La croissance 2014 de la zone euro sera plus faible qu'annoncé

Dans la zone euro, la situation actuelle en matière de prévision économique pour l’année 2014 paraît excessivement optimiste. Faiblesse du commerce international, dynamique déflationniste, attentisme des entreprises, faiblesse des progrès institutionnels au sud... La croissance de la zone euro sera plus proche de 1% que de 1,6%.

Dans la zone euro, la situation actuelle en matière de prévision économique pour l’année 2014 nous parait excessivement optimiste. La faiblesse du commerce international, la dynamique déflationniste, l’attentisme des entreprises et la faiblesse des progrès institutionnels notamment au sud semblent conforter l’idée d’une croissance pour la zone euro plus proche de 1% que de 1,6%. Ainsi, ce que l’on a pu observer en 2013 et les différents indicateurs économiques sèment le doute sur la réalité d’une reprise économique significative en zone euro (nettement supérieure à 1,5%) et notamment en France malgré quelques signes positifs dans les pays du sud de l’Europe (Portugal).  La réduction des déficits publics continuera en France selon Natixis Research. Mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal et partout ailleurs à l’exception de l’Allemagne. La situation relative des banques et le niveau des taux d’intérêt bas est une situation plutôt favorable à la France.

Dans les pays du sud en particulier, les dynamiques divergentes menacent la stabilité économique des territoires. Ces pays doivent en effet mettre en place des politiques de baisse des prix pour avoir une inflation inférieure à l’inflation allemande. Mais le problème est qu’avec une inflation nulle par exemple, les taux d’intérêt réel vont dépasser les taux de croissance réels. Ceci risque de déprimer la demande et empêcher justement que cela ait un effet positif sur l’activité. Ce phénomène peut conduire à une hausse de l’endettement public et donc une nouvelle défiance sur les obligations de ces pays entrainant une nouvelle hausse du taux nominal à 10 ans. On peut donc craindre un cercle vicieux.

En France, le problème est maintenant assez bien appréhendé : la compétitivité du pays, la faiblesse de la productivité, l’attraction de la France pour les investissements. Ceci entraîne inéluctablement la faiblesse des exportations, le recul des investissements des entreprises, le recul de l’emploi. Il faut ajouter à cela le recul de la construction résidentielle et le niveau élevé des prix de l’immobilier. La France a de grosses difficultés face aux réformes structurelles pourtant urgentes : une obsession de la consommation qui rend difficile une réforme fiscale qui taxerait davantage les consommateurs. Le ras le bol fiscal limite considérablement les marges de manœuvre du gouvernement très impopulaire. Il faut ajouter à cela d’autres raisons : la majorité des Français pense que le partage des revenus s’est fait au détriment des salariés et en faveur des entreprises, alors que c’est justement l’inverse. De même l’attachement au SMIC empêche de passer à d’autres techniques de soutien des bas salaires. Enfin, la présence de syndicats d’insiders empêche que les négociations salariales prennent en compte la situation économique et les réformes du système éducatif qui en amélioreraient la qualité se heurtent au conservatisme du monde des enseignants et de son administration.

Au Portugal, depuis l’intervention de la Troika, on observe une amélioration sur le front du commerce extérieur, de l’emploi, et des déficits. Mais il faut observer que le Portugal revient de très loin et notamment d’une récession chronique sans précédent ! Depuis le second trimestre 2013, l’économie semble en effet se stabiliser et le gouvernement vient de présenter un projet de loi de finances pour 2014. L’objectif consiste à atteindre 4% de déficit en 2014 et de permettre au pays de clore l’épisode de mise sous tutelle internationale d’ici au mois de juin.  Comme toujours, le budget est très agressif, mais orienté sur la baisse des dépenses plutôt que sur la hausse des impôts comme ce fut le cas en 2013. L’examen des efforts déjà réalisés par le pays sur un trend plus long montre des progrès substantiels mais au prix d’une récession importante. Les marges de manœuvre au Portugal comme un peu partout restent limitées. Le gouvernement table donc fortement sur une baisse des dépenses, 86% de l’effort cette année, et espère un ajustement conséquent et rapide. Mais nous restons prudents sur ce pays ! L’environnement reste incertain au niveau européen ! Des stress tests bancaires arrivent aussi en 2014 et pourrait bien alourdir le déficit s’ils venaient à révéler un besoin en capital supplémentaire.


<< Voir aussi : le chômage dans la zone euro