, précise Olivier Pounit-Gibert. Alors que nous étions très focalisés sur l'édition scolaire, cette opportunité s'est révélée stratégique. Avec la gratuité des manuels scolaires, il fallait trouver des relais de croissance." Cette gratuité aurait même pu couter sa survie à Gibert. Même si Olivier Pounit-Gibert se défend de réaliser moins de 8% de son chiffre d'affaires avec ce créneau aujourd'hui, il fut longtemps un de ses atouts. "La gratuité, c'est un vrai défi pour les libraires indépendants," confie Hervé Renard. En deux ans le marché s'est effondré notamment en Ile-de-France. Ce dispositif mis en place par les régions, notamment à partir de 2004 a rayé Gibert-Joseph de la liste des entreprises candidates aux appels d'offres. "Si nous voulions nous aligner sur les éditeurs nous ne dégagerions pas assez de marge," explique Olivier Pounit-Gibert, échaudé par une tentative il y a deux ans.

En revanche, Gibert-Joseph semble bien vouloir jouer la carte des bibliothèques publiques. La fixation d'un seuil maximum de remise (9%) en 2003, un peu à l'instar des 5% autorisés par la loi sur le prix unique au détail, permet à Gibert-Joseph de rester dans le coup. L'entreprise attend beaucoup de ce créneau qui représente environ 5% du marché du livre (4,5 milliards d'euros en 2006). L'entreprise familiale a même dans les cartons un site dédié pour s'y positionner.

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