Objets connectés : un virage majeur pour les assurances de demain

Face au potentiel énorme du Big Data et des objets connectés, les assureurs préparent déjà l’avenir en se réinventant. Entre profil très précis, principe de mutualisation des risques et respect de la vie privée, l’équation n’est pas simple et les enjeux sont majeurs.

Lorsque l’on parle d’assurances, le principe de mutualisation des risques est essentiel : la compagnie d’assurance établi votre profil théorique en fonction d’un certain nombre d’informations (le jeune conducteur a plus de chance d’avoir un accident par exemple) et lisse ce profil de risques avec ceux de tous les autres souscripteurs du contrat, pour pouvoir établir un montant de cotisations.

Récompenser les comportements « vertueux » aujourd’hui…

Pour le moment, les assureurs utilisent les données collectées par les objets connectés d’une façon qui se veut positive, en récompensant les assurés dont le comportement aide à réduire les risques. Ainsi, à l’été 2014, Axa a organisé un jeu avec 1 000 de ses assurés : connectés par un bracelet pendant quatre semaines, ceux-ci ont acceptés de partager des données de santé très intimes : temps de sommeil, oxygénation du sang, activité physique quotidienne, etc. En échange, les assurés qui atteignaient les 10 000 pas par jour recommandés par l’OMS pour rester en bonne santé, ce sont vus remettre des chèques cadeaux.

…et sanctionner les comportements à risques demain ?

Dans un futur où l’assurance serait systématiquement liée à un objet connecté, la compagnie d’assurance (dont les salariés dépendent de la convention collective de l'assurance) pourrait observer en permanence les habitudes de vie et de son assuré, et ajuster son « profil risque » (et ses cotisations). Le conducteur dont les excès de vitesse seraient réguliers ou l’assuré dont l’activité physique n’est pas jugée suffisante pourraient être sanctionnés par une hausse de ses cotisations.

Le concept de mutualisation des risques bientôt dépassé ?

A l’inverse des compagnies comme Google, qui recueille des millions de données et les rend anonymes pour les traiter en masse, tout l’intérêt des compagnies d’assurances réside dans une information traitée au cas par cas, en lien avec l’identité de l’assuré. Dans un contexte où le « profil risque » n’aurait plus rien de théorique mais serait au contraire basé sur les habitudes effectives, le concept de mutualisation des risques pourrait être balayé. Maud Schnunt  (Responsable assurances des personnes et affaires européennes du GEMA), reconnaissait récemment  dans un entretien que « si l’on veut préserver les fondamentaux de l’assurance, et donc le principe de mutualisation, il faudra trouver un juste milieu sans excès d’individualisation ».