À qui profite la guerre des changes ?

La Chine et les États-Unis face à l'Europe : vainqueurs et vaincus.

L'une des conséquences de la récession mondiale est l’importante fluctuation des principales devises entre elles, la valeur externe d’une monnaie reflétant de manière privilégiée la santé économique et financière d'un pays.
Ceux qui sont inquiets quant à une éventuelle confrontation des taux de change doivent savoir que la guerre a bel et bien commencé depuis des années et que, les uniques vainqueurs ne sont autres que la Chine et les États-Unis. En dépréciant leurs monnaies par rapport aux autres devises étrangères, ils confirment leur suprématie économique et financière sur la planète.
Les États-Unis endossent depuis des années le rôle des vaincus mais sont en réalité les vainqueurs de cette guerre des changes bien que le ‘billet vert’ se soit déprécié de manière drastique vis-à-vis des autres devises. Rétroactivement, cela pourrait entraîner une nouvelle détente des taux d'intérêt aux États-Unis et affaiblir de nouveau le dollar. Une politique monétaire ultra-laxiste avec une injection de liquidités pourrait prolonger cette tendance. Cependant, la Chine qui de même crie victoire due à l’appréciation de sa monnaie vis-à-vis du ‘billet vert’ profite d’un ‘yuan’ sous-évalué par rapport aux devises étrangères, pour inonder les marchés européens de ses produits, accentuant de ce fait la délocalisation de ses entreprises vers l’Asie et le continent Africain. En d’autres termes, la Chine pratique le ‘dumping’monétaire, c'est-à-dire sous-évalue délibérément sa monnaie pour favoriser ses exportations. L’effondrement de l’Europe et de sa devise unique est l’une des conséquences majeures de cette stratégie géopolitique et financière. La croissance économique européenne n’est plus au rendez-vous et cela se confirme par un ralentissement de leurs économies et un déficit considérable des comptes publics.
L’intérêt individuel a donc primé sur la stabilité collective. Le ‘gap’ fossé entre les vainqueurs et les vaincus s’accentue avec des taux d’intérêts très faibles affichés par les banques centrales et se traduit par un accès restreint au crédit sur le marché interbancaire destiné aux ménages et entreprises.

Malheureusement, une réponse idéale n’existe pas. Une hausse des taux d’intérêt par la banque centrale américaine ferait sombrer l’économie mondiale et engendrera un effondrement immédiat du continent Européen. Une réévaluation du ‘yuan’ pousserait de même, les pays exportateurs hors du marché et susciterait ainsi un taux de chômage dramatiquement élevé sans oublier les répercussions sociales et économiques des pays concernés.
Pour autant, une soutenable réévaluation du ‘yuan’ vis-à-vis du ‘dollar’ combinée à une appréciation du ‘dollar’ pourrait remédier à la situation afin d’éviter une guerre des changes pouvant déboucher sur une guerre commerciale dévastatrice. Tel n’est plus le cas actuellement ! Il est donc regrettable que les leçons de la grande dépression des années trente n’aient pas encore été tirées : à l’époque, le repli protectionniste de chaque pays avait largement contribué à amplifier et propager la crise.
A l’heure actuelle, la faillite et l’explosion probable de l’Euro dans les années à venir sont des hypothèses probables qui mettent en évidence que le concept du nouvel ordre mondial se révèle bien plus qu’une théorie conspiratrice. Cette prise de contrôle indirecte de l’Économie mondiale par l’effondrement de la veille Europe confirme et montre que la chute de l'Euro ferait émerger, de facto, une autre monnaie qui dominerait les échanges mondiaux par ses exportations et ses prêts, le ‘yuan’. Cet alignement idéologique et politique des gouvernements et organismes mondiaux montrent donc que nous nous dirigeons vers une unipolarité des systèmes, incarnée par les États-Unis.