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Christophe Lavialle, professeur à l'université
d'Orléans. Photo © Christophe Lavialle |
"Un nouveau contrat social peut être refondé" |
"Dans cette campagne s'opposent deux philosophies sur l'économie et le
social. Le projet libéral continue d'attribuer le problème du chômage à des
questions de rigidités du marché du travail : les 35 heures ou les contrats
de travail qui restreignent les licenciements et seraient des obstacles à l'embauche.
De plus, on trouve de manière sous-jacente l'idée que le chômage serait volontaire,
ce qui culpabilise les demandeurs d'emploi. C'est une vision que l'on retrouve
au Royaume-Uni, de Thatcher à Blair.
Les pays du Nord de l'Europe proposent un autre modèle qui fonctionne aussi
bien du côté de la lutte contre le chômage que de celui de la protection sociale.
Si on veut faire de la social-démocratie sur le marché du travail, qui est un
rappport de forces, on a besoin de syndicats puissants. Or, en France,
les syndicats sont peu représentatifs. Du coup, le rapport de forces est défavorable
aux salariés et nous n'avons pas de culture de la négociation collective. Dans
le programme socialiste, il y a la volonté de rééquilibrer cette relation et une
vraie réflexion sur les moyens d'encourager les syndicats à jouer le jeu de la
négociation collective. Aux Pays-Bas, au Danemark ou même en Irlande, les négociations
entre partenaires sociaux ont été couronnées de succès.
Quant à l'idée de sécuriser les parcours professionnels, il y
a différentes manières de faire. Ségolène Royal défend une conception plus solidaire
qui consiste à accepter que les entreprises aient besoin de fluctuations productives
sans que cela ne se traduise par plus de précarité. En contre-partie d'une souplesse
accrue, il faut mettre en place des dispositifs pour faciliter les transitions
vers l'emploi, surtout en faveur des chômeurs de longue durée. C'est du donnant-donnant
: l'individu doit jouer le jeu. Un nouveau contrat social peut être fondé. Entre
le projet libéral et la social-démocratie, mes convictions d'économiste et de
citoyen me font pencher vers la seconde solution. On peut s'en sortir par le haut."
» Professeur à l'Université d'Orléans, chercheur au Laboratoire d'économie d'Orléans
» Thèmes de recherche : le marché du travail et l'emploi
» Dernier ouvrage paru : Macroéconomie approfondie, Bréal, 2003
En savoir plus Le blog de christophe Lavialle