Apple et les banques sur le marché du m-paiement : attention au départ !

Le 8 juin, Apple annonçait l’arrivée de son nouveau service de paiement, l’Apple Pay, sur le marché britannique. La firme a conclu un partenariat avec 8 des banques les plus populaires du Royaume Uni. Mais sont-elles prêtes et capables de gérer un tel service ?

Rien ne sert de courir…

Le doute s’insinue, puisque Apple semble mener le jeu au gré de ses innovations. Les partenariats se multiplient avec les banques, presque contraintes, au seul service de la popularisation de l’application Apple Pay, qui atterrit sur les iPhones et iWatch des nombreux utilisateurs. L’attrait pour les banques ? La naissance d’un nouveau marché. Une mode à suivre, en somme. Et surtout des promesses de la part du géant.

Les banquiers américains sont tombés dans le panneau les premiers. Naïfs, ou peut-être pris par défaut, ils ne se sont munis d’aucune précaution pour vérifier si l'identité de l’utilisateur était en adéquation avec les coordonnées bancaires de la carte enregistrée. Mauvaise surprise lorsqu’une affaire de fraude massive éclate aux Etats Unis en mars 2015 !

Que dire de plus, sinon que si les banques veulent passer à l’ère du m-paiement, elles doivent IMPERATIVEMENT se développer et adapter leur fonctionnement pour mieux gérer ces nouveaux services, et permettre une transition encadrée et sécurisée.

La faille bancaire n’a évidemment pas été évoquée le 8 juin lors de la conférence de presse d'Apple qui reste maitre du jeu du chacun pour soi. Espérons que le problème soit réglé pour le lancement européen…

L’exportation de ce nouveau service en Europe, à l’heure du digital et des innovations est un réel enjeu, mais la question primordiale demeure celle de la sécurité  des données bancaires. Cette exportation ne sera vue d’un bon œil que si les banques européennes parviennent à se saisir du marché et à proposer des assurances et des garanties valides.

… il faut partir à point !

La deuxième interrogation qui émerge de l’exportation de Apple Pay en Europe est celle de la légitimité d’Apple à la détention de données bancaires. Bien sûr, Apple disposait déjà de données bancaires acquises au travers de ses applications iTunes et AppStore, mais la popularisation de son service de m-paiement lui donne accès à une quantité bien plus phénoménale encore de données.

Mr Dupont, propriétaire à la fois d'un iPhone, d'une carte bancaire et de l’appli Apple Pay, enregistre ses données bancaires. Elles sont envoyées, une fois chiffrées, aux serveurs d’Apple, qui les transmet après analyse à la banque concernée. Et c'est ainsi qu’Apple parvient à récolter des milliers de données bancaires, gentiment concédées par les banques grâce à ces heureux partenariats.        

Quelle est alors la légitimité d’Apple à analyser et conserver ces données, et quelle éventuelle mais nécessaire garantie? Est-ce plus légitime de voir Apple ou les banques garantir ces données ? Va-t-on vers une désintermédiation des banquiers au bénéfice d’Apple ?

 Il est urgent pour les banques de profiter des négociations en cours pour délimiter leur terrain, et ne pas laisser Apple leur couper l’herbe sous le pied. Le m-paiement offre des opportunités de développer des programmes de garanties, voire de fidélisation liés à ce nouveau support ; il faut s’en saisir. Le marché apparaît sur un plateau d’argent, l’enjeu est de le cueillir le premier.