Le marché du véhicule connecté ouvre la porte du succès à de nombreuses entreprises

Les constructeurs automobiles doivent enterrer la hache de guerre en ce qui concerne la souveraineté des données s’ils veulent être gagnants sur le marché de la mobilité numérique.

Pour les fournisseurs de services, les perspectives de business autour du véhicule connecté sont prometteuses. Les analystes prévoient une croissance du marché de 30% par an d'ici 2020, et le cabinet SNS Research estime que les services de mobilité vont générer un chiffre d'affaires annuel de 40 milliards de dollars d'ici 2020.

Il n’est pas garanti que les constructeurs automobiles traditionnels emportent la part du lion bien qu’ils aient gravi le chemin de la transformation numérique depuis longtemps. Ils doivent à la fois construire leurs propres plates-formes numériques et mener les coopérations nécessaires pour pouvoir entrer dans le monde des services numériques et tirer parti de leurs propres données.

La stratégie est aisée à comprendre : enrichies par des données provenant de sources externes - services Internet, autres véhicules, maisons intelligentes, services météorologiques ou médias sociaux - les données d'une voiture connectée, aujourd’hui propriété exclusive du constructeur automobile, peuvent devenir une source de nouveaux revenus et de nouveaux business.


Les héritages technologiques freinent l’entrée dans l’économie des services

Les systèmes d’information restent encore des obstacles. Les voitures d'aujourd'hui s’appuient sur plusieurs systèmes distincts, isolés, et de différentes générations. Ces systèmes n’ont souvent pas assez de mémoire pour traiter la masse de données générée en continu par les capteurs et les 50 à 150 systèmes de contrôle numérique de la voiture. Enfin, les capacités d'analyse sont souvent insuffisantes pour pouvoir lancer des actions automatiques fondées sur des règles et basées sur ces analyses.

Il y a un obstacle majeur qui touche les processus de contrôle global de la voiture. Par exemple, sur une décapotable, le système multimédia reçoit d’un capteur de pluie situé en aval de son trajet l’information selon laquelle il y aura une averse d’ici deux minutes. En l’état actuel des choses, cette information ne peut pas être traduite en une commande de fermeture automatique du toit de la décapotable. Dans le monde de la mobilité connectée, ce type de mécanisme pourrait être la base de nombreux services.

Par ailleurs, les constructeurs automobiles persévèrent dans le développement de plates-formes propriétaires, afin de ne pas perdre la souveraineté sur leurs données. Ceci se fait au détriment de la richesse et de l'innovation si l'on compare aux millions de développeurs qui enrichissent Google Play ou l’App Store.


Les constructeurs automobiles se transforment en courtiers de services

Il est essentiel pour les constructeurs automobiles de mener une stratégie d'ouverture contrôlée dans laquelle ils seront à la fois les courtiers, garants de la qualité des services sur leurs véhicules, et des fournisseurs de données et de services mobiles. Cela aura un effet induit positif. Par exemple, ne plus développer eux-mêmes la totalité des services leur permettra de libérer des ressources pour créer des services différenciateurs, et renforcer ainsi leur position concurrentielle.

La miniaturisation fait de l'ordinateur central du véhicule un miroir complet de tous les composants et fonctions du véhicule. Il communique avec les systèmes environnants et transforme les informations externes en impulsions pour contrôler le véhicule. Ainsi, le véhicule devient un acteur intelligent dans son environnement et peut fournir au conducteur un confort parfait.

Pour y arriver, il faut faire appel aux plateformes IoT fédératrices, utilisées avec succès par exemple dans les télécommunications. Ces plateformes sont des hubs dans des chaînes de valeur inter-entreprises. Les constructeurs automobiles pourront intégrer dans leur propre plateforme des services fournis par des tiers, ce qui ouvrira une place de marché globale pour de nombreux acteurs et augmentera son attrait et sa portée.


Une nouvelle culture et une nouvelle logique économique

De nouvelles sources de revenus vont aussi voir le jour dès lors que les constructeurs automobiles ouvriront l’accès à leurs données et services. Équipementiers, garagistes, partage de voiture, compagnies d'assurance, clubs automobiles, centres touristiques, fournisseurs de services pour la maison intelligente, restaurants ou commerçants seront prêts à payer pour intégrer ces données dans leurs propres offres de service.

Cependant, les constructeurs automobiles devront accepter une nouvelle culture et une nouvelle logique économique, se transformer en grossistes de produits numériques. Mais s’ils ne sont pas aujourd'hui familiers de la vente de services numériques par des canaux tiers, cette démarche sera financièrement avantageuse pour eux, et pour tous les automobilistes. Le nouveau marché de la mobilité laisse de la place pour de nombreuses entreprises qui veulent conquérir ces nouveaux marchés.