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Vincent Bolloré ne fait pas dans la demi-mesure, et surtout pas quand il décide, en 2000, de se constituer un pôle médias. En témoignera, quelques années plus tard, la rapidité avec laquelle il prendra les rênes du géant de la publicité et de la communication Havas : fin 2004, en trois mois, il achète plus de 20% du capital, devenant premier actionnaire, avant d'obtenir en juillet 2005 le poste de président du conseil d'administration. Et cette année, c'est en mettant 79 millions d'euros sur la table que le Breton s'est assuré l'obtention de douze licences Wimax (connexions à haut-débit par voie hertzienne). Il ambitionne désormais de devenir le premier fournisseur d'accès Internet nomade de France.

"Je regarde un peu partout"

Publicité et télécoms mais aussi cinéma, production audiovisuelle, radio, télévision et presse écrite. Vincent Bolloré a décidé de couvrir tout le champ médiatique. Progressivement, méthodiquement, mais aussi avec des acquisitions étonnantes, comme le rachat, en 2000, du Mac Mahon, un cinéma parisien d'art et essai.

Rachat des studios de la Star Academy

La première grosse opération intervient plus tard, en 2001 : Vincent Bolloré s'empare, conjointement avec Euromédia Télévision, de la SFP, la Société française de production en grandes difficultés. A cette époque, il détient déjà plus de 23,6% d'Euromédia (40,57% aujourd'hui), propriétaire de plusieurs studios de télévision, notamment ceux, très courus, de Saint-Denis (Star Academy, Les Guignols, On ne peut pas plaire à tout le monde…). La SFP, elle, possède ceux de Bry sur Marne (Le plus grand cabaret du monde).

La régie de la chaîne numérique Direct 8, d'où sont contrôlés les caméras de trois studios installés à Puteaux. Photo © Bolloré

La même année, Streampower, leader français de la diffusion audio et vidéo sur Internet tombe dans l'escarcelle du tycoon. Suivent d'autres acquisitions ou prises de participation. En 2002, il franchit notamment le seuil des 5% des studios Gaumont (il a aujourd'hui dépassé les 10%).

En 2004, outre son entrée en force chez Havas, Bolloré lance, le 1er mars, depuis ses locaux, de Puteaux, Radio Nouveaux Talents. Et un an plus tard, enfin, apparaît pour la première fois sur les écrans Direct 8, sa chaîne numérique diffusées sur la TNT. Philippe Labro en est le vice-président, les locaux et les trois studios de la chaîne occupent 2.500 m² de la tour Bolloré (Puteaux). Le projet Direct 8 était à l'étude depuis 2001.

Direct Soir, premier quotidien gratuit du soir

Le 6 juin 2006, c'est l'autre bébé de Vincent Bolloré (avec les batteries) qui sort dans les bouches du métro parisien et dans quatorze villes de province : Direct Soir, premier quotidien gratuit du soir est né, pour une période d'essai de trois semaines avant la sortie définitive prévue le 7 septembre. Le patron s'implique personnellement : il assiste aux réunions éditoriales, relit et modifie même certains articles, participe à l'élaboration de la Une, suggère quelques-unes des blagues publiées.

Selon le groupe, Direct Soir serait un succès. 82 à 83% des 500.000 exemplaires tirés chaque jour auraient atterri dans les mains de lecteurs et plusieurs annonceurs auraient été éconduits. Pourtant, pour son premier exercice, le gratuit devrait perdre plus de 10 millions d'euros, et un retour sur investissement n'est pas attendu avant la septième année.

C'est que les récentes activités média du groupe ne sont pas rentables, loin de là. En 2005, la branche accusait un résultat opérationnel négatif de 30 millions d'euros, qui succédait à une perte de 8 millions en 2004.

Mais Vincent Bolloré n'en a cure, il mise sur l'avenir et fourmille de projets. Il aurait conclu un partenariat avec le groupe Le Monde pour le lancement d'un second gratuit, du matin celui-là. Et en juillet dernier, il déclarait à un journaliste des Echos : "Je regarde un peu partout". Le magnat a déjà fait savoir qu'il souhaitait investir 10% des actifs du groupe dans les médias. Soit 500 millions d'euros.


En savoir plus
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- Direct 8
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