Journal du Net > Economie  > Prix de l'essence à la pompe
ENQUETE
 
19/10/2006

Ces stations dont les prix à la pompe restent toujours bas

Certaines stations de Total, BP et autres Shell affichent des tarifs incroyablement bas. Peu nombreuses, elles risquent de perdre leurs clients à la moindre augmentation. On les appelle des stations de marquage, découvrez les.

  Envoyer à un ami | Imprimer cet article  
Les stations "Rouge" de Total proposent traditionnellement des prix plus élevés que ses stations "Jaune et Bleu". Sauf dans certaines zones...
Photo © Total - Direction de la communication
Chez Total, on les appelle les "stations de marquage". Elles ne sont que quelques centaines en France. Leurs prix à la pompe restent invariablement bas, calqués sur le niveau des prix des stations des grandes surfaces, parce que trop sensibles aux changements de tarifs. Une hausse de quelques centimes le litre et les clients s'enfuient.

Pourquoi ces stations sont-elles plus sensibles ? "Nous n'avons pas d'explications rationnelles", avoue Nicolas Freisz, responsable de la cellule prix de Total. "Nous avons pensé un moment que cela pouvait être lié à la proximité de stations de grandes surfaces, ou au niveau de catégorie socioprofessionnelle de la zone concernée mais ce n'est pas le cas".

Si Total joue la transparence, Shell considère ces informations comme des "secrets de fabrication". BP se contente d'admettre que "certaines stations ont des sensibilités au prix très, très fortes".

Mais dans le jeu complexe de la fixation des prix, les "stations de marquage" de Total et leurs équivalentes de la concurrence constituent probablement la seule inconnue des groupes pétroliers. Chacun dispose de sa "cellule prix", elles aussi entourées d'un léger voile de mystère. Si BP donne le chiffre de trois personnes composant son service prix, Total et Shell préfèrent se taire…

Enclins à la l'autojustification, les pétroliers sont plus prolixes sur la multitude de facteurs qui entrent en compte dans la fixation des prix. Comment expliquer que les prix varient d'une station à l'autre d'un même pétrolier ? Pourquoi l'essence coûte-elle plus cher à Paris qu'à Marseille ?

"Tous les Français ne sont pas égaux"

"Trois facteurs principaux expliquent les différences, résume-t-on chez BP : la taille de la station, son éloignement des centres d'approvisionnement et la concurrence". Pour fixer les prix, la maison-mère récolte chaque jour "le litrage écoulé de chaque station, les prix pratiqués et les prix de la concurrence".


Moins de services et des prix plus attractifs pour les stations "Jaune et Bleu Elf", propriétées de Total.
Photo © Total - Direction de la communication

En réalité, la mécanique est plus complexe. Pour fixer un tarif, il y a d'abord la cotation des produits finis, pas forcément corrélée à court terme sur le prix du baril. Sur ce point, tous les Français ne sont pas traités à la même enseigne. Valence, Strasbourg notamment dépendent du marché de Rotterdam, comme toute la zone Nord-Ouest Europe. Le Sud-Ouest de la France, lui, dépend du marché de Gênes (zone Méditerranée). Les prix entre les deux zones ne sont pas forcément équivalents, dans un sens comme dans l'autre.


Autre facteur, explique BP, l'éloignement de l'approvisionnement. "Les stations proches des raffineries, en majorité situées en bord de mer, sont traditionnellement moins chères", explique notamment Nicolas Freisz. Les stations alimentées par des dépôts et non des raffineries sont également pénalisées, les coûts d'exploitation des premiers étant supérieurs à ceux des seconds. Rentrent aussi en compte la capacité des camions employés, la taille des cuves des stations, le jour de livraison (semaine ou week-end)…

Chaque station doit donc composer avec ses propres impératifs. Comprendre : ses coûts fixes et variables. La station est-elle propriétaire de son terrain ou locataire ? Quel est le prix du foncier, a-t-elle fini d'amortir ses investissements ? Doit-elle payer une redevance aux sociétés d'autoroute ou à la direction de l'équipement ? Doit-elle entretenir un espace vert et propose-t-elle des services annexes ? Et si oui sont-ils rentables et dans quelle proportion ? Rentables, ils permettent - selon les pétroliers - d'équilibrer les frais de la station et peuvent être répercutés sur les prix à la pompe. Autre question, combien de personnes sont employées ? Cela dépend des services proposés et des horaires, en particulier pour des stations ouvertes 24 heures sur 24. Enfin, dernier paramètre et pas des moindres, la marge des pétroliers.

Si l'on fait le bilan, une ville comme Paris a donc tout pour rendre les prix excessifs : intra-muros, les livraisons ne peuvent se faire que par petits camions, dans des cuves restreintes, et donc plus souvent, et généralement le samedi, ce qui augmente le salaire du chauffeur. La plupart des stations louent leur terrain, à un tarif élevé de surcroît, et ne pourront donc jamais l'amortir. Ne reste plus qu'à ajouter des salaires supérieurs à la moyenne nationale... Bref, ce n'est probablement pas dans la capitale que l'on trouvera des stations de marquage.


» L'essence en Europe, qui paie combien


JDN Economie Envoyer | Imprimer Haut de page

Sondage

Réalisez-vous des achats via des apps de shopping ?

Tous les sondages