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Certains concessionnaires regrettent le temps du travail
obligatoire et non basé sur le volontariat. Photo © Riep
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"Dans ce métier, les questions de morale sont omniprésentes. On ne peut de
toute manière pas le pratiquer si l'on a une aversion pour certains types d'individus."
Ce constat de Mikael de Tonquedec, l'ensemble des acteurs du travail en prison,
semble le partager. Et tous tiennent à peu de choses près le même discours. Stéphane
Soutra : "Notre métier n'est pas de juger ces personnes, c'est le travail de l'appareil
judiciaire. Nous respectons, bien évidemment des règles de sécurité mais notre
rôle est clairement défini : apporter et gérer le travail dans un cadre particulier."
Hervé : "Beaucoup de prisonniers sont des gens comme vous et moi, qui ont fait
une bêtise. Si votre femme vous trompe, vous aussi vous pouvez faire une erreur."
Une compréhension qui ne l'empêche pas de regretter le temps où le travail était
obligatoire et non basé sur le volontariat.
"Nous ne savons absolument pas ce
qu'ils ont fait et c'est tant mieux" |
Et si concessionnaires et gérants de prison soulignent l'absence de problèmes
de discipline, tous se félicitent de ne pas avoir accès aux dossiers judiciaires
des détenus."Nous ne savons absolument pas ce qu'ils ont fait et c'est tant mieux.
Je n'ai aucune envie de savoir s'ils ont violé une petite fille", justifie Mikael
de Tonquedec. Un concessionnaire, lui, se rappelle sa stupéfaction quand il apprit
après coup que l'un de ses employés de confiance était un pédophile récidiviste...
"Quand vous respectez vos équipes
et que vous traitez l'ensemble des opérateurs avec considération, ils vous le
rendent largement." |
Autre discours récurrent, ici tenu par Hervé : "faire travailler des détenus
consiste entre autres en une mission de réinsertion, mais je ne suis pas philanthrope.
Mon objectif est d'abord d'être rentable. Reste que je suis très fier de voir
sortir de mes ateliers un gars réhabilité. J'en ai moi-même embauché." Stéphane
Soutra non plus ne se décrit pas comme un philanthrope, mais "au risque de surprendre",
il décrit des "rapports particulièrement cordiaux entre opérateurs (nom des détenus
au travail), collaborateurs et (lui)-même. Quand vous respectez vos équipes et
que vous traitez l'ensemble des opérateurs avec considération, ils vous le rendent
largement. Un peu de chaleur humaine ne peut pas nuire aux relations de travail.
Nous exerçons un métier avec des opérateurs qui sont non seulement volontaires
mais aussi motivés", tient-il à souligner.
"Je ne suis pas philanthrope. Mon
objectif est d'abord d'être rentable" |
Stéphane Soutra insiste également sur son rôle dans la réinsertion des détenus
: "L'activité que nous offrons à nos opérateurs leur permet de conserver un rythme
de vie et de garder confiance en eux." Comme Hervé, et comme Mikael de Tonquedec,
il raconte quelques histoires de prisonniers embauchés à leur sortie. Mais Mikael
de Tonquedec "refuse de décrire un monde idyllique. Des embauches il y en a, mais
c'est malheureusement très rare".